En trente ans, la proportion de salariés dont le rythme de travail est déterminé simultanément par au moins trois contraintes (hors contrôle ou suivi informatisé) a beaucoup augmenté, souligne une étude de la DARES datée de juillet 2014. De 6 % en 1984, elle est passée à 35 % en 2013. En 1984, certaines contraintes caractérisaient plutôt les emplois dans l’industrie et d’autres, les emplois dans les services.

Les frontières sont beaucoup plus floues aujourd’hui, révèle l'étude, et près d’un tiers des salariés cumulent désormais des contraintes de type marchand :

- avoir son rythme de travail contraint par une demande extérieure (clients, public...) obligeant à une réponse immédiate

Au départ très centré sur l'univers industriel, le questionnaire a beaucoup évolué, pour notamment mieux s'investir dans l'univers de services. À partir de 1991, il s'est enrichi des facteurs de « charge mentale » et des « marges de manœuvres dans l'exécution des consignes ». Il n'est pas étonnant de constater que de plus en plus de salariés se plaignent de devoir interrompre une tâche pour en accomplir une autre. Entre 2005 et 2013, il semble que le travail soit de plus en plus bousculé mais aussi plus exigeant en termes de vigilance, soulignent les auteurs. Surtout, l'intensification du travail a été plus marquée dans la fonction publique, fonction hospitalière en tête. La part des salariés (agents) exposés à au moins trois contraintes de rythme est passée de 21 % à 29 %. Elle a évolué dans le même temps de 34 % à 37 % dans le secteur privé.

Vers une périodicité accélérée
L'enquête « conditions de travail » est organisée par la DARES depuis 1978. Elle est renouvelée tous les sept ans mais un nouveau dispositif prévoit de mener tous les trois ans, en alternance, une enquête sur les conditions de travail en général et une enquête centrée sur les risques psychosociaux au travail. La dernière édition a été menée d'octobre 2012 à mars 2013.