Organisations
Eure : les syndicats refusent leur expulsion
Dans le département de l'Eure, huit organisations syndicales sont menacées d’expulsion des locaux de la Bourse du travail et laissées sans solution de relogement.
Près de 2 000 salariés venus des différents lieux en Normandie manifestaient ce 9 novembre à Evreux, pour défendre la liberté de l’activité syndicale, fondamentale en démocratie.
Qu'en est-il ?
Logés depuis 1928 dans ce bâtiment, les syndicats sont menacés de prochainement devoir rendre les locaux. La municipalité compte en effet les détruire et réaliser une opération immobilière sur le terrain du site. La question du relogement des syndicats en débat depuis des mois a, elle, viré au conflit.
La date d’expulsion des syndicats (initialement fixée au 6 décembre prochain) vient toutefois d'être repoussée de six mois sur intervention du préfet.
Celui-ci a aussi annoncé une réouverture rapide des discussions entre les parties : syndicats, collectivités et préfecture.
Si elles ne règlent encore rien, ces deux mesures constituent au moins un premier pas vers l’apaisement et la recherche d’une solution.
David Lecomte, secrétaire général de l’union départementale FO de l’Eure, indique avoir obtenu ces avancées grâce à la mobilisation. En novembre 2015 déjà, près de 300 militants avaient manifesté leur mécontentement dans l’enceinte du conseil département. Toutefois, depuis cette date, aucune solution de relogement des syndicats n’a été trouvée.
« Il faut sortir de l’anti-syndicalisme primaire ».Trois propositions de relogement ont bien été faites aux organisations mais elles étaient sans issue.
- Un premier local proposé contenait de l’amiante.
- Un deuxième, situé dans un ancien carmel, nécessitait un réaménagement au péril de faire cohabiter les syndicats sur une surface ouverte, en style « open space ». Le dernier changement de majorité politique au sein de la municipalité et du conseil départemental a finalement eu raison de ce projet, désormais abandonné.
- Troisième et dernière proposition ? Un local à l’étage d’une école désaffectée. Mais celui-ci était trop petit et amianté de surcroît. Ce relogement aurait aussi contraint les syndicats à supporter un bail aléatoire. Ils ont donc décliné cette proposition.
Le conseil départemental et la mairie ne veulent pas régler la situation. Ils se renvoient la balle, déplore David Lecomte.
« J’appelle la mairie et le conseil départemental à revenir sur terre et à sortir de l’anti-syndicalisme primaire », a résumé pour sa part Jean-Claude Mailly, apportant le soutien de la confédération FO avec Pascal Pavageau, lors de cette manifestation.
Le secrétaire général de FO en a profité pour rappeler quelques vérités. « Les restrictions budgétaires ont mené à une diminution de l’ordre de 30 % de l’activité de l’Inspection du travail dans l’Eure. Souvent la direction de la DIRECCTE [dont dépendent les services de l’Inspection du travail] conseille au salariés de consulter les organisations syndicales pour obtenir des renseignements. Cela veut dire que les organisations syndicales font un travail d’intérêt particulier mais aussi d’intérêt général. Cela justifie pleinement que, conformément à l’histoire des bourses du travail, les syndicats soient correctement et décemment logés ».