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08 / 01 / 2018 | 89 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Chez Pimkie, les salariés transformés en acteurs de la suppression de leurs propres emplois

Le décret n’était pas encore publié au Journal Officiel que la direction de Pimkie a annoncé le recours à la rupture conventionnelle collective pour supprimer des emplois. Réunis en intersyndicale, les organisations syndicales sont vent debout contre cette procédure qui désavantage les salariés.

J'ai vu venir la rupture conventionnelle collective mais je ne pensais pas que cela arriverait aussi vite, confie Maley Upravan, déléguée syndicale centrale FO chez Pimkie. De nombreux indices indiquaient depuis plusieurs mois que le groupe, qui compte 754 magasins dans 30 pays, allait baisser la voilure. Parmi eux, le départ du directeur général en juin, puis du directeur commercial international, du directeur financier du groupe et enfin du directeur artistique.

Cet été, les grandes enseignes d’habillement de la galaxie Mulliez (la famille est propriétaire d’Auchan) ont été rassemblées dans un groupement d’intérêt économique baptisé Fashion3 (prononcer Fashion cube). Un regroupement qui concerne Pimkie, Jules, Brice, Gentle Factory, Bizzbee, Orsay, Grain de Malice et Rouge-Gorge. Objectif : mutualiser et maximiser les synergies dans un écosystème de marques d’habillement autonomes, coopérantes et interconnectées, a indiqué Jean-Christophe Garbino qui, avant de prendre la tête de Fashion3, dirigeait Kiabi. La raison de cette Fashion3 est clairement énoncée, avait déjà alerté fin novembre la section fédérale du commerce de la fédération des employés et cadres. Il s’agit de faire des économies et de vendre mieux sur le web. Faire toujours plus d’argent avec toujours moins de salariés !

En 2016 , Grain de Malice a perdu 177 salariés

Arrivée à la direction générale de Pimkie en août 2017, Christine Jutard s’est retrouvée aux commandes d’un groupe qui perd de l’argent. Fortement concurrencé par H&M et Zara, l’enseigne affiche un déficit de 45 millions d’euros à l’international et, pour la première fois en 2017, d’un million d’euros en France. La nouvelle DG a mandaté le cabinet Prosphères. Sa mission : revoir le modèle économique de l’entreprise. L’enseigne Grain de Malice en a déjà fait les frais l’année dernière, poursuit la section fédérale du commerce qui rappelle qu’en novembre 2016, Grain de Malice a perdu 177 salariés dans un PSE, après avoir fait appel au Cabinet Prosphères. Ce cabinet a mis en place des groupes de travail pour restructurer l’entreprise.

Fermeture de 81 magasins dont une vingtaine de magasins en France

Même méthode pour Pimkie : Prosphères y a organisé des groupes de parole en expliquant aux salariés qu’ils avaient la réponse en eux, raconte Maley Upravan. Environ 1 700 salariés ont formé 200 groupes pour formuler des recommandations. Nous perdons 50 000 € par jour, l’échec de Pimkie est collectif. Nous n’avons pas la solution, c’est vous qui la détenez, leur a-t-on martelé. À l’issue de ces réunions, les salariés ont proposé la fermeture en 2018 de 81 magasins dont une vingtaine en France et 40 autres en 2019 en Allemagne. Pour la France, ils ont d’abord préconisé 18 fermetures de magasins puis ils sont passés à 15, précise la déléguée syndicale centrale. On ne sait pas pourquoi, sans doute parce que certains se sont rendu compte que leur magasin était dans la liste. Pour l’heure, le cabinet a fait un état des lieux du patrimoine pour faire rentrer de l'argent. Sur la sellette, les entrepôts logistiques et les sites de bureaux à Neuville-en-Ferrain et à Villeneuve d’Asq. Également montrée du doigt, l’activité e-commerce qui ne serait pas rentable.

Pour la section commerce de FO, les restructurations et les licenciements sont légitimés par ces groupes de travail. Une manipulation qui transforme les salariés en acteurs de la suppression de leurs propres emplois.

Les syndicats y verront plus clair lundi 8 janvier

Pour le moment aucun chiffre de suppression d’emploi ne circule officiellement. Mais une rumeur annonce la disparition de 200 postes. Les syndicats y verront plus clair lundi 8 janvier lors d’un comité central d’entreprise (CCE). Quatre rendez-vous jalonneront la négociation qui débutera le 9 janvier pour finir le 5 février. Ils vont beaucoup réduire à l’international et la logistique ne va pas traîner longtemps car plus de 60 % des salariés ont une restriction médicale, s’inquiète Maley Upravan. La directrice de la logistique a disparu depuis 15 jours… On ne sait pas où elle est.

Introduite par les ordonnances Macron, la rupture conventionnelle collective permet à l’entreprise de supprimer des emplois en proposant à leurs salariés de partir volontairement. C’est plus rapide et moins cher qu’un PSE, sans obligation de reclassement et de priorité de réembauche, énumère la déléguée FO. Les salariés comprennent que ce n’est pas à leur avantage.

Dans un communiqué, la direction du groupe a dénoncé les tentatives de récupération politique et d’instrumentalisation de leur entreprise. Pour être avalisée, la procédure doit passer par un accord devant obtenir la signature de syndicats représentant plus de 50 % des suffrages au premier tour des élections professionnelles. Regroupés en intersyndicale, les organisations de défense des salariés ont déjà fait savoir qu’elles ne signeraient pas.

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