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A qui profite l'épargne salariale ?
L'épargne salariale profite d'abord aux salariés initiés comme l'ont illustré les témoignages partagés à l'occasion du direct du 1er avril organisé par Miroir Social en partenariat avec Axa Santé et collectives. Le besoin d'accompagner est là : de l'explication des dispositifs aux conseils financiers personnalisés.
L'abondement est le principal levier pour mettre le pied à l'étrier aux salariés pour bloquer pendant 5 ans une partie de leur intéressement et de leur participation sur un plan d'épargne d'entreprise. Un niveau d'abondement global qui a progressé de 10 % pour atteindre 3,6 milliards d'euros. "La totalité de l'abondement n'est en revanche pas utilisée, à la fois par méconnaissance de l'intérêt du dispositif et parce que des salariés n'ont tout simplement pas la possibilité d'épargner même si le dispositif est incitatif. Nous pouvons agir pour que les salariés qui ont la capacité d'épargner puissent véritablement l'optimiser ", explique Caroline Van Der Puijl, responsable commerciale épargne et retraite d'Axa santé et collectives qui souligne la part très importante des placements en monétaire. Ces derniers, s’ils sont sans sans risque,ne rapportent rien et ne permettent pas de suivre l’inflation. Les salariés restent frileux à utiliser des fonds en actions bien qu’ils soient plus performants sur le long terme.
"Seuls les salariés les plus initiés profitent pleinement de l'épargne salariale" - Bruno Henri, UNSA chez TotalEnergies
"L'épargne salariale a le don de cultiver la complexité, ne serait-ce qu'avec les dénominations des dispositifs qui se stratifient. Et cela participe largement au fait que seuls les salariés les plus initiés en profitent pleinement. Chez nous, c'est le PERCO qui recueille le taux d'adhésion le plus important. 95 % des salariés en profitent en sachant que la règle de base est d'y placer son intéressement et sa participation pour profiter à plein de l'abondement. Mais le PERCO cohabite désormais avec un PERECO où les versements libres sont taxés à 30 % à la sortie contre 17,2 % sur le premier. C'est pour cela que nous avons tenu à ce que le PERCO puisse subsister, contrairement à ce que souhaitait la direction", explique Bruno Henri, Délégué général UNSA chez TotalEnergies.
Chez TotalEnergies, l'abondement maximum est de 1816 € sur le plan d'épargne groupe et de 2680 € sur le PERCO / PERECO, dont 1450 € en fonction du niveau de salaire. Au total, c'est 4 496 € d'abondement qui sont proposés dans le cadre de l'épargne salariale. Pour contribuer à réguler les questions sur les abondements, la direction a mis en place un simulateur en ligne.
"Il convient de reconnaître la performance de l'action Schneider Electric" - François Soenen, CFTC Schneider Electric
Chez Schneider Electric, la direction incite clairement les salariés à placer leur épargne sur des fonds exclusivement composés d’actions de l’entreprise avec un abondement dédié de 700 € et des décotes de 15 % dans le cadre des augmentations de capital quasi annuelles.
"Sur les 1,8 milliards du plan d'épargne groupe, 1,2 sont placés en actions Schneider Electric. Le reste est majoritairement placé en monétaire avec des performances négatives. Cela illustre bien une aversion au risque, exceptée pour l'action de l'entreprise grâce à la double incitation de l'abondement et de la décote. La direction se fait fort de rappeler lors des négociations salariales que 95 % des salariés qui sont actionnaires ont toutes les raisons de se satisfaire du niveau de redistribution des dividendes. Il convient de reconnaître la performance de l'action maison mais le sujet des salaires est totalement différent", souligne François Soenen, Délégué syndical CFTC chez Schneider Electric qui diffuse régulièrement des notes d'analyse sur l'évolution du cours de l'action maison.
Chez Schneider Electric, l'abondement maximum sur le PEG est 1400 € (dont 700 € sur le fonds maison) et de 800 € sur le PERECO qui a remplacé le PERCO pour permettre de maintenir un régime unique au fil des rachats car il n'est plus possible de créer de nouveaux PERCO.
Lors de ce direct, des participants ont partagé les niveaux d'abondement maximum dans leur entreprise :
- Orange (PEG et PERCO) : 1050 €
- Hutchinson (filiale à 100 % de TotalEnergies) : 1250 €
- Accenture (PEE) : 2400 €
- Saint-Gobain : 3925 €
"Communiquer de façon générale sur les dispositifs qui ont été négociés est insuffisant. C'est ce qui nous a conduit à proposer une offre individualisée d'accompagnement" - Caroline Van Der Puij, Axa santé et collectives
En matière d'épargne salariale, rien n'est prévu légalement pour que les salariés bénéficient d'un droit à un conseil personnalisé. Et pourtant le besoin est là...Pour le Sictame-Unsa de TotalEnergies comme pour la CFTC de Schneider Electric, la véritable maîtrise du sujet est un levier pour interagir avec les salariés. Les questions posées sont nombreuses et diverses. C'est du syndicalisme de services que d'y répondre. Mais dans les deux cas, les représentants de ces syndicats se gardent bien d'orienter des choix. Les directions des ressources humaines ne peuvent pas prendre la responsabilité de dispenser du conseil financier personnalisé, sans compter qu'elles manquent déjà de ressources pour répondre aux simples questions "techniques" des salariés.
"Communiquer de façon générale sur les dispositifs qui ont été négociés est insuffisant. C'est ce qui nous a conduit à proposer une offre individualisée d'accompagnement en partenariat avec une société de conseil en gestion financière", considère Caroline Van Der Puijl. L'offre baptisée "Mon coach financier" intègre deux rendez-vous de 45 minutes en visio avec des conseillers capables de répondre aux questions sur les dispositifs et sur les niveaux de performance des différents fonds proposés.
Pour Sophie Mandelbaum, chargée des relations extérieures / partenaires sociaux pour Axa santé et collectives, "il est important de renforcer la compréhension des salariés pour qu'ils aient une capacité de décision sur la gestion de leur épargne. Et les représentants du personnel ont un rôle essentiel à jouer pour les y aider. Si l'épargne salariale se trouve être le premier sujet de dialogue social dans les TPE, encore beaucoup de salariés de ces entreprises n'ont pas accès à ces dispositifs. C'est sur ce sujet que le droit avait autorisé les employeurs à négocier directement avec le CSE ou par référendum”.