Aéroport de Beauvais : les riverains de Beauvais, abandonnés par les élus locaux seront-ils sauvés par la Commission européenne ?
Mauvaise nouvelle pour les riverains de l'aéroport de Beauvais. Ceux-ci ont beau se battre depuis des années contre l'expansion de l'aéroport et avoir monté une association (ADERA) consacrée à ce combat, ils semblent s'être égosillés en pure perte. Jean-Yves Mainecourt, le commissaire enquêteur à qui le plan d'exposition au bruit de l'aéroport avait été remis, vient en effet de remettre un avis favorable à la poursuite de l'expansion de l'aéroport.
L'avis est lourd de conséquences : l'aéroport vise une croissance considérable de son trafic. Bloqué à 26 000 décollages et atterrissages par ans, Beauvais pourrait voir sa limite remontée à 30 000 mouvements. L'aéroport ne compte pas en rester là et envisage de nouvelles voies de circulation autour de la piste, faisant passer la capacité de celles-ci à plus de 35 mouvements d'avions par heure. Un chiffre à mettre en perspective avec les 71 mouvements par jours à l'heure actuelle sur l'aéroport.
Il faut saluer dans cette décision le peu de cas qui a été fait des citoyens des communes avoisinantes. Sur les 19 communes directement concernées par le projet, seules 6 ont été consultées dans le cadre de l'enquête publique qui s'est étendue entre mi-février et mi mars. Difficile de dire que celle-ci a servi à quelque chose, quand le projet originel (d'une limite à 32 000 mouvements par an) a recueilli 92,9 % d'avis défavorables la seule concession du commissaire enquêteur a été de faire passer la limite à 30 000 mouvements.
Des élus locaux bien loin des intérêts de leurs citoyens
Que les citoyens du Beauvaisis se rassurent un peu, une lueur d'espoir demeure. La semaine dernière, la Commission européenne a annoncé l'ouverture d'une enquête sur la gestion de l'aéroport de Beauvais. La Commission pointe du doigt deux anomalies, au niveau du financement de l'aéroport et de ses relations avec les compagnies aériennes low-cost.
L'institution européenne s'inquiète d'abord de l'énorme quantité de subventions publiques consommées par l'aéroport de Beauvais. Dix millions d'euros entre 2000 et 2008 et plus de 14,5 millions d'euros depuis sa reprise par la SAGEB en 2008. Des sommes colossales pour la taille de l'aéroport et ses besoins. D'autant que ces billets sont loin d'avoir servi à insonoriser les avions qui s'y posent.
L'autre volet de l'enquête de la Commission porte sur les relations qu'entretient l'aéroport avec un de ses principaux clients. Elle soupçonne l'aéroport d'avoir accordé des rabais, facilités et subventions déguisées à Ryanair. Enfin, vu l'historique des relations entre la compagnie aérienne et les institutions européennes, ce ne sont pas tant des soupçons que la volonté de vérifier la légalité de ces arrangements qui motive la Commission.
Que l'enquête en vienne à couper les cordons de la bourse pour l'aéroport ou qu'elle interdise les subventions aux compagnies low-cost, il faudra s'attendre à une chute retentissante du trafic aérien sur l'aéroport. Un double espoir pour les riverains et un risque important pour les élus locaux qui ont misé tout le développement de la région sur les facilités qu'offraient les compagnies low-cost. Une bonne partie d'entre eux peut espérer laisser passer la tempête mais, pour Jean-François Mancel, le député de la circonscription où se trouve l'aéroport, il y a fort à parier que ses électeurs lui demandent des comptes.