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17 / 05 / 2016 | 9 vues
Pauline D'orgeval / Membre
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Inscrit(e) le 13 / 05 / 2016

Deuxième avis médical sur internet : « nous nous inscrivons dans un mouvement de démocratisation de la santé »

Quel est le projet de deuxièmeavis.fr ?
Notre projet est simple : rendre l’expertise médicale de haut niveau plus accessible grâce à internet. À travers notre site, les patients et leurs médecins traitants peuvent obtenir un deuxième avis médical, en moins de 7 jours, auprès de médecins reconnus. Il ne s'agit pas d'annoncer un diagnostic en ligne mais d'obtenir un autre regard d'expert sur les traitements à entreprendre, dans le cadre d'une maladie déjà avérée et sur la base d'un dossier médical approfondi et personnalisé. Entrepreneuses et militantes, nous avons structuré notre projet autour de quelques idées simples mais fortes.

Avez-vous identifié un vrai besoin sur le sujet ?
Oui, à l’évidence : pour les patients, accéder à l'avis d'un expert est un atout essentiel pour aborder dans les meilleures conditions une opération ou un traitement lourd. Nos histoires personnelles, comme celles de milliers de familles, ont été marquées par un deuxième avis médical qui, à un moment donné, a tout changé. Ce deuxième avis est une pratique courante des médecins entre eux, qui mérite toutefois, en France, d'être mieux organisée et ouverte à tous. Telle est notre philosophie.

Qui sont les médecins qui dispensent ainsi des « deuxièmes avis » via votre site ?
C’est le deuxième pilier de notre projet : tous nos experts sont reconnus au niveau national voire international et ont été sélectionnés sur la base de critères validés par un conseil scientifique présidé par le Professeur Laurent Degos, ancien président de la Haute Autorité de Santé. Aujourd’hui, si vous ne vivez pas au bon endroit, si vous n’avez pas de relation dans le milieu élitiste de la santé et si vous souffrez de problèmes de mobilité, accéder à une telle expertise est une gageure. Au mieux, il faut attendre des semaines ou des mois, parfois vous déplacer à des centaines de kilomètres… Tout cela à l’heure d’internet !

Quelles garanties apportez-vous aux patients et aux médecins ?
Dès la conception du projet il y a plusieurs années, nous avons voulu assurer le plus haut degré de protection aux patients et aux médecins qui nous font confiance. Pour cela, sur chaque volet de notre projet, nous avons choisi d’appliquer le plus haut niveau d’exigence, d’abord pour respecter les règles existantes, ensuite pour créer des standards rigoureux quand les règles n’existent pas. C’est cela, innover ! Des années ont été nécessaires mais nous avons voulu mettre tous les atouts de notre côté : accompagnement par des professionnels de santé respectés, échanges en amont avec le Conseil national de l’Ordre des médecins, utilisation d’un hébergeur de données de santé agréé par l’État, autorisation de la CNIL, convention avec l’ARS Île-de-France etc.

Pourtant, votre service suscite de nombreuses critiques…
C’est malheureusement vrai, même si nous rencontrons aussi de nombreux soutiens. En décembre 2015, nous mettions notre service en ligne, sans tambour ni trompette : après quelques jours, le monde médical s’est enflammé, la polémique a enflé, les médias ont tourbillonné… Nous avons été surprises mais, après tout quand on innove, on suscite le débat et il faut y répondre. Nous expliquons donc notre philosophie, notre projet. Mais surtout : le prix, de 295 €.

Que faites-vous pour lever l’obstacle du prix ?
Nous refusons que ce prix soit un frein. Pour cela, nous développons des partenariats avec des complémentaires de santé permettant de rembourser ce deuxième avis, comme il l’est aux États-Unis dans le cadre de l’Obamacare.

Pour aller plus loin encore, nous souhaitons proposer aux acteurs publics de la santé (centres de lutte contre le cancer, hôpitaux, réseaux de soins) d’envisager les modalités de mise à disposition de la plate-forme pour répondre à certains besoins reconnus : organiser l’accès à un deuxième avis tel que recommandé par le dernier « plan cancer », offrir un outil efficace de préparation des rendez-vous avec un spécialiste, agréger des réseaux de soins…

Mais notre prix cristallise toutes les critiques, tous les fantasmes… Nous expliquons inlassablement la composition de ces 295 € (rémunération du médecin, coût du système sécurisé, TVA), nous montrons que c'est souvent la solution la plus économique, qu’il est moins élevé que ceux de nos homologues étrangers… Las, nous sommes en France : parler d’argent est déjà périlleux mais alors en santé...

Comment voyez-vous l’avenir de deuxièmeavis ? Êtes-vous confiante dans la possibilité d’installer durablement un tel service dans le paysage français de la santé ?
Nous avons bien conscience de déranger des habitudes, de mettre en cause des prés carrés… Mais nous sommes convaincues de répondre à une attente de fond, de nous inscrire dans un mouvement de démocratisation de la santé : permettre au patient de s’informer pour fonder ce que l’on appelle depuis la loi Kouchner son « consentement éclairé ».  Notre innovation repose autant sur la technologie que sur cette idée.

Il est évident que, dans un avenir proche, cette démarche s’imposera. Nous représentons donc une chance de voir une initiative française pionnière, sérieuse, valorisant l’expertise médicale de haut niveau, contribuer à fonder les standards d’un service utile aux patients, aux médecins et au système de santé. Pourquoi l’en empêcher par principe ? Voulons-nous laisser le champ de l’e-santé exclusivement aux géants internationaux du web ? Nous sommes prêtes à en débattre et à adapter notre projet par nature évolutif. Cela suppose de dépasser les caricatures et de se projeter dans un avenir où le patient, dans le monde de la santé, n’aura plus la même place qu’hier…

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