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03 / 06 / 2015 | 8 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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Digitalisation : la quatrième révolution industrielle a commencé

Digitalisation : le mot désigne le stockage de données sur des supports mobiles (smartphones, tablettes…). Un grand progrès et le moyen de travailler par-delà les limites du temps, de l’espace et du Code du travail. Evelyne Salamero, journaliste à FO Hebdo a analysé l'évolution du processus...

En 2013, un milliard de smartphones auraient été vendus dans le monde, soit 35 % de plus qu’en 2012, dépassant les ventes des simples téléphones portables qui, eux, ne permettent pas de se connecter à internet (source : Orange Business). Plus de 4,2 milliards de personnes utiliseraient leurs terminaux mobiles (smartphone mais aussi tablette et ordinateur portable) pour accéder aux réseaux sociaux. Cet engouement gagne aussi de plus en plus les entreprises, qui voient là une opportunité sans précédent d’augmenter la productivité. Au point que l’on parle de « 4ème révolution industrielle ».

Les salariés équipés de terminaux mobiles deviennent employables par-delà les limites du temps et de l’espace. En 2011, 73 % des cadres déclaraient travailler hors de leur bureau. Parmi eux, 58 % le faisaient le soir, 50 % le week-end et 26 % pendant un arrêt maladie (sondage OpinionWay pour les éditions Tissot).

Aujourd’hui, au-delà des cadres, des techniciens d’intervention et des commerciaux, les entreprises cherchent à étendre ces « nouveaux modes de travail » au plus grand nombre possible de catégories de salariés.

Le droit à la déconnexion ne suffit pas

Pourtant, Bruno Mettling, DRH d’Orange, défendait le « droit à la déconnexion » dans les colonnes du Figaro en septembre 2014. Mais Éric Péres, secrétaire général de FO cadres, met en garde : « Le droit à la déconnexion peut cacher autre chose. En contrepartie l’employeur peut devenir plus intrusif pendant le temps de connexion, vouloir surveiller, contrôler et mesurer davantage le degré d’investissement et la productivité de chaque salarié. L’important, c’est le droit au repos et à une certaine opacité, même pendant le temps de connexion ». 

En mars 2014, dans les colonnes du Monde cette fois, Bruno Mettling déclarait : « On ne pourra plus parler en nombre d’heures ou de jours, ce qui impose de repenser le Code du travail, marqué par des références au temps et au lieu de travail ». Philippe Charry, de la fédération FO com, explique au contraire « que le droit à la déconnexion ne suffit pas et qu’il faut renforcer le Code du travail pour que la digitalisation permette d’améliorer les conditions de travail et ne les aggrave pas ». Pour la fédération, qui organise un colloque le 25 juin au siège de la confédération sur ces questions, limiter le temps de connexion ne résoudra pas le problème d’objectifs trop élevés pour pouvoir être réalisés dans la durée de travail légale ou contractuelle, ce qui pousse les salariés à travailler chez eux ou ailleurs.

Derrière les mots

  • L’« ATAWADAC », « anytime, anywhere, any device, any content », soit « tout le temps, partout, sur tout support, tout contenu », concept traduit par le néologisme « mobiquité ».
  • Les « tiers lieux de travail » : ni l’entreprise, ni le domicile mais les cafés, les salles d’attente, le train…
  • Digitalisation (anglicisme, digit signifie doigt et chiffre en anglais) et numérisation désignent la même chose : la traduction de textes, images ou sons en nombres et caractères qui pourront être traités par informatique.
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