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24 / 09 / 2021 | 333 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Près de 20 % des arrêts de travail hors covid-19 liés à des troubles psychologiques

Depuis mars 2020, Malakoff Humanis mesure les effets de la crise sur la santé des salariés, les arrêts maladie et l'organisation du travail à travers des études mensuelles qui complètent les baromètres annuels réalisés par le groupe depuis de nombreuses années.

 

Les données récemment présentées montrent que le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021. Hors covid-19, 19 % des arrêts maladie sont dus à des troubles psychologiques et 30 % des arrêts pour troubles psychologiques d’origine professionnelle sont des arrêts longs (supérieurs à un mois).

 

La crise sanitaire, les confinements successifs et le télétravail contraint sont des facteurs ayant mis la santé mentale de plus de 40% des salariés à l'épreuve. De plus, 35 % des gens interrogés déclarent avoir souffert d’isolement et un tiers a rencontré des difficultés familiales ou financières. Enfin, 29 % des salariés ont ressenti davantage de stress du fait de la crise et 14 % déclarent avoir développé des habitudes addictives.

 

Principaux enseignements de cette dernière étude

 

  • Augmentation du nombre de salariés en arrêt de travail

 

Le nombre de salariés en arrêt de travail a augmenté de 30 % entre janvier et mai 2021, passant de 10 % des salariés en janvier à 13 % en mai. Il semble que le covid-19 est la première cause d’arrêt tout au long de la période (46 % des arrêts : 12 % pour les cas diagnostiqués comme ayant le covid-19 et 34 % pour les arrêts dérogatoires). Le pic a été atteint en avril 2021, avec 52 % des arrêts liés au covid-19.

 

En excluant les arrêts liés au covid-19, les principaux motifs d’arrêt maladie sont les accidents ou les traumatismes (21 %) et les troubles psychologiques (dépression, anxiété, stress, épuisement professionnel etc.) qui représentent 19 % des arrêts. Viennent ensuite les maladies graves et les troubles musculosquelettiques (12 % chacun). 

 

En moyenne, 28 % des arrêts sur la période sont liés à des causes personnelles (maladie ordinaire, chirurgie, maladie grave ou chronique, troubles psychologiques etc.). Mais cette part a baissé, passant de 34 % en janvier à 24 % en mai, baisse portée par la diminution des interventions chirurgicales, cause de 2 % des arrêts en mai (contre 10 % en janvier).

 

Troubles psychologiques, accidents du travail, troubles musculosquelettiques etc. : les causes professionnelles d’arrêt maladie (26 % des arrêts en moyenne) ont légèrement augmenté passant de 24 % en janvier à 29 % en mai.

 

Par ailleurs, le renoncement aux arrêts maladie diminue. Ainsi, 8 % des salariés ont continué de travailler bien que leur médecin leur ait prescrit un arrêt de travail. Ils étaient 19 % en septembre 2020.

 

  • Des salariés plus souvent arrêtés

 

Le nombre mensuel d’arrêts de travail a augmenté de janvier à mai, passant de 1,7 à 2,2 arrêts par salarié en moyenne, engendrant des perturbations pour les entreprises. Par ailleurs, en mai, 40 % des salariés concernés ont été arrêtés à deux reprises ou plus (contre 34 % en janvier).

 

Hors arrêts pour cause de covid-19, 40 % des arrêts sur la période sont des arrêts courts (3 jours ou moins) et 16 % sont des arrêts longs (supérieurs à un mois). À titre de comparaison, les arrêts longs représentaient 12 % des arrêts maladie en 2020 et 9 % en 2019. Enfin, 30 % des arrêts pour troubles psychologiques d’origine professionnelle sont des arrêts longs.

 

C’est dans le secteur de l’industrie et dans les entreprises de taille intermédiaire (50 à 249 salariés) que les salariés ont été les plus nombreux à s’arrêter. Les arrêts pour causes professionnelles ont été plus nombreux au sein des plus grandes entreprises (37 % dans les entreprises de 250 à 999 salariés et 34 % dans les entreprises de plus de 1 000 salariés) et dans certains secteurs de l’industrie (automobile, agro-alimentaire et pharmacie). Les arrêts pour motifs psychologiques ont été plus nombreux dans les plus grandes entreprises, dans l’industrie pharmaceutique et dans les services aux entreprises.

 

La proportion d’arrêts de travail chez les managers est plus importante que chez les non-managers (17 % contre 1 1 % pour les non-managers). Ces arrêts sont davantage liés à des motifs professionnels : 32 % contre 26 % pour l’ensemble des salariés.

 

  • Une dégradation de la santé mentale due à la crise sanitaire

 

La crise sanitaire, les confinements successifs et le télétravail contraint ont bouleversé l’organisation du travail et mis la santé mentale des salariés à l'épreuve. Les données présentées ici ne mettent pas une explosion des risques psychosociaux en avant mais plutôt une fragilisation générale de l’état psychologique des salariés.

 

Si 65 % des salariés estiment être en bonne santé, près d’un salarié sur dix évalue sa santé mentale négativement aujourd’hui. De plus, 41 % des gens interrogés estiment que la crise sanitaire a eu un effet plutôt négatif sur leur santé mentale. Ce sentiment est plus marqué chez les salariés ayant vécu un isolement social (35 % des salariés déclarent se sentir isolés), une situation financière compliquée (32 %), un deuil (26 %) ou une situation difficile sur le plan familial ou du logement. À titre d’exemple, 19 % des salariés qui connaissent ou ont connu un isolement social sur les douze derniers mois qualifient leur état de santé mentale comme mauvais (contre 9 % pour l’ensemble des salariés). Les femmes sont également plus concernées par les effets négatifs de la crise sur la santé mentale (47 % contre 41 % pour l’ensemble des salariés), de même que les cadres (46 %) et les parents isolés (48 %).

 

La crise a par ailleurs amplifié des états ou situations pouvant avoir des effets négatifs sur la santé mentale des salariés :  29 % des salariés ont ressenti davantage de stress et 14 % déclarent avoir développé des habitudes addictives (tabac, alcool etc.).

 

Du point de vue professionnel, si 82 % des salariés se déclarent satisfaits de leur travail, l’analyse plus détaillée de leurs perceptions révèle là aussi des facteurs de risques psychologiques : 35 % des salariés déclarent être stressés, 24 % disent être à bout de force et 30 % éprouvent un sentiment d’insécurité professionnelle. Les salariés se plaignent également de leur rythme et de leur charge de travail : 56 % déclarent avoir un rythme soutenu et 37 % devoir travailler dans l’urgence.

 

Parmi les dimensions professionnelles pouvant avoir des répercussions sur la santé mentale des salariés, on note également :

  • le manque de reconnaissance (19 % des salariés qui déplorent un manque de reconnaissance de la part de leur manager jugent leur santé mentale mauvaise, contre 9 % pour l’ensemble des salariés) ;
  • le manque de clarté de leur rôle et de leurs missions (19 % des salariés qui déclarent ne pas savoir ce que l’on attend d’eux exactement jugent leur santé mentale mauvaise) ;
  • la charge de travail (18 % des salariés qui indiquent ne pas disposer de suffisamment de temps pour accomplir leurs tâches jugent leur santé mentale mauvaise).

 

Selon les salariés, les entreprises ne semblent pas suffisamment préoccupées par cette situation. Ainsi, 43 % d’entre eux estiment que leur entreprise ne prend pas la souffrance psychologique vécue par leurs salariés suffisamment en compte. Cette tendance est plus marquée dans les petites entreprises : 45 % dans les entreprises de moins de 250 salariés contre 34 % pour les entreprises de plus de 1 000 salariés.

 

Pour en savoir plus sur les effets de la crise sanitaire sur l'absentéisme en entreprise et les risques psycho-sociaux, retrouvez notre dossier spécial sur le Comptoir de la nouvelle entreprise de Malakoff Humanis.

 

1. « Observatoire mensuel des situations de travail » : étude de perception Harris Interactive pour Malakoff Humanis, réalisée mensuellement entre février et juin 2021 auprès de 2 000 salariés du secteur privé, soit 10 000 salariés interrogés sur la période (recueil en ligne).

2. Arrêt de travail dérogatoire pour isolement, dispositif covid-19 de chômage partiel pour garde d’enfants et arrêt de travail dérogatoire pour personne vulnérable.

3. Baromètre annuel de l'absentéisme pour maladie : étude de perception IFOP pour Malakoff Humanis, réalisée auprès d’un échantillon de 2 008 salariés et 405 dirigeants ou DRH d’entreprises du secteur privé, du 24 août au 24 septembre 2020.

4. « Santé mentale et risques psychosociaux des salariés », juin 2021 : étude Harris Interactive pour Malakoff Humanis réalisée auprès de 1 500 salariés du secteur privé (recueil en ligne du 28 avril au 10 mai 2021).

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