Participatif
ACCÈS PUBLIC
24 / 10 / 2025 | 14 vues
Valérie Forgeront / Membre
Articles : 66
Inscrit(e) le 04 / 11 / 2019

Économies : la sphère de l’État en cible facile

Les récents gouvernements ont tous voulu baser la résorption du déficit public et la réduction de la dette sur l’abaissement massif des dépenses publiques. En visant notamment l’État et ses opérateurs.

 

Le gouvernement Attal prônait ainsi pour 2023 une baisse des dépenses de l’État de 2,5 % en volume. En 2024 était actée pour l’État une économie de 10 milliards d’euros. Idem pour 2025 (avant la démission du gouvernement, à la suite de la dissolution de l’Assemblée).

 

Le gouvernement Barnier, avant de tomber, prévoyait lui un effort de 40 milliards d’euros sur les finances publiques avec une baisse des dépenses autour de 30 milliards et en mettant entre autres dans le viseur les opérateurs de l’État.

 

Le gouvernement Bayrou préconisait lui un effort de 43,8 milliards d’euros en 2026, toujours principalement par une baisse des dépenses. Avec encore une économie de 10 milliards d’euros infligée à l’État et ses opérateurs, certains devenant encore plus menacés dans leur existence.

 

Services et agents toujours plus malmenés

 

Sébastien Lecornu projetait lui, initialement, que le déficit public soit ramené à 4,7 % du PIB en 2026 (à moins de 5 % était-il envisagé ces derniers jours), soit un effort autour de 30 milliards d’euros. Était évoquée (avant sa démission le 6 octobre) une réduction des dépenses de l’État à hauteur de 6 milliards.

 

Tous ces gouvernements, rapidement devenus démissionnaires, ont visé la sphère de l’État dans ses moyens.

 

Rien que depuis 2024, cela s’est traduit par des crédits de missions en baisse de plusieurs milliards d’euros (hors quelques secteurs), par des suppressions de postes, par un nouveau gel des salaires indiciaires des agents, par la suppression de la GIPA (système de garantie du pouvoir d’achat), ou encore la baisse d’indemnisation des arrêts maladie courts.

 

De quoi dégrader encore l’état des services publics et aggraver le manque d’attractivité des carrières publiques.

Afficher les commentaires

Lors de son interview télévisée du 13 mai 2025, le Président de la République s’est exprimé sur la baisse des dépenses publiques. Tout en refusant d’augmenter les impôts, il a confirmé un effort de redressement des comptes publics par le biais notamment des suppressions de postes dans l’ensemble de la fonction publique.

 

A une des questions posées au Président quant à la suppression des statuts territoriaux et hospitaliers comme remède pour redresser les comptes publics, celui-ci est resté sans réponse, évoquant les doublons dans les collectivités et la simplification des normes dans les entreprises. Qui ne dit mot consent ?

 

Pour rappel, la loi de transformation de la fonction publique de 2019 a déjà facilité le recours aux contractuels fragilisant le statut de l’ensemble de la fonction publique. Le gouvernement continue de la considérer comme une variable d’ajustement budgétaire.

 

Force Ouvrière rappelle son attachement indéfectible au maintien des statuts de l’ensemble des fonctionnaires afin de garantir un service public républicain de qualité sur l’ensemble du territoire.

 

Le budget Lecornu est une saignée pour la fonction publique, fulminait le 15 octobre la Fédération générale des fonctionnaires FO. Les dépenses de l’État baisseront en 2026, martèle de son côté le gouvernement. Et cela va se traduire par une baisse en valeur des crédits ministériels, dont ceux affectés au financement des opérateurs.

Cet effort exemplaire requiert un pilotage resserré de la masse salariale de l’État et une maîtrise de son train de vie, une rationalisation et un recentrage des dépenses des opérateurs ainsi que de certaines aides.

La mise en place de la mission État efficace contribuera également au respect de cet objectif en 2026.

 La FGF-FO liste les mesures austères concernant, spécifiquement ou non, les 5,7 millions d’agents publics, fonctionnaires et contractuels, et les pensionnés du public. Ainsi est décidé une une troisième année blanche.

En clair, comme depuis 2024, aucune revalorisation générale des salaires indiciaires. FO ne cesse de demander cependant une hausse immédiate du point d’indice à hauteur de 10 % et une revalorisation de la grille des trois catégories (A, B et C). Cela entre autres pour contrer le phénomène de Smicardisation des salaires dans le public. Le pouvoir d’achat du point a ainsi reculé de 31,5 % en vingt-cinq ans.

 

Les effectifs publics sont aussi impactés avec la suppression annoncée de 3 119 postes en 2026 dont 1 735 postes ETP chez les opérateurs. À l’Éducation nationale, souligne la FNEC FP-FO, si 5 400 emplois supplémentaires sont annoncés, ce n’est qu’un trompe-l’œil. Par la réforme des concours d’enseignants, les élèves fonctionnaires de master 1 ne seront pas dans les classes et les besoins en enseignants ne seront donc pas comblés. Le manque de postes se chiffre à plus de 4 000, soit pire qu’en 2025.

 

L’austérité appliquée au public vise aussi les retraités avec un gel des pensions.

 

Est maintenue aussi la baisse de 10 %, déjà en vigueur, de l’indemnisation des arrêts maladie de moins de trois mois.

 

La FGF-FO note aussi la baisse de 15 % des crédits de l’action sociale interministérielle, alors que l’appauvrissement des agents est patent.

 

Par ailleurs, la taxation des cotisations de mutuelle, à hauteur d’un milliard d’euros, risque d’avoir rapidement une répercussion sur les tarifs des contrats signés par les ministères avec les opérateurs, dans le cadre de la réforme de la protection sociale complémentaire (PSC). Illustration encore de l’austérité, la mise en place de la PSC dans l’hospitalière est repoussée à 2028.