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À Paris, les syndicats font vœux de tout bois
Les vœux de la maire de Paris au personnel de la Ville vont finir par devenir un exercice très périlleux. En 2010, Bertrand Delanoë avait essuyé des lazzis et été contraint d’abréger son discours. Par la suite, le maire rendu prudent préférait que les vœux soient diffusés uniquement par vidéo, histoire d’éviter toute contestation de la part des agents municipaux parisiens. On pensait toutefois que l’élection d’Anne Hidalgo dans le fauteuil de la première magistrate de la capitale était l’occasion de tourner une page mais « the song remains the same » puisque pas moins de trois syndicats (FO, l’UNSA et le Supap-FSU) appellent à boycotter les vœux de la nouvelle maire, comme nous le révèle le quotidien Le Parisien (lire ici).
En effet, cette année la municipalité parisienne, pour cause de travaux du palais omnisports de Bercy, s’est rabattu sur les salons d’honneur de l’Hôtel de ville. Un lieu certes plus prestigieux, (on se croirait dans la galerie des glaces à Versailles) mais à la capacité nettement plus réduite, ce qui a conduit la mairie à sortir de son chapeau une idée de génie : le tirage au sort d’agents sur des critères représentatifs. Lesquels ? La mairie ne le précise pas.
Un procédé « scandaleux » pour le syndicat UNSA : « qu’en est-il de la considération d'Anne Hidalgo, maire de Paris, envers tous ses autres agents ? Paris, capitale, ville lumière, n’a-t-elle pas les moyens d’accueillir tous ses agents à l’occasion des vœux ? Le personnel de la Ville de Paris n’est pas une part ajustable. Avec l’UNSA, dites non à cette économie de bouts de chandelle et boycottons tous, les vœux 2015 de la maire de Paris », a déclaré le deuxième syndicat de la Ville dans un communiqué envoyé au personnel.
« La mairie de Paris, dont le budget est de plus de huit milliards d’euros et dont vingt-trois sites ont été triés sur le volet dans le cadre de l’opération « réinventer Paris », investit à tour de bras. Résultat : elle est, paraît-il, dans l’incapacité de convier tous ses agents pour la fête de la nouvelle année », renchérit de son côté le syndicat Force Ouvrière qui, lui aussi, appelle au boycott de la cérémonie organisé par l’équipe d’Anne Hidalgo (lire ici).
Un tirage qui n’est pas non plus au goût du Supap-FSU lequel suggère « que le sort ne fasse pas un mauvais sort à certaines catégories d’agents et d’égrener les évenuels invités : une vieille fille, un puceau, une blonde, une femme enceinte, un handicapé, une jeune, un vieux, un chauve, un aveugle, un manchot, un éboueur, un AAS, un punk, un rappeur, un agent de catégorie C, une directrice, un bûcheron, un administratif, un orthodoxe, une protestante, un sans dent (le pauvre), un unijambiste, un P4 du contingent, un basque, une bretonne, la vache qui rit, Laurel et Hardy ».
Sauf que de tirage au sort risque de ne même pas avoir lieu, selon la CGT. « Pas d’enthousiasme intempestif cependant pour ceux qui espéraient aller visiter le naos qu'est devenu le l'Hôtel de Ville car les heureux élus seront triés sur le volet. D'après plusieurs informations, les directeurs sont en train de dresser la liste des invités. Ce ne sera pas pour le petit personnel lambda, ça non ! Cette fois, le spectacle sera uniquement dans la salle » (lire ici). D'ailleurs, cette information a été confirmée par l'équipe de Anne Hidalgo. « Les agents seront choisis sur proposition des directeurs des services », a ainsi affirmé officiellement au journal Le Parisien un porte-parole de la municipalité. On comprend alors que ces premiers vœux de la nouvelle maire ne démarrent pas sous les meilleurs auspices, vu les couacs qu’ils génèrent.
Pour éviter cette cacophonie, la CGT propose une idée simple : rien moins « qu’annuler les vœux et redistribuer sous forme de bons d'achat aux agents les moins rémunérés l'équivalent du coût de cette cérémonie. Mieux encore, sur le même principe : donner un chèque aux Restos du cœur » peut-on ainsi lire sur son blog. Histoire de coincer Anne Hidalgo sur son côté gauche morale ? La remise du chèque pourrait alors se faire fin janvier dans les salons dorés de la mairie de Paris.