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06 / 12 / 2012 | 15 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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La RSE : un concept évangélique

Concept anglo-saxon né au début du XIXème siècle, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est censée traduire les préoccupations sociales, environnementales et économiques des entreprises dans leur stratégie. Le premier fonds socialement responsable, nommé Pionner Fund, a été lancé en 1928 par l’Église évangéliste d’Amérique, qui éliminait de ses investissements toutes les actions d’entreprises liées à l’industrie de l’alcool et du tabac. La RSE émerge vraiment au début des années 1950 sous l’impulsion d’un pasteur protestant qui utilise pour la première fois le terme « corporate social responsability », illustrant l’entreprise gérée en bon père de famille et investie d’une mission sociale. En 1976, l’OCDE publie une liste de principes à respecter au nombre desquels figure l’incitation à s’« abstenir de contourner les dispositifs législatifs ou réglementaires ». Ce n’est que dans les années 1990, marquées par une mondialisation galopante et un recul du rôle des États, que la RSE se répand.

L’estampille onusienne


Créé peu après les manifestations anti-mondialisation de Seattle, où se déroulait le sommet de l’Organisation Mondiale du Commerce, le « global compact » ou pacte mondial, lancé par Kofi Annan en 1999, comporte dix principes visant une « mondialisation à visage humain ». Parmi ces principes figurent le respect des Droits de l’Homme, le respect de la liberté d’association et la reconnaissance du droit à la négociation collective, l’élimination de toutes les formes de travail forcé ou punitif, l’abolition réelle du travail des enfants, l’élimination de toute discrimination dans le recrutement ou l’affectation des postes, la lutte contre la corruption... L’entreprise qui souhaite décrocher l’estampille onusienne « global compact » doit rendre compte de ses progrès sur au moins un des dix principes dans son rapport annuel. D’environ cinquante signataires à sa création, le nombre d’entreprises adhérentes dans le monde est passé à 6 287 en 2010, dont 609 françaises. Mais l’absence de contraintes juridiques et de contrôle des engagements pris par les multinationales a conduit l’ONU à renforcer ses règles et à exclure 2 000 d’entre elles en 2011 pour manquements à leurs obligations. Au niveau européen, la RSE est inscrite dans les priorités de l’Union européenne au sommet de Lisbonne en 2000 et trouve sa définition dans le livre vert de l’UE publié en 2001 : « Être socialement responsable signifie non seulement satisfaire pleinement aux obligations juridiques applicables, mais aussi aller au-delà et investir davantage dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes ». Les parties en question étant les salariés, les syndicats, les actionnaires, les fournisseurs, les clients, les consommateurs et, plus largement, la société civile. En 2011, la Commission européenne propose de redéfinir la RSE comme étant « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société ».
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