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19 / 06 / 2013 | 1 vue
Denis Garnier / Membre
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Faut-il revêtir l'uniforme de la retraite ?

Dans l'éternel débat portant sur les retraites, comme dans de nombreux autres débats, sommes-nous en train de préparer l'uniformité ?

Le combat pour l'égalité n'est pas l'abêtissement par l'uniformité. J'ai bien aimé l'expression d'Henri Lachmann, président du conseil de surveillance de Schneider Electric et co-auteur du rapport « Bien-être et efficacité au travail » qui disait, dans une conférence à l'Assemblée nationale : « lorsque deux personnes sont du même avis, je pense qu'il y en a une de trop ».

En clair, le « penser pareil » ne peut pas faire évoluer notre société.

C'est par la différence que chacun peut parfaire l'œuvre commune. Si chacun approuve ce que dit le précédent, alors c'est la meilleure façon de faire du sur-place et quand la société avance, faire du sur-place, c'est reculer.

L'expression de la différence a toujours été le moteur de toute société qui veut évoluer.
Ce n'est pas pour rien si les dirigeants totalitaires ont toujours prisé l'uniforme.

Si la discrimination doit être combattue partout, les différences doivent pouvoir s'exprimer librement. C'est ainsi que doivent se porter les valeurs d'une société en marche. Le mariage pour tous est venu nous rappeler cela.

Si le débat sur les retraites doit se traduire en termes d'égalité, de discrimination et de différences, le gouvernement doit être cohérent. Il porte l'égalité républicaine, il combat les discriminations et encourage les différences.

L'égalité républicaine, ce n'est pas l'uniformité. L'égalité, c'est le combat entrepris pour que chacun, dans une situation égale, bénéficie des mêmes droits. Doit-on rappeler le combat mené pour assurer l'égalité entre hommes et femmes en termes de salaires et de responsabilités ?

La lutte contre la discrimination est un complément indispensable pour permettre l'intégration de toutes les différences pour faire la société. Aucun geste, aucune mesure, aucune parole ne peut être toléré pour écarter celui qui est différent, qu'il soit blanc, noir, arabe, musulman, chrétien, agent de la fonction publique ou salarié du secteur privé.

Enfin, la différence est une richesse incommensurable. Quelques faits... Si l'on observe son entourage, on peut noter combien chacun veut être différent de l'autre. J'ai une maison standard mais, pour être différent, je vais ajouter un chapiteau, des aigles napoléoniens devant la porte ou un lion accueillant. Combien de gestes de la vie, de postures nous conduisent à rechercher la différence ? En fait, nous existons parce que nous sommes différents. Prenez une ramette de papier. Les feuilles qu'elle contient n'existent pas puisque c'est une ramette que l'on voit. Mais si l'on enlève une feuille de cette ramette, alors elle apparaît comme une feuille, elle existe enfin pour sa fonction. L'homme n'est pas différent. Il a besoin pour vivre d'exercer sa fonction et donc d'exprimer ses différences.

Revenons à présent au débat sur les retraites.

Doit-on uniformiser les régimes, les montants, les annuités, que sais-je encore ?


Combien gagne un ingénieur ou un technicien dans le privé ? Quelle est sa fonction, son métier, son lieu de travail ? Combien gagne un ingénieur ou un technicien dans le public ? Quelle est sa fonction, son métier, son lieu de travail ? Il faut aligner les rémunérations ? les retraites ? Donc les fonctions, les métiers, le travail ? Absurde (sauf pour le gagnant).

Combien gagne un plombier dans le secteur privé et combien dans le secteur public ? Dans le public c'est juste au dessus du SMIC. Il faut aligner les retraites ? Absurde (sauf pour le gagnant).

Combien gagne un chef d'entreprise dans le privé qui encadre 1 000 salariés et combien dans le public ? Vous voulez aligner les retraites ? Absurde (sauf pour le gagnant).

C'est donc un faux débat. Les différences sont la nature même de l'emploi, du lieu de son exercice, du salaire versé, des cotisations payées, du temps de travail, de durée de carrière effectuée, de la pénibilité etc.

Les droits de chacun se sont construits au fil du temps et tiennent compte des spécificités des uns et des autres, que seuls les uns et les autres sont en mesure d'apprécier.

L'important réside dans le fait que les uns et les autres bénéficient, là ou ils se trouvent, des mêmes droits que les uns et les autres qui sont au même endroit. C'est l'égalité.

L'un regarde les éventuels avantages de l'autre sans jamais considérer les siens comme tels !


C'est normal. Warren Buffet, l'un des plus grands milliardaires de la planète, a déclaré : « La guerre des classes existe. C'est nous qui la menons et nous sommes en train de la gagner ».

Si nous continuons, bientôt nous serons identifiés par notre uniforme.

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