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23 / 02 / 2015 | 7 vues
Social Nec Mergitur / Membre
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La Ville de Paris dégaine son 49-3 en voulant remplacer les grévistes du dimanche par des « volontaires »

La grève est longue. Très longue. Depuis un an désormais, à l’appel de l’intersyndicale CGT, FO, Supap et Sud, les agents municipaux des piscines, stades et gymnases de la capitale débrayent chaque dimanche pour obtenir une revalorisation de leur prime dominicale de 44 à 180 euros. Un mouvement très suivi. « La moitié des piscines de la capitale est fermée en moyenne chaque dimanche », détaille Xavier Monrose, délégué Force Ouvrière, au journal 20 Minutes. Un mouvement qui n'affecte d'ailleurs pas que les piscines mais tous les équipements sportifs. « Les gymnases et les stades sont touchés », reconnaît Emmanuel Grégoire, l'adjoint en charge du personnel.

Les grévistes de la Direction de la Jeunnesse et des Sports (DJS) pointent « une disparité de traitement entre les agents des différents services de la ville » qui sont plus de 10 000 à travailler le dimanche plus ou moins régulièrement. Ainsi, les agents de surveillance des parcs et jardins et des musées touchent une prime de 91 euros pour les dix premiers dimanches travaillés (après, ça baisse à 43 euros) pendant que le personnel des médiathèques perçoit 100 euros. « À la Direction de la Jeunesse et des Sports, on ne touche que 44 € de prime pour 10 heures de présence » remarquent les syndicats. 

De son côté, la Ville répond clairement par une fin de non recevoir. « Nous ne pouvons pas ouvrir une négociation spécifique pour les agents de la direction de la jeunesse et des sports » déclarait au Journal du Dimanche, Jean-François Martins, adjoint chargé des sports. « Des discussions doivent avoir lieu de manière globale en 2015 au sujet de l’amplitude d’ouverture des équipements, sportifs et culturels ». Ça ne veut pas dire grand-chose mais ça permet toujours de gagner du temps.

Surtout que la demande des grévistes est une véritable bombe à retardement pour la mairie de Paris. « Appliquer cette prime de 180 euros aux agents travaillant le dimanche au sein de la DJS implique de l’appliquer aux autres agents de la ville de Paris travaillant le dimanche, avoue à 20 Minutes l'adjoint au personnel d'Anne Hidalgo. Bref, la situation se complique. On est alors au mois de juin de l'année dernière. Comme le temps passe !

La ville a alors une idée de génie pour pourrir le conflit. Ne sachant plus quoi raconter, elle se cache derrière un argument bancal : la tenue des élections professionnelles prévue sept mois plus tard, histoire de renvoyer la question du travail du dimanche et l'harmonisation des primes à la nouvelle représentativité syndicale sortie des urnes.

Une façon de botter en touche qui a surpris jusqu'aux plus fins connaisseurs des questions sociales dans les couloirs de l’Hôtel de Ville car si la ville voulait s’appuyer sur les syndicats « modérés » qui ne participent pas au mouvement, comme la CFDT et l’UNSA, c’est raté. En effet, ces deux organisations réclament, elles aussi, 180 euros par dimanche travaillés mais pour tous les agents de la Ville et pas seulement ceux de la Direction de la Jeunesse et des Sports (lire ici). C'est l'arroseur arrosé et ça, les stratèges qui entourent Anne Hidalgo ne l’ont pas vu venir.

Surtout que les élections sont passées et que la mairie ne propose toujours rien. Un mois après le verdict des urnes, avec toujours six syndicats qui sont vent debout sur la question de la prime dominicale, le conflit est toujours dans l'impasse et l'équipe municipale n'offre rien aux grévistes pour sortir de cette crise. Du coup, les organisations syndicales ont décidé d'aller un peu plus loin en étendant le conflit au samedi. Il est vrai que la ville s'est cru maligne en avançant les compétitions du dimanche au samedi pour limiter les effets de la grève. Cette stratégie est tombée dans l'eau des bassins parisiens et elle a rendu fou chez les socialistes parisiens.

Arme atomique pour briser le grève

Ce coup d'accélérateur syndical commence à créer la panique du côté de l'Hôtel de Ville où on a décidé de sortir l’arme atomique pour briser le grève. Selon des informations révélées par le journal Le Parisien, la municipalité dirigée par Anne Hidalgo prépare un plan pour « déployer des agents  volontaires pour remplacer les agents grévistes ». Un sorte de « lock-out » à la parisienne. Pas mal comme idée venant d’une ville dont la première magistrate a été (brièvement, il est vrai) inspectrice du travail. D'autres parlent même d'un nouveau 49-3 anti gréviste.                           

Pas sûr toutefois que cette idée soit si brillante car, outre qu'il faudra trouver des volontaires qui risquent d'être assez mal reçus par leurs collègues, il faudra que cela se fasse uniquement dans le cadre d'heures supplémentaires. En effet, le sous-effectif chronique fait que si un agent va boucher un trou, c'est pour mieux creuser celui qu'il a laissé.

Tout cela révèle surtout le peu de sympathie et de respect de la mairie de Paris vis-à-vis de ses agents : « même si le temps de travail dominical des bibliothécaires est deux fois moins long et pourtant payé deux fois plus que celui de la DJS, ces derniers ne doivent pas oublier que le niveau d'étude et de qualification n'est pas le même », ose Emmanuel Grégoire dans une saillie publiée par Le Parisien. Et voilà pour les grévistes qui sont considérés comme de vulgaires « sans-dents » municipaux. À la mairie de Paris, à défaut de dialogue social, on connaît au moins le mépris de classe. En tout cas, ce n'est pas avec ce genre de déclaration que les grévistes vont lever leur mouvement.

Surtout qu'une nouvelle bibliothèque doit ouvrir le dimanche dans les prochaines semaines. Montant de la prime ? 100 euros « Il est hors de question que le personnel des bibliothèques voit ses primes baisser », avait déclaré Bruno Julliard à la CGT des affaires culturelles, l'année dernière. Toujours adjoint à la culture, il venait alors d'être promu au rang de premier adjoint d'Anne Hidalgo. Le supérieur de l’adjoint en charge du personnel, quoi !

Bref, la Mairie est comme une poule devant un couteau sur cette question du travail dominical. « Cela implique de négocier avec l’ensemble des directions et l’ensemble des syndicats concernés », affirmait candide l’exécutif parisien à La Gazette des Communes. On ne voit pas trop ce que la mairie pourrait leur proposer sinon l'alignement de la prime du dimanche à 100 euros pour tous les agents municipaux travaillant ce jour-là. À moins que la Ville décide de baisser celle des bibliothécaires ? Dans ce cas il y aura un deuxième front social. Et le programme d'Anne Hidalgo tomberait à l'eau, l'eau de la piscine.

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Bonjour Madame Konic, Vous affirmez : "Je travaille dans un musée et les salariés qui travaillent le dimanche de façon régulière n'ont pas de prime". Permettez moi de vous dire que c'est faux. Dans les musées, les agents de surveillance qui travaillent un dimanche sur deux (de manière régulière donc) touchent une prime de 90 euros par dimanche travaillé. C'est le cas à la Ville de Paris et à l’État