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23 / 06 / 2025 | 27 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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L’Etat ne peut se défausser, il doit reclasser ou indemniser les salariés de Centre Inffo !

Centre Inffo (1), opérateur de l’Etat dont la mission publique est d’informer sur les dispositifs de formation professionnelle, va disparaître au plus tard début 2026.

 

Cette disparition a été décidée par les ministres du travail Catherine Vautrin et Astrid Panosyan-Bouvet, qui ont annoncé le 11 juin la non-reconduction de la subvention de Centre Inffo en 2026.

 

Quelques heures plus tard, le président de Centre Inffo depuis 2008, Louis-Charles Viossat, inspecteur général des affaires sociales, haut- fonctionnaire, a démissionné.


Cette démission brutale, qui a tout d’un abandon en rase campagne, plonge les 75 salariés dans une situation encore plus critique, du fait de l’absence de mandataire social à la tête de l’entreprise. Au vu de la situation financière catastrophique depuis plusieurs mois, dont le président est comptable et responsable (il a nommé 4 directeurs généraux qui se sont succédé à la tête de Centre Inffo depuis 2011), la pérennité de Centre Inffo est menacée à court terme.

 

La commissaire aux comptes de l'association vient de déclencher une alerte auprès du président de Centre Inffo. L’absence de président, seul habilité à déclencher une procédure de sauvegarde, pourrait même accélérer la liquidation !


Les membres  du comité de direction, qui encadrent  les salariés de Centre Inffo, tirent la sonnette d'alarme et  demandent  à l’Etat de prendre ses responsabilités, de financer le plan de sauvegarde de l’emploi et de proposer des solutions de reclassement viables aux 75 salariés.

 

Dans un communiqué,  ils soulignent qu'ils ont  alerté dès le 18 novembre dernier le président de Centre Inffo sur la situation très préoccupante de la structure. Aucune réponse n’avait été apportée.

 

La trajectoire dégradée de Centre Inffo était connue depuis plusieurs années. L’inaction et l’absence de décisions appropriées, dans un contexte politique où les opérateurs de l’Etat sont désignés comme des variables d’ajustement budgétaires, conduisent à la suppression programmée de Centre Inffo.
 


L’Inspection générale des affaires sociales doit remettre dans les semaines qui viennent un rapport visant à déterminer quelles missions de service public exercées par Centre Inffo seront transférées, ou supprimées.

 


Toutes les missions de Centre Inffo sont de service public

 

Il importe de rappeler que l’Etat a été décisionnaire sur l’ensemble des orientations de l' association depuis sa création, en 1976.


Les membres du Codir demandent donc au gouvernement, au ministère du travail, de la santé, des solidarités et des familles ainsi qu’au ministère chargé du travail et de l’emploi, de proposer aux salariés porteurs de ces missions de pouvoir continuer à les exercer dans une nouvelle structure. A minima, chaque salarié doit être reclassé ou indemnisé à la hauteur des droits acquis à ce jour.

 

Un Conseil d'administration doit se réunir Mercredi pour désigner un nouveau Président, entre autres...pas sûr que , dans tel contexte,  les volontaires se bousculent pour exécuter les basses oeuvres qui se profilent..!! 

 

On notera, pour mémoire que Pascale Romenteau, nommée  directrice générale en octobre 2022, ne manquait pas à l'époque de souligner  l'importance du rôle et des missions de Centre Inffo.

 

Elle indiquait encore en février 2024 dans un article pour Réalités industrielles, une des revues des annales des Mines (2) , que:
 

" Inconnu du grand public, Centre Inffo déploie son expertise au bénéfice de l’écosystème de la formation professionnelle : institutionnels mais aussi petits organismes de formation qui le composent. Il décrypte tout ce que le secteur produit comme normes, référentiels... Il informe, explique et outille ceux qui les appliqueront. Un exemple de sa valeur ajoutée s’illustre dans son action sur la qualité. Acteur de référence du label Qualiopi, il a permis à un grand nombre d’organismes de s’en emparer, au bénéfice de tous.
Petit opérateur associatif de l’État, il participe à la bonne mise en œuvre de la politique publique de formation professionnelle, celle-ci se caractérisant par sa technicité et « volatilité » (tous les 15 à 18 mois). Proche de l’État, sans en être le bras armé, au contact des acteurs de terrain, Centre Inffo est l’animateur majeur du débat public sur les questions de formation professionnelle, l’UHFP (Université d'hiver de la Formation Professionnelle)  en étant le point d’orgue.

 

Comprenne qui pourra au moment où l'établissement et ses salariés ont le sentiment d'être abandonnés en rase campagne! A suivre...

 

 

(1) Centre Inffo (Centre pour le développement de l'information sur la formation permanente) est une association loi 1901 à but non lucratif créée par un décret du 1er mars 1976, et placée sous la tutelle du ministère du Travail. Interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et des acteurs de la formation, elle est dotée d'une mission publique d'information. A ce titre, l'association conçoit et diffuse au niveau national des produits et des services d'information, d'expertise et de formation sur le droit, les pratiques et l'environnement de la formation.

 

(2) https://www.annales.org/ri/2024/ri_fevrier_2024/ri-2024_02_19.pdf

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