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06 / 12 / 2024 | 230 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Direct Lafayette / Prometéa

[Quels élus pour demain ?] Quand la reconnaissance passe aussi par les diplômes et les certifications

Les certifications et les diplômes sont autant de signes extérieurs de reconnaissance des compétences développées pendant les mandats. A quand une certification associée aux formations que suivent les élus dans le cadre de leur mandat ? Retrouvez la synthèse du troisième direct du cycle “Quels élus pour demain ?”, porté le 19 novembre par Lafayette et Prometéa (Groupe Alpha).


Il n'existe à ce jour que 6 certifications associées aux compétences que peuvent acquérir les élus au cours de leur mandat. Elles sont portées par le ministère du travail et l'Afpa en est l'opérateur. "Cela est trop limitatif, il y a besoin de faire monter le niveau des compétences reconnues. Actuellement c'est par exemple l'assistance dans la prise en charge de projet qui fait l'objet d'une certification or cela pourrait aller jusqu'à celle de responsable de projet. Le champ doit aussi s'élargir. A la prévention en santé au travail par exemple", considère Nicolas Cauchy, le directeur général de Prometéa (groupe Alpha), un organisme de formation des représentants du salarié qui affiche sa volonté d'engager la démarche pour que de nouvelles certifications voient le jour. 

Élargir le champ, hausser les niveaux

L'occasion de travailler en pleine synergie avec le cabinet Lafayette dont c'est le cœur d'expertise que d'accompagner la création de nouvelles certifications, dans les branches professionnelles notamment. Le cabinet a rejoint le groupe Alpha courant 2023. 
 

"La reconnaissance d'une certification professionnelle a un des répertoires nationaux de France Compétences (RNCP pour les certifications ciblant un métier, ou le Répertoire Spécifiques, pour celles qui ciblent une ou plusieurs compétences) passe par la traduction du lien entre une ou plusieurs compétences et la capacité à la mettre en œuvre. L’élaboration d’une certification passe par la création d’un référentiel de compétences, permettant de faire le lien avec les répertoires métiers, complété par un référentiel de certification, qui précise le processus d’évaluation, que ce soit par un examen, un dossier à préparer, ou en reconnaissant une ou plusieurs expériences (VAE), le tout reconnu par un jury de professionnels indépendant. Les certifications sont mises à jour régulièrement. C'est le travail que nous allons mener sur les compétences des élus", confirme Jean-Christophe Chamayou, le Président de Lafayette qui précise : "On parle beaucoup de la capacité à négocier comme d'une compétence or cela doit beaucoup plus s'affiner par niveaux, par contexte, voire même par métier, pour prétendre être éligible à une certification reconnue." 

"Nous sommes actuellement dans une approche collective de la formation. Les parcours de celles et ceux qui voudront viser une formation certifiante devront être davantage individualisés", ajoute Nicolas Cauchy.

Certification gage de professionnalisme

Un élargissement et une montée en niveau des certifications accessibles aux élus dans le cadre de leur mandat est attendue. "Le Congé de formation économique, sociale, environnementale et syndicale devrait pouvoir faire l'objet d'une certification", considère Rémy Boulet, conseiller confédéral CFTC.
 

A la CFE-CGC, Laurence Gnonlonfoun, Déléguée nationale au dialogue social suit de près les certifications orchestrées par l'Afpa. "Les conditions d'accès ont été facilitées mais cela nécessite tout de même au moins 2 heures de travail hebdomadaire pendant 10 semaines pour chacune des certifications en sachant que les niveaux proposés ne correspondent pas aux profils de beaucoup de nos militants", confirme t-elle. 
 

Après avoir été formé par la fédération CFE-CGC Métallurgie pour coter les emplois de la nouvelle grille de classification de la branche, Claude Fouquet , délégué syndical central du sous traitant automobile Phinia, a passé avec succès la certification de référent classification portée par l'UIMM. "Nous sommes trois élus à avoir été certifiés. Nous avons proposé à la DRH d'apporter notre aide dans l'exercice de la cotation des postes en actant que la décision finale revenait à l'employeur mais la porte qui avait été entrouverte s'est refermée. C'est d'autant plus dommage que l'équipe RH est en surcharge. Le professionnalisme associé à cette certification est en revanche parfaitement reconnu par les salariés que nous accompagnons. Des managers nous demandent même de les aider à coter en mode sous-marin", souligne ce délégué syndical, certifié par le patronat.
 

"Nous proposons à nos militants un module de formation de 2 jours pour qu'ils soient davantage conscient des compétences qu'ils acquièrent ainsi qu'un guide pratique que nous allons mettre à jour qui dresse un panorama thématique des voies d'accès à des formations diplômantes", précise Laurence Gnonlonfoun qui plaide pour une meilleure reconnaissance des formations syndicales suivies par les militants dans les parcours diplômants.


Cap sur le diplôme


Pour Rémy Boulet, "il faut faciliter l'accès des militants aux diplômes par la VAE en aménageant des sas d'entrée spécifiques comme cela existe pour les élus des collectivités territoriales qui peuvent accéder à un poste dans la fonction publique par la voie d'un 3ème concours qui reconnaît leur expérience” avant de s'interroger :  “Quelle différence au fond entre un mandat de maire et celui de secrétaire de CSE ?".


En attendant, la VAE relève d'un parcours exigeant. “Il faut être conscient que chaque université est libre de décider des conditions de recevabilité des dossiers. Chacune fixe en outre son propre calendrier pour les recevoir", témoigne ainsi Debra Reynolds, Déléguée syndicale CGT dans l'enseignement privé hors contrat. Titulaire d'un Bac+4, elle vise un Master 2 de droit social en entreprise en mettant dans la balance 7 ans de mandats en entreprise (DS, DP, CE, CSE) et 5 ans de mandats nationaux comme négociatrice de branche. "Il est important d'être précis dans l'identification des blocs de compétences et les options. Mon entretien avec un conseiller en évolution professionnelle spécialisé sur les parcours militants a été essentiel pour m'aider à structurer mon dossier", précise celle qui est bien consciente qu'il va lui falloir 6 mois à raison d'une journée par semaine pour produire son rapport, avant le passage devant un jury. L'occasion d'illustrer la responsabilité qui incombe aux employeurs pour faciliter la démarche.