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14 / 04 / 2022 | 208 vues
Rodolphe Helderlé / Journaliste
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Up

Environnement : quels liens entre les actions individuelles des salariés et la transformation du modèle des entreprises ?

Le direct en ligne du 25 mars organisé par Up en partenariat avec Miroir Social a été l’occasion pour quatre représentants syndicaux d’entreprises dont les activités ont une forte empreinte environnementale de partager leur approche. 


Saint Gobain PAM Canalisation : combler le retard de l’investissement
 

Chez Saint Gobain PAM Canalisation (2000 salariés), on fabrique donc des canalisations en fonte pour l’eau potable (60 % du marché européen) et la maison mère veut vendre depuis déjà longtemps cette filiale. Une intersyndicale fait front avec une ligne directrice. 
 

  • “Pas question de nous vendre avant d’avoir investi” - Didier Rivelois, Délégué syndical CFE CGC 

 
Le fond du problème étant que, dans son souci de vendre, la direction a reculé des investissements indispensables pour réduire le coût énergétique de la production (haut fourneau). Pour l’intersyndicale, une vente  à un groupe chinois comme cela est l’objectif depuis 3 ans se traduirait par la suppression de l’ensemble des emplois de production. Avec retard, des investissements sont désormais engagés.


L’intersyndicale continue toutefois de porter un projet alternatif qui repose sur un mode de production sans empreinte carbone et une transformation en entreprise à mission : « Garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau ». Le pont est fait avec une eau à la source de beaucoup d’éco-geste individuels. Le projet intègre aussi une nouvelle gouvernance impliquant réellement les représentants du personnel. 

 
“C’est bien un défaut de gouvernance qui a fait prendre ce retard pour investir dans la transition énergétique”, souligne Didier Rivelois, Délégué syndical CFE CGC et secrétaire du CSE.
 

Un CSE  dont les avis illustrent d’ailleurs clairement l’absence d’anticipation d’une  stratégie de réduction de l’empreinte carbone. Autant d’arguments qui nourrissent la communication auprès des salariés. 
 

Stellantis Sochaux : où sont passés les bus ?
 

L’usine historique de Stellantis à Sochaux emploie aujourd’hui 6000 salariés contre 12 000 il y a 10 ans. Avec la montée en charge de l’électrique, dans deux, la direction a annoncé 1000 postes de moins. Si le moindre besoin en emploi sur le montage des  voitures électriques est bien connu, la pénibilité accrue l’est en revanche moins. 
 

  • “Il faut manipuler des câbles qui font le double du diamètre de ceux qui équipent les véhicules thermiques ” - Jérôme Boussard, Délégué syndical CGT.

 
Les militants CGT de la production et ceux de l’ingénierie convergent dans leur interrogation pour en savoir plus sur la véritable empreinte environnementale de la production d’une voiture électrique. “La direction refuse de livrer la moindre information sur les origines des pièces et composants. C’est secret défense. Cela traduit un manque de confiance”, regrette Jérôme Boussard, délégué syndical CGT à Sochaux qui rappelle les contractions entre le discours de la direction et la réalité des faits avec la décision d'arrêter il y a un an  les lignes de bus privatisés qui permettaient encore à 500 salariés d’effectuer l’aller-retour domicile-travail. C’est au motif de la baisse de la fréquentation que l’arrêt a été décidé. Pour la CGT, c’est un non sens que de voir des salariés être contraints de reprendre leur voiture en solo, si aucune solution de co-voiturage ne se présente. Une source de coûts supplémentaires et de risques d’accidents de trajets. 
 

Eramet : le facteur coût
 

L’activité minière n’a rien de virtuelle. L’impact de l’exploitation sur l’environnement est clair, tout autant que la transformation des minerais. S’il est impossible de réduire cette empreinte à 0, une des missions d’Eramet Ideas, la filiale de R&D qui emploie 150 personnes consiste à améliorer en permanence les processus de réduction de l'impact de l’exploitation et de la transformation des minerais par les 13 000 salariés du groupe présent dans 20 pays. 

 

  • “Techniquement, Il y a un très fort degré de sensibilisation à l’environnement au niveau de la R&D où nous menons les essais. On peut toujours aller plus loin dans la réduction de l’empreinte environnementale, mais le facteur coût s’impose malgré tout quand on transpose les essais en laboratoire à la réalité de nos modes de production. Le mode de fonctionnement économique ultra-libéral, qui impose de produire pas cher, établit souvent un « mur » entre l’écologiquement souhaitable et ce qui est effectivement décidé” -  Bertrand Dusanter, Représentant du personnel SM-TE( (Syndicat de la Métallurgie - Travaillons Ensemble) Eramet Ideas

 
Les équipes d’Eramet Ideas ne manquent pas d’échanger régulièrement au quotidien avec le personnel en poste sur les gisements et les usines de traitement. “L’environnement est la deuxième priorité après la sécurité. Sur l’usine, les indicateurs de suivi de la qualité de l’air sont mis sur table en CE*. Et c’est là que nous pesons pour que les investissements soient au niveau”, explique Eric Eriale, élu au comité européen et délégué du personnel * d’Eramet SLN, la filiale du groupe qui emploie 2 200 salariés en Nouvelle Calédonie. C’est ainsi que 10 millions d’euros ont été obtenus pour changer des électro-filtres. A noter qu’une partie de la ville de Nouméa s’est développée autour de la principale usine du groupe qui date de 140 ans. 


* En Nouvelle Calédonie, DP, CHSCT et CE persistent et signent