Après le décès du président Maugars, la CFDT de l'ONERA (centre français de recherche aérospatiale) a rappelé dans un communiqué de presse ses exigences pour que l'organisme soit doté d'un président issu du monde la recherche, qui en connaîtrait le fonctionnement, qui saurait appréhender nos différents partenaires étatiques, régionaux, académiques et industriels et renforcer l'ONERA dans ses missions. Il devra être apte à rétablir cette confiance que le personnel devrait avoir dans ses dirigeants et la sérénité dont nous avons tous besoin pour que l'ONERA se positionne à nouveau avec efficacité et pérennité dans sa mission de service public en faveur de la recherche aérospatiale.

Cependant si les attentes du personnel sont fortes et le besoin immense, il ne faudrait malgré tout pas se précipitater pour nommer dans l'urgence un successeur à Denis Maugars. L'ONERA et son personnel ont trop souffert ces deux dernières décennies pour ne pas retomber dans les mêmes travers. Dans la mesure où les conditions et les modalités permettant d'assurer un intérim sont réunies, la CFDT souhaite que les tutelles prennent le temps de se consulter, de consulter les représentants de l'ONERA, y compris les représentants du personnel, les représentants du HCS etc., pour arriver à une nomination qui réponde aux ambitions de tous et qui soit la plus consensuelle possible.

Un projet avant un nom

Avant de choisir la personnalité qui prendra les rennes de l'ONERA, il nous semble indispensable que les missions qui lui seront confiées soient discutées et établies par l'ensemble des tutelles, préalablement à sa sélection.

La CFDT s'est déjà exprimée à plusieurs reprises sur sa vision de l'ONERA. Ce nouveau président devra resituer l'action de l'ONERA par rapport à ses missions originelles (définies par la loi du 3 mai 1946) à savoir :

• orienter et développer les recherches dans le domaine aérospatial ;
• concevoir, réaliser et mettre en œuvre les moyens nécessaires à ces recherches ;
• assurer en liaison avec les services ou organismes chargés de la recherche scientifique et technique, la diffusion sur le plan national et international des résultats de ces recherches ;
• favoriser la valorisation de ces recherches par l’industrie aérospatiale et faciliter éventuellement leur application en dehors du domaine aérospatiale.

Le projet que la CFDT défend prévoit 5 axes principaux qui sont :

• placer la recherche au cœur de l’activité de l’ONERA ;
• réhabiliter l’expérimental, renforcer et dynamiser les grands moyens d’essais et développer les démonstrateurs ;
• ouvrir l’ONERA à son environnement et au monde ;
• promouvoir d’autres modes de gouvernance et de management à l’ONERA ;
• refonder les rapports entre l’État et l’ONERA.

Des missions validées par toutes les tutelles et acceptées par le futur président.

Pour répondre à ces objectifs, notre futur président devra être missionné par l'ensemble des tutelles pour établir un plan de recherche pluriannuel, appuyé sur des axes scientifiques redéfinis, pour renouer des partenariats avec des laboratoires étrangers, créer des équipes mixtes, pour rééquilibrer la structure des effectifs, pour refonder et renouveler le dialogue social, pour préparer le passage vers une multitutelles en associant défense, recherche, transports, environnement et pour revoir avec les tutelles la structure du financement de l’ONERA par une subvention adaptée à ses missions etc. ; il devra surtout être sélectionné en adéquation avec ces objectifs.

C'est en rassemblant (pas en divisant) et en renouant avec ses missions originelles que l'ONERA pourra répondre aux défis et enjeux auxquels est confrontée l'industrie aéronautique et spatiale française et européenne. Nous sommes à un tournant important, trop important pour l'ONERA et son personnel, pour que les tutelles se précipitent dans leur choix. Il s'agit bien de choix et d'orientations politiques qui affecteront les prochaines décennies.