Renforcer la mixité sociale à l'École : pourquoi et comment ?
Lors de son discours de passation des pouvoirs, François Bayrou a déclaré « l’idée que parce qu’on est né dans un quartier ou dans un village […], parce qu’on porte un nom, parce qu’on pratique une religion […], l’idée qu’en réalité les portes ne sont pas ouvertes pour vous […], pour moi, ceci est insupportable. » Cela résonne comme un aveu d’échec de la promesse de l’École de la République, le Premier Ministre signalant même une aggravation de la situation ces dernières décennies.
Dans une société fracturée qui doit relever de nombreux défis, la mixité sociale à l'École est un enjeu majeur. C’est un facteur de démocratie, de réussite et d'un meilleur vivre ensemble.
Pourtant, alors que les écoles et les établissements scolaires sont dépendants de l'environnement social dans lequel ils s'inscrivent, aucun objectif précis n'est défini en matière de réduction de la ségrégation scolaire. Le CESE dans un récent avis « Réussite à l’École, réussite de l’École » (*) dont la rapporteure est Bernadette Groison, a f, au-delà du diagnostic formulé un certain nombre de préconisations pour améliorer cette situation.
Dans ce contexte, la Commission éducation, culture et communication présidée par Jean-Karl Deschamps (Groupe Associations) du CESE a souhaité organiser un débat consacré à la mixité sociale à l'École et aux leviers pour la renforcer.
En France, 90 000 élèves qui sont dans un collège très défavorisé sont situés à 15 minutes à pied d'un collège très favorisé. Dans 9 cas sur 10 ce collège favorisé il est privé et le collège défavorisé est public. Il y a une réflexion à avoir : à quel point associe-t-on l'enseignement privé aux missions de service public, notamment sur les contreparties que l'on peut demander à cet enseignement privé.
Cet événement organisé le 29 janvier, s'inscrit dans le cycle des "Rencontres du CESE", une série d'événements ouverts au public pour mettre en perspective les grands sujets de société et contribuer aux questions qui agitent le débat public. Il a été l’occasion de déterminer par le dialogue des moyens disponibles et des obstacles pouvant se dresser, en même temps que de dessiner des objectifs concrets pour que l’origine sociale ne soit plus un facteur de la réussite scolaire. (**)
Une table ronde pour faire un état des lieux et débattre des leviers pour renforcer la mixité sociale à l'École
Ont apporté leur contribution , entre autres, deux anciens ministres de l’éducation, Najat Vallaud-Belkacem et Jean-Michel Blanquer, et Youssef Souidi, docteur en économie et auteur de "Vers la sécession scolaire ?" qui souligne que : ❝ En France, 90 000 élèves qui sont dans un collège très défavorisé sont situés à 15 minutes à pied d'un collège très favorisé. Dans 9 cas sur 10 ce collège favorisé il est privé et le collège défavorisé est public. Il y a une réflexion à avoir : à quel point associe-t-on l'enseignement privé aux missions de service public, notamment sur les contreparties que l'on peut demander à cet enseignement privé."
- Pour Jean-Michel Blanquer: ❝ Lorsque nous avons rendu obligatoire l'instruction à 3 ans, la première fois que cela changeait depuis Jules Ferry, il y avait 97% des élèves scolarisés à l'école maternelle. Les 3% ne sont pas négligeables du tout : c'est 20 000 enfants par an. On sait très bien que si un enfant de classe défavorisée n'est pas allé à l'école avant 6 ans ce sera extrêmement difficile, voire impossible, de rattraper les choses. Cela envoie deux messages concrets : tous les enfants vont à l'école net l'école maternelle compte au moins autant que le reste de la scolarité, si ce n'est davantage, car ce sont les âges déterminants de la vie.
Pour Najat Vallaud-Belkacem : ❝ L'état de séparatisme social et scolaire que l'on constate aujourd'hui, n'est pas que le fait du privé, il ne faut pas complètement dédouaner le public de ce qui est à l'œuvre, mais il est pour beaucoup du fait du privé. Le privé s'est à dessein de plus en plus embourgeoisé, sauf quelques exceptions, ce qui est le résultat d'une recherche d'entre-soi assumée. Le privé déshabille le public de sa capacité à faire mixité. Il fait une concurrence déloyal puisque contrairement au public il ne prend pas à sa charge un certain nombre de contraintes.
(*) le rapport du CESE: cf: https://www.miroirsocial.com/participatif/reussite-lecole-reussite-de-lecole-le-cese-propose-des-pistes-pour-redefinir-les
Pour en savoir plus:
https://www.lecese.fr/travaux-publies/reussite-lecole-reussite-de-lecole
(**) Le compte-rendu de cette journée: https://www.lecese.fr/actualites/pourquoi-et-comment-parvenir-la-mixite-sociale-ecole