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13 / 03 / 2024 | 37 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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La dynamique de désinflation ne rassure pas suffisamment

Ombretta SIGNORI, Directrice de la Recherche, Macroéconomique et Stratégie chez OFI INVEST ASSET MANAGEMENT livre  ses réflexions dans le dernier numéro de "Perspectives

 


À la fin de l’année 2023, les marchés étaient enthousiasmés par la forte dynamique baissière de l’inflation et s’attendaient à une baisse des taux directeurs dès le mois de mars ou avril pour la Fed et la BCE.
 

Toutefois, les derniers chiffres d’inflation ont tempéré cette dynamique positive et rappelé que la dernière ligne droite de la désinflation sera plus graduelle car elle touche les composantes les plus persistantes, notamment l’inflation des services.

 

Les déclarations des gouverneurs des Banques Centrales ont progressivement confirmé la nécessité de faire preuve de prudence et de patience avant d’assouplir la politique monétaire.
 

Au fil du temps, les marchés ont modéré leurs attentes et sont désormais plus en phase avec notre opinion selon laquelle la Fed et la BCE ne devraient commencer à baisser leurs taux directeurs qu’à partir de cet été.


Fait marquant qui illustre l’inversion de tendance sur les marchés, à fin février le marché américain des options sur les contrats à terme SOFR(1) tablait sur une probabilité de 5 à 10 % de hausses des taux de la Fed cette année !

 


UN NOUVEAU REVIREMENT DES BANQUES CENTRALES EST-IL CRÉDIBLE ?
 


Tout d’abord, les enquêtes PMI auprès des entreprises indiquent que les délais de livraison des fournisseurs ont diminué en février, après avoir augmenté en janvier en raison des perturbations du transport maritime en mer Rouge. Cette amélioration s’est traduite par une détente des prix dans le secteur manufacturier. À cela s’ajoute la déflation chinoise qui aide à contenir le risque au niveau global. Les préoccupations restent dans le secteur des services, secteur à forte intensité de main-d’œuvre, où la dynamique s’est globalement stabilisée en zone Euro et s’est légèrement renforcée aux États-Unis.

 


Plus en détail, l’inflation américaine recule de 3,4 % à 3,2 % sur un an en janvier, alors que le déflateur de la consommation (série de référence de la Fed) passe sous 2,5 %, à 2,4 % en janvier après 2,6 % en décembre.


C’est l’inflation sous-jacente des deux indices (hors composantes volatiles) qui demeure plus élevée, respectivement à 3,9 % et 2,8 %. Les prix du logement peinent à ralentir, tandis que les prix des services de transport (notamment les réparations et assurances automobile) et de santé accélèrent. Il faudra attendre le mois prochain pour juger si cette accélération est due à des facteurs ponctuels saisonniers (attribuables aux hausses des prix plus fréquentes des entreprises en début d’année), ou s’il s’agit du début d’une tendance plus inquiétante pour la Fed, liée à la résilience de la croissance et du marché du travail.

 


Le ralentissement de la consommation des ménages en janvier et le fait que les consommateurs se sont montrés moins optimistes quant aux conditions d’emploi laissent présager que le marché du travail devrait continuer à se détendre ainsi que les salaires, engendrant moins de tensions sur les prix à l’avenir. Si tel est le cas, les chiffres de début d’année feront du bruit, mais un bruit qui incitera dans tous les cas la Fed à la prudence et à la patience.

 


À la réunion de mars, la Fed discutera également de l’avenir du resserrement quantitatif en cours (« Quantitative Tightening », c’est-à-dire la baisse de la taille du bilan via le non-réinvestissement des titres qui arrivent à maturité). La Fed pourrait bientôt annoncer une phase de ralentissement du « Quantitative Tightening » vers le milieu de l’année.


Il convient de noter que la normalisation du bilan a eu peu d’impact sur le marchés obligataires jusqu’à présent.


L’INFLATION DES SERVICES SOUS SURVEILLANCE


Dans la zone Euro, l’inflation globale a reculé à 2,6 %, tandis que l’inflation sous-jacente reste supérieure à 3,0 % (3,1 %) et que l’inflation des services est toujours très proche de 4,0 % (3,9 %).


Ces données ne militent pas pour une baisse prématurée des taux directeurs, étant donné que la croissance des salaires européens s’élève encore à 4,5 % à la fin de 2023 et dépasse 5,0 % si l’on inclut les paiements exceptionnels (primes, heures supplémentaires...).


De plus, de nombreuses négociations salariales auront lieu en février et mars ; la BCE pourrait donc attendre la confirmation du ralentissement des salaires avec les données du premier trimestre, qui ne seront pas disponibles avant mai, pour enclencher une première baisse des taux.


En résumé, il faut rester prudent sur l’inflation, mais à ce stade la désinflation ne semble pas menacée, en dehors des risques qui pourraient être liés à d’autres événements géopolitiques ou  politiques comme l’élection présidentielle américaine.


(1) Le SOFR (Secured overnight financing rate) est le taux de financement à un jour garanti sur le marché américain

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