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03 / 01 / 2023 | 191 vues
Didier Cozin / Membre
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Le CPF et son ticket modérateur

Le CPF est un dispositif de 2014 mal né et mal doté 
 

Après nous avoir assuré en 2018 que la réforme de la formation permettrait à chacun de disposer de la "liberté de choisir son avenir professionnel" le Ministère du travail s’apprête à restreindre fortement la « consommation » des droits à la formation des actifs (non-fonctionnaires car ceux-ci n’ont jamais disposé d’un réel droit personnel à la formation)
 

Le CPF, trois petits tours et puis s’en vont ?
 

En 2014, avec la fin du DIF, les Pouvoirs Publics et les partenaires sociaux avaient prétendu reporter sur la collectivité les risques d'une formation pour tous :
 

  • Risque financier, 10 milliards par an, 77 milliards d’euros fin 2010 selon la Cour des Comptes,
  • Risque Comptable : il courait le bruit d’un possible provisionnement du DIF,
  • Risque organisationnel, comment former tous les actifs alors que les 35 h ont été massivement dévolues aux loisirs ?
  • Risques sociaux : face à la numérisation du monde, à la globalisation et aux conséquences du Covid : Comment reconvertir des millions de travailleurs sans budget ni prestataires solides ?
     

Le CPF « monétisé » une vraie pyramide de Ponzi concue, imaginée et organisée par l’Etat (via la CDC)

Le Pouvoir politique avec la quatrième réforme de la formation de 2018 a cru bon créer une véritable monnaie de singe en formation : 24 heures de CPF pour tous transformés depuis janvier 2019 en 500 € de CPF pour tous (pour environ 20 millions d'actifs)
 

Prétendant aimer (la formation) l’Etat semblait ne pas savoir (ou vouloir) compter
 

Pour faire passer ce futur reste à charge du CPF les Pouvoirs Publics nous expliquent désormais que le CPF aurait coûté près de 6,7 milliards depuis 2020. Quel est le dispositif ou les dépenses qu'on comptabilise ainsi sur plusieurs années ainsi ? Aucun : ni les retraites (combien ont-elles coûté depuis la retraite à 60 ans en 1982) ni l'éducation nationale depuis Jules Ferry ou l'invention du bac par Napoléon.


Cela dit avec le CPF la gabegie est évidente (c'est de la formation individuelle) et la formation est passée d'un coût moyen de 30 € de l'heure (Calcul de la Cour des Comptes en 2008) à 50 à 150 € de l'heure désormais (pour parfois de simples modules en ligne).

 

En 2023 de très nombreux salariés vont dépasser le plafond de 5000 € de CPF


L'Etat n'a évidemment jamais songé à provisionner les 40 à 50 milliards d'euros qui sont censés avoir été capitalisés depuis les années 2004. Le vrai "reste à charge" pour une formation CPF de 500 euros ce devrait être 450 euros mais personne ne l'avouera.


Le paradoxe du CPF payant pour les travailleurs les moins qualifiés
 

Dans sa grande bonté le législateur a décidé (Amendement du 11 décembre 2022) d’exonérer les chômeurs du reste à charge sur le CPF.


Cela implique donc qu’un travailleur handicapé paiera tout son CPF, qu’un travailleur étranger voulant prendre des cours de Français (FLE) devra payer de sa poche 100 ou 200 € pour se former alors qu’un cadre au chômage pourra gratuitement prendre des cours d’anglais (peut être pour organiser un prochain voyage d’agrément aux USA).
 

Le CPF est le "canada dry" de la formation
 

Même si son financement est (évidemment et nécessairement) défaillant cette idée d'un compteur formation qui engrangerait des droits à la formation (comme on engrange des points sur une carte fidélité) et qui permettait à chacun de (croire qu'il pouvait) consommer sa formation personnelle était parfaitement illusoire et trompeur.


La formation n'est pas l'école, ce n'est pas en accumulant les preuves de formation (certifications) qu'on est plus compétent, employable ou simplement professionnel mais en montant en compétence avec son organisation de travail.


N'évoquons pas même ces aberrations du CPF pour les chômeurs (qui seraient formés avec ou sans CPF) ou du CPF permis de conduire (qui n'est pas de la formation professionnelle mais un accessoire pour travailler).


Si les Pouvoirs Publics persistent avec cette aberration sociale d'un livret d’épargne formations, quelle que soit sa trajectoire financière, le CPF contribuera à l’illusion de compétences (et du diplôme pour tous) qui prédomine en France et le CPF ne fera que plomber un peu plus la compétitivité de notre pays.

 

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