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Bosch sacrifie le diesel à Rodez
Coup dur pour les salariés de Bosch de Rodez, dans l’Aveyron : le groupe a clairement évoqué la fermeture du site. Pour les 1 265 salariés, une telle conclusion, qui serait aussi un drame pour le bassin d’emploi, est inacceptable.
Après plusieurs années de dégradation continue et de menaces de fermeture, les 1 265 salariés de l’usine Bosch de Rodez avaient fini par apprendre à vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le 10 novembre, cette fin sans cesse repoussée s'est concrétisée, avec l’annonce par la direction de Bosch France Benelux que la fermeture du site aveyronnais « n'était pas une hypothèse à exclure ».
Depuis la mise en évidence des méfaits des particules fines sur la santé puis le scandale des moteurs truqués, en 2015, le diesel connaît un déclin marqué que la crise sanitaire a amplifié en frappant l’automobile de plein fouet. En France, le poids du diesel dans les achats de véhicules neufs est en net recul, passant de 73 % en 2012 à 34 % en 2020.
Conséquences pour le site aveyronnais, une production en nette baisse : le nombre d’injecteurs produits est passé de 2,4 millions en 2018 à un peu moins de 1,2 million en 2020. Le volume des buses s’est effondré, de 7,8 millions à 4,1 millions. « La récente étude de l’IFPEN montre pourtant que les véhicules diesels les plus récents (Euro6d-TEMP) respectent les normes d'émissions et sont moins polluants sur certains critères que leurs équivalents à essence. On a peut-être vendu la peau du diesel et celle de notre site un peu vite », explique le RSS FO de Bosch Rodez William Olivier.
« Il nous faut plus de projets innovants à Bosh Rodez »
En juillet 2018, le recul de production avait déjà mené à la signature d’un accord de transition qui s'échelonne jusqu'à fin 2021, pour sauver 600 postes alors menacés. Bosch s’était engagé à investir 14 millions d’euros pour moderniser l'une des deux lignes de production d'injecteurs diesel du site et à instaurer une stratégie de diversification pour pérenniser l’usine.
Malgré des pistes régulièrement évoquées dans l'automobile, l'aéronautique ou l'hydrogène, moins de 40 emplois ont été créés. Un an plus tard, en juin 2019, le groupe a fait savoir que cinq sites du groupe en Europe étaient particulièrement concernés par la baisse d’activité, évoquant « une surcapacité globale d'effectif d'environ 1 500 postes » et le risque de fermeture d’un site, celui de Rodez. « Pourtant, des solutions sont créées en interne. Au sein du groupe de réflexion industrielle (GRI), M. Peron travaille par exemple sur un amortisseur intelligent qui offre de réelles perspectives pour Rodez. Il nous faudrait plus de projets innovants de ce type. », se désole William Olivier. D’autant que le sursis dont le diesel pourrait bénéficier donnerait à Rodez le temps de préparer la suite…
« Bosch Rodez peut contruire un futur à Rodez »
À un an de la fin de l'accord signé avec la direction, notre organisation a fait part de sa plus vive inquiétude quant à l’avenir du site et réclame une réunion tripartite avec la direction et les services de l’État, déjà au fait du dossier. Alors que l'érosion des effectifs se poursuit, avec une centaine de ruptures conventionnelles au cours des deux dernières années et que près de 140 salariés qui devraient quitter le site via un accord de départs en pré-retraite au printemps 2021, les salariés se sentent abandonnés et redoutent d’être les sacrifiés du diesel.
À leurs côtés, les élus locaux, pour qui la fin de Bosch Rodez (premier employeur du bassin d’emploi) serait un véritable drame. « Les salariés restent motivés et ont la capacité de faire rebondir le site mais ils ont besoin de réponses quant à leur avenir car l’inquiétude et l’anxiété sont mortifères. La stratégie uniquement financière de la maison-mère n’est pas acceptable, alors que nous avons un futur à construire », considère William Olivier.