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30 / 01 / 2013 | 38 vues
A Messaoud / Membre
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Exposition au plomb et insalubrité : le logement social n'est plus épargné

Ces derniers jours, les médias se sont fait l'écho des taudis dans lesquels vivent de plus en plus de personnes condamnées à l'insalubrité et à la suroccupation, du fait du manque de logements sociaux. La Ministre du Logement a fort justement parlé, à propos de  ces situations de « logement abusif ».

Mais l'état du parc de logements sociaux (notamment à Paris) aboutit aujourd'hui à des situations similaires pour des foyers ayant cru échapper définitivement à l'enfer du mal-logement.

 170120131193.jpgLes photos de murs recouverts par les moisissures que nous reproduisons ici ne sont pas celles d'un logement du parc privé, mais celles d'un appartement de Paris Habitat OPH situé dans l'est parisien.

Le locataire de cet appartement avait connu l'errance et l'enfer du mal-logement, avant d'obtenir ce logement social en 2010.

Mais très vite, les peintures ont commencé à noircir tandis que l'humidité affleurait sur les murs. Comme dans tous les immeubles non entretenus correctement à Paris, les problèmes liés au bâti ne peuvent pas se régler juste en aérant au maximum ou en changeant le papier peint et la couche de moisissure n'a cessé de s'épaissir.

Entre temps, le locataire est devenu père de famille, il a effectué une demande de mutation et signalé à de nombreuses reprises les problèmes d'humidité qu'il rencontre à son agence Paris Habitat OPH locale mais aussi au siège. Inquiet pour la santé de son enfant, ses réclamations lui ont simplement valu une lettre du bailleur lui reprochant de soi-disant insultes et le menaçant d'une plainte s'il venait à nouveau à dénoncer sa situation.

Mais le pire était à venir : au mois de juillet 2012, alors que le bailleur n'avait toujours pas répondu à ses demandes, les services de lutte contre le saturnisme de l'État lui ont envoyé un courrier. Il a ainsi appris que son appartement était contaminé au plomb, dans des proportions bien au-dessus des seuils légaux. Les conséquences immédiates pour la santé de la famille sont claiement exposées dans ce courrier, reproduit ci-dessous « l'ingestion ou l'inhalation de plomb est toxique et provoque des effets réversibles (anémie, troubles digestifs) , ou irréversibles (atteinte du système nerveux) », «  l'humidité des parois devra être surveillée ».

mail.jpgLe saturnisme a d'autant plus de chances de se développer chez les enfants en bas âge et toutes les études scientifiques validées par les autorités publiques montrent que la contamination se fait notamment par l'inhalation des poussières en suspension dans l'air dans les appartements où le bâti cause un problème d'humidité. La famille locataire de ce logement social a un enfant de 20 mois. Chaque mois qui passe, la contamination se poursuit et depuis ce courrier du mois de juillet, aucune proposition de relogement n'a été faite.

Le logement en question fait partie de l'ancien patrimoine de la SAGI, racheté par Paris Habitat OPH en 2005. Nous avions, déjà, il y a quelques années, dénoncé les risques de ce rachat d'un parc en mauvais état non rénové pour Paris Habitat OPH. Il s'avère aujourd'hui que les risques sont supportés par les locataires.

Plus globalement, cet exemple extrême mais non isolé de logement social en mauvais état traduit les problèmes posés par les choix faits en matière de production de logement par Paris Habitat OPH et la Ville de Paris : en privilégiant le rachat d'immeubles anciens et occupés, mais aussi en rachetant à d'autres sociétés de la Ville un parc en mauvais état, le nombre de « nouveaux » logements sociaux a certes été accru sur le papier dans un premier temps. Mais qu'il s'agisse de problèmes d'isolation thermique (logements mansardés rachetés par la SIEMP), de vétusté des installations électriques, de problèmes d'accessibilité (immeubles sans ascenseur), les nouveaux relogés paient souvent le prix fort de cette politique, et la rénovation nécessaire sera une conséquence de plus sur le budget des bailleurs et du nouveau logement social en moins. D'ailleurs, cette politique a trouvé ses limites dès 2010, où la production de logements sociaux du premier bailleur francilien a brutalement chuté de presque 80 %, la politique d'acquisition en milieu occupé jointe au coût du rachat du parc de la SAGI ayant épuisé les fonds propres de Paris Habitat OPH au fil des années.

 

170120131195.jpgNotre collectif a récemment alerté la direction de l'Union Sociale de l'Habitat sur l'état d'une partie du parc de logements sociaux parisiens. Thierry Bert, délégué général de l'USH , nous a informés que le cas précis de cet appartement (qui n'est probablement pas un cas isolé) a été transmis directement à Stéphane Dambrine, président de Paris Habitat OPH .

 

Nous attendons donc une réaction rapide et un relogement immédiat de cette famille, au regard du danger sanitaire auquel elle est confrontée. Mais au-delà, la question se pose de l'état du parc social parisien en général et de celui de l'ancien patrimoine de la SAGI en particulier.

Même si la situation de cette famille vient à évoluer, parce qu'elle n'est pas restée isolée et a contacté un collectif de lutte, il n'est pas acceptable que des locataires se retrouvent en situation d'insalubrité dangereuse au sein du logement social, sans possibilité individuelle d'être écoutés par leurs bailleurs.

 

Le courrier envoyé par le service saturnisme de la DRIHL au locataire

 

Cliquez sur l'image pour lire le courrier. Heberger image

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