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22 / 03 / 2023 | 55 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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L'inflation surprend encore à la hausse

Ombretta Signori, Responsable de la Recherche Macroéconomique et Stratégie de  OFI Invest Asset Management  livre son point de vue, dans un contexte qui nourrit sombre d'interrogations ,voire d'inquiétudes...

 

La persistance des pressions inflationnistes inquiète à juste titre les Banques Centrales dont le combat contre l’inflation n’est pas encore gagné.

 

Sur un rythme annuel, les composantes moins volatiles de l’inflation sont trop élevées  : respectivement à 5,6% en février en zone Euro et à 5,6% en janvier aux États-Unis. Les banquiers centraux ont déjà expliqué que l’inflation des services est la composante clé à surveiller car c’est la plus étroitement liée à l’évolution des salaires et donc aux conditions du marché du travail qui alimentent à leur tour la demande et les pressions sur les prix.

 

Un marché du travail tendu de part et d’autre de l’Atlantique soutient la consommation, mais ce n’est pas le seul facteur.


Si les ménages américains se sont appuyés sur l’excès d’épargne constitué pendant la crise de la Covid, en Europe, les données à disposition montrent que la surépargne liée à la Covid n’a pas encore été consommée et que ce sont donc les différentes mesures gouvernementales qui ont permis d’atténuer le choc énergétique.


À côté de ces risques haussiers endogènes pour l’inflation, il y en a d’autres, exogènes, liés notamment à l’impact de la réouverture de l’économie chinoise sur les prix des matières premières.

 

Des banques centrales sous pression

 

Pour l’heure, grâce à la croissance de l’emploi et de la consommation, les marchés anticipent que l’atterrissage se fera en douceur pour l’économie américaine. Mais des signes de fléchissement sont bien présents au-delà du secteur immobilier comme la contraction depuis 4 mois du secteur manufacturier indiquée par les enquêtes conjoncturelles et des conditions de financement bien dégradées pour les entreprises qui reflètent un rationnement du crédit. Ces signes devraient normalement conduire à une intensification du ralentissement sur les trimestres à venir. Mais plus ce ralentissement tarde à se matérialiser plus la Réserve fédérale américaine (Fed) risque de devoir en faire plus pour calmer l’inflation.

 

Le bilan des risques penche donc en faveur de taux directeurs plus élevés par rapport à notre cible actuelle de 5,25% comme pic pour ce cycle, que nous pourrions réviser à la hausse le mois prochain. À la réunion du comité de politique monétaire (FOMC) du 22 mars, les nouvelles projections de la Fed seront présentées et les estimations concernant l’évolution des taux d’intérêt des membres du FOMC pourraient déjà signaler une révision à la hausse par rapport aux prévisions de décembre, dont l’ampleur dépendra certainement des statistiques d’emploi et d’inflation de février publiées en mars.

 

Les marchés anticipent une inflation durablement supérieure à 2%

 

En zone Euro, la situation reste décalée par rapport aux États-Unis  : non seulement l’inflation sous-jacente en absolu devrait dépasser celle des États-Unis mais elle est encore dans une dynamique croissante - au moins jusqu’au printemps dans notre scenario central.

 

Les marchés anticipent actuellement une inflation durablement supérieure à 2% sur tous les horizons, ce qui mine la crédibilité de la BCE et offre un boulevard pour accompagner d’une tonalité restrictive sa prochaine hausse de taux de 50 points de base annoncée pour le comité de politique monétaire du 16 mars.

 

Du côté des bonnes nouvelles, les prix à la production de janvier sont plutôt rassurants et signalent que le point de retournement pour l’inflation des biens industriels et alimentaires pourrait arriver d’ici quelques mois. Mais, sur le front de l’inflation des services - liée aux salaires comme indiqué précédemment - il n’y a pas suffisamment de preuves que la tendance haussière est sur le point de s’inverser.

 

À l’heure actuelle, la résilience du cycle meilleure que prévue - les enquêtes suggérant actuellement encore une croissance positive de l’activité au premier trimestre 2023 - pose des risques à la hausse à la fois sur l’inflation et sur notre trajectoire attendue pour les taux de la BCE : 3,5% sur le taux de dépôt est désormais un plancher et non plus un plafond pour les taux directeurs en 2023.

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