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Euro Cargo Rail (E.C.R.) : la direction suspend l'application des règles conventionnelles et du Code du Travail
- La direction de l'entreprise privée ECR (propriété d'un fond de pension britannique détenu et contrôlé par le groupe allemand DB) justifie cette demande par la situation exceptionnelle causée par le conflit à la SNCF.
Voici l'extrait de la note à tous les personnels...
« Du 19 avril au 25 avril, l’ensemble des cadres, des planificateurs, des conducteurs et des AFR doivent tout mettre en œuvre pour assainir la situation.
Nous allons, dans cette démarche, faire appel à votre assistance, votre solidarité et votre disponibilité car c’est sur le terrain que repose tout l’enjeu de l’avenir de notre société.
Pour y parvenir, voilà ce que nous vous demandons :
- Pendant cette semaine, décisive pour notre avenir à tous, nous n’établirons pas de planification prévisionnelle afin de pouvoir garder l’ensemble de nos ressources disponibles pour assainir cette situation le plus rapidement possible.
- Une disponibilité maximale afin de revenir à une situation normale au niveau national.
- Répondre systématiquement au téléphone afin de permettre aux planificateurs d’anticiper sur les plans de transport et vous permettre de mieux vous organiser sur le plan personnel. »
Toutefois, la direction n’hésite pas à ajouter « nous sommes aujourd’hui dans une phase transitoire de réorganisation, de rodage (organisation matérielle, apprentissage des trafics par les nouveaux planificateurs) et la situation ci-dessus ne nous aide pas du tout ».
Cette demande, formulée façon instruction, n’a pas manqué de soulever un véritable tollé syndical, dans la mesure où cette entreprise est particulièrement connue pour ne pas respecter les délais de prévenance de ses salariés (plus particulièrement roulants), leurs pauses, leurs conditions de travail, et qui connaissent pour la plus grande partie d’entre eux une situation de crise quasi-quotidienne sans qu’il y ait de conflit dans l’entreprise publique historique.
Première réaction syndicale de la part de la CFDT qui déclare que les salariés sont « surpris et scandalisés, qu’une décision, de suspendre, les règles de base du Code du Travail et conventionnelles, ait été prise s aussi brutalement, et cela sans aucune concertation avec l’ensemble des représentants du personnel. Toutes ces règles sont garantes de la santé des salariés, et de la sécurité et des circulations. Les représentants élus et syndicaux, ont toujours été, disponibles pour toute discussion, et à même de répondre aux interrogations de la direction. Une telle attitude, est la négation même de notre démocratie sociale. Euro Cargo Rail, s’enorgueillit auprès de autorités politiques et de ses clients, d’avoir un dialogue social, même s’il n’est pas toujours apaisé, cela tendrait à prouver de la bonne santé sociale de la société ».
Et la CFDT de nommer cette instruction comme « un marché de dupes ou les salariés en font les frais ».
Rupture du contrat de travail
Pour le syndicat, « force est de constater que le fait de ne pas informer, ni consulter les représentants du personnel élus démocratiquement, est perçu par la CFDT comme une rupture du contrat social ».
Le syndicat CFDT n’a pas hésité à profiter de cette communication d’entreprise pour souligner les carences dans l’entreprise.
« Effectivement, nous avons bien constaté que notre exploitation est très perturbée. Mais pas seulement depuis plusieurs jours ! Cela fait depuis plusieurs mois que les organisations syndicales et représentants du personnel tirent la sonnette d’alarme.
Cette exploitation perturbée a d’ailleurs conduit les représentants au CHSCT de Nancy, à déclencher une alarme de « danger grave et imminent » lié aux dépassements outranciers des horaires de travail journalier et des repos réduits. Cette exploitation perturbée a conduit les représentants du personnel à alerter quotidiennement nos dirigeants, aussi bien au niveau des DP que du comité d’entreprise. Cette exploitation perturbée a conduit à une augmentation vertigineuse des accidents du travail et des malaises psycho-sociaux ».
Ce qui est en cause c’est bien « la disponibilité 24h/24h, 7 jours sur 7 ». Quant au syndicat national des agents de conduite F.G.A.A.C., il dénonce l’attitude dilatoire de la direction d’E.C.R. en précisant que « le conflit à la SNCF a bon dos », et poursuit en indiquant que ce qui est en cause, c’est bien « la disponibilité 24h/24h, 7 jours sur 7 ».
Pour cette organisation, la « politique du flux tendu, la stratégie commerciale » sont en cause. Elles produisent toutes les « incohérences » actuelles dans l’organisation du travail.
La F.G.A.A.C. dénonce la « course au moins-disant social » véritable « dumping » consistant « à vendre les produits à perte afin d’éliminer les concurrents et de prendre les parts de marchés ».
Le syndicat national F.G.A.A.C. déclare son « opposition à la multiplication des risques, à la mobilité géographique sur tous les sites de production en France, et aux pressions managériales… ».
La F.G.A.A.C. conclue en répondant « non à cette lettre provocatrice du directeur des opérations » d’E.C.R. et « oui à une construction saine » de l’entreprise.