Organisations
Un demi-milliard de jours d’absence
Si beaucoup de gens considèrent que l’absence est un fléau pour la collectivité et pour les entreprises, il pourrait être utile d’essayer d’en mesurer l’ampleur globale.
En 2014, la Caisse nationale d’assurance-maladie des travailleurs salariés a versé 210 millions d’indemnités journalières au titre de la seule maladie aux 18,6 millions de salariés du régime général. À cela s’ajoutent 56,5 millions d’indemnités journalières versées au titre des accidents du travail et maladie professionnelles, ce qui porte donc déjà à 265,5 millions le nombre de journées d’absences.
Toutefois,
- le régime général ne couvre qu’un peu moins de 80 % des salariés. La France compte 14 régimes obligatoires d’assurance maladie, dont la CNAMTS n’est que le principal. Le RSI, la MSA, ainsi que 11 régimes spéciaux complètent le puzzle ;
- la CNAMTS n’indemnise l’absence qu’au-delà d’un délai de carence de 3 jours. Or selon elle, seulement un tiers environ des salariés prend un arrêt de travail dans l’année (ce qui paraît très optimiste : c’est le chiffre le plus faible que j’ai jamais observé dans une entreprise). Ces salariés connaissent en moyenne 1,5 épisode d’absence, ce qui devrait mener à 18,6/3 x (1,5 x 3) = 28 millions de journées de carence. Il faut également tenir compte des arrêts courts, d’une durée inférieure ou égale au délai de carence, ne faisant l’objet d’aucune comptabilité. En adoptant une hypothèse raisonnable (un tiers salariés connaît un arrêt court de 3 jours), cela porterait à 46,5 millions le nombre de jours de carence ;
- il est plus difficile d’obtenir le nombre d’indemnités journalières relatives à la maternité/paternité. En 2005, on en comptabilisait 56 millions pour 806 000 naissances. Avec 820 000 naissances en 2014 (et la probable augmentation du nombre d’indemnités journalières par naissance), 60 millions paraît là aussi un chiffre très raisonnable.
Combien d’équivalents temps plein (ETP) cela représente-il ?
En retenant une hypothèse basse où systématiquement des indemnités journalières sont versées pour des jours non ouvrés d’absence (ce qui revient à compter les absences en jours calendaires), un salarié représente environ 300 jours « calendaires ». L’absence représente alors en France 1,59 millions d’ETP, soit un peu plus que les effectifs en France de l’ensemble des entreprises du CAC40.
En retenant une hypothèse haute où les indemnités journalières ne seraient versées que pour des jours ouvrés d’absence, un salarié représente environ 215 jours « ouvrés ». L’absence représente alors 2,21 millions d’ETP.
L’hypothèse moyenne, qui paraît une approximation raisonnable, mène à 1,9 million d’ETP.
Par Sébastien Richard, spécialiste analytique RH et membre du conseil scientifique Havasu.
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