Organisations
À Marseille, les bibliothèques sont en plein pastis
L'ancienne capitale européenne de la culture est obligée de fermer toutes ses bibliothèques le samedi. La deuxième ville de France n'ayant, semble-t-il, plus les moyens d’ouvrir plus de quatre jours par semaine.
Les affiches placardées sur la porte d'entrée de l'Alcazar (la plus grande bibliothèque publique de Marseille) ont fait le tour du Vieux Port. « Nous vous prions de rester tranquillement devant votre téléviseur », « Nous vous informons que les terrasses du port sont ouvertes 7 jours sur 7 » ou encore « Nous vous remercions de ne pas trop profiter du service public marseillais », pouvait-on lire dès début août sur la porte de l'établissement. Mieux, « pour la presse, allez au PMU du coin », était-il conseillé aux Marseillais en quête de lecture. Des messages ponctués d'un « merci de votre compréhension » et (faussement) signés « La Municipalité ».
Une situation soulevée par le site Achimag qui dévoile que cet été Marseille est obligée de fermer toutes ses bibliothèques le samedi. Un vrai pastis. Pourtant, la cité phocéenne ne compte qu'un faible réseau de 8 bibliothèques (contre 15 à Lyon, 14 à Montpellier, 10 à Bordeaux et 60 à Paris).
La municipalité phocéenne tente de se défausser en affirmant au quotidien La Provence : « En cette période, on a beaucoup moins de monde ; les gens sont plus attirés par les plages [...] Dans les autres grandes villes, ça se passe exactement de la même manière ». Ce qui est faux, affirme le site Archimag « puisque à Lyon et Paris, les grands établissement restent ouverts 5 jours sur 7 ». Précisons toutefois que pour la capitale, bien qu'elles soient ouvertes effectivement sur cinq jours, les bibliothèques parisiennes réduisent, elles aussi, drastiquement leurs horaires d'ouverture, faute de moyens. Certaines sont même fermées tout les matins, y compris le samedi.
En tout cas, pour les syndicats, les arguments de la municipalité marseillaise ne valent pas une bouillabaisse et vont droit au but dans une déclaration à La Provence : « les usagers sont là mais la vérité, c'est que la ville se refuse à prendre le nombre de vacataires ou de saisonniers suffisants pour faire tourner les services alors que, dans le même temps, on oblige les permanents à prendre leurs quatre semaines au cœur de l'été. Avant de vouloir ouvrir plus, on demande déjà que l'on ouvre mieux. Mais avec 50 départs à la retraite non remplacés, c'est impossible », affirme ainsi Raymond Romano pour le syndicat CGT.
Pendant ce temps-là, Fleur Pellerin, ministre de la Culture, a dans un éclair de démagogie chargé la sénatrice d'Île-et-Vilaine, Sylvie Robert d'étudier les extensions d'horaires des bibliothèques ! Entendez par là surtout les ouvrir le dimanche et le soir. On ignore si elle aura inclu la situation de Marseille (mais aussi de Nantes, du Havre, de Brest ou de Paris liste, non exhaustive) dans le rapport sénatorial qu'elle doit prochainement lui remettre.
Quoi qu'il en soit, comme le dit si bien le bibliothécaire marseillais : « Avant de vouloir ouvrir plus, on demande déjà que l'on ouvre mieux ». Justement, une pétition existe déjà. À signer massivement.