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09 / 11 / 2023 | 110 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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« Nous souhaitons porter une politique d’investisseur engagé et une voix indépendante, différenciante et audible sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance » - Jean-Pierre Grimaud, Ofi Invest

Entretien avec Jean-Pierre Grimaud, Directeur Général d’Ofi Invest sur l'importance du suivi de la bonne gouvernance des émetteurs.

 

Ofi Invest a été officiellement créé en septembre 2022…en quelques mots, pouvez-vous nous présenter le groupe.

 

Issu du regroupement des activités du Groupe Ofi, d’Abeille Asset Management, d’Abeille Real Estate Investment Management et d’Aéma REIM, Ofi Invest est aujourd’hui le 5ème groupe français de gestion d’actifs. Il constitue l’unique pôle de gestion d’actifs et l’une des 4 marques d’Aéma Groupe aux côtés de Macif, Abeille Assurances et Aésio Mutuelle. Ofi Invest compte aujourd’hui plus de 600 collaborateurs engagés au service d’investisseurs institutionnels et particuliers servis par des réseaux et partenaires de distribution, en France et à l’international. Le groupe intègre l’ensemble des métiers de la gestion d’actifs cotés et non cotés, y compris la gestion immobilière, organisés en un modèle multi-expertises reposant sur des marques fortes.

 

Comment définiriez-vous l’identité d’Ofi Invest ?
 

Nous souhaitons porter une politique d’investisseur engagé et une voix indépendante, différenciante et audible sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance.  Ofi Invest entend ainsi avoir un rôle d’investisseur et d’actionnaire actif, socialement et écologiquement responsable et contribuer à la transformation de l’économie sur le long terme, en offrant des solutions performantes, utiles et responsables au profit d’une économie que l’on souhaite plus vertueuse.
 

Nous privilégions les opportunités d’investissement durable, tout en accompagnant les sociétés dans leur transformation ESG, y compris dans le domaine de la gouvernance d’entreprise. La finance joue un rôle moteur et accélérateur en orientant les investissements vers des acteurs qui portent l’avenir et s’engagent dans la transition énergétique, écologique et sociale.

 

Nous ne négligeons pas pour autant notre développement et notre performance économique via la compétitivité de nos offres et la qualité de nos services dans le domaine de la gestion d’actifs, avec une démarche d’innovation affirmée au profit de tous les types de clientèle, qu’il s’agisse de particuliers ou d’institutionnels.

 

Comment traduisez-vous ces engagements ?
 

Chez Ofi Invest Asset Management, qui regroupe nos gestions « cœur » suite à la fusion de deux références de la gestion d’actifs, Ofi AM et Abeille Asset Management, l’investissement responsable se déploie dans la plupart de nos processus de gestion grâce à différents dispositifs.  Pour nous, la bonne gouvernance d'une entreprise est fondamentale. Elle permet d'assurer sa bonne gestion, de créer de la valeur et de protéger les intérêts de toutes ses parties prenantes (actionnaires, clients, salariés fournisseurs…). Nos pratiques en matière de gouvernance, d’exclusion, d’intégration ESG dans la gestion et d’engagement (dialogue et vote) permettent de faire progresser notre démarche d’investisseur responsable. Plus de 62% de nos encours répondent aux classifications Article 8 et 9 selon la règlementation SFDR[1]
 

Concrètement, quelle est votre approche sur la nature des investissements ?

 

Pour déterminer si un investissement est responsable ou non, nous pouvons adopter différentes approches : la notation ESG des émetteurs, le suivi des controverses, les exclusions sectorielles ou normatives ou encore le vote et l’engagement actionnarial

 

  1. Tout d’abord la notation ESG. Étudier la manière dont l’entreprise adresse ses enjeux environnementaux sociaux et de gouvernance, permet de se prémunir de risques sur le long terme. Ofi Invest Asset Management a ainsi mis en place un modèle de notation propriétaire, qui tient compte des enjeux les plus matériels au sein de chaque secteur d’activités. Une entreprise dans l’industrie n’aura pas les mêmes défis à relever qu’une entreprise du secteur tertiaire. La première aura un certain nombre de problématiques à relever sur le plan environnemental, comme la lutte contre le changement climatique ou la gestion des déchets. Pour la seconde, un acteur de la finance, par exemple, nous donnerons plus de poids à ce qui touche à l’éthique des affaires, comme les procédures de lutte contre la corruption ou le blanchiment d’argent, ou l’information dispensée aux clients sur les risques liés à des produits financiers par exemple.

 

  1. Le suivi des controverses est également important. La presse et les sources spécialisées relèvent chaque jour des événements tels que des manquements à l’éthique des affaires (abus de position dominante, corruption, évitement fiscal), des soucis de sécurité liés aux produits (scandales alimentaires, sanitaires) des pollutions causant des dommages, financiers, écologiques, humains… Les exemples de controverses ne manquent pas.  Avec parfois des conséquences lourdes pour l’entreprise, comme des amendes, ou des procès. Il est nécessaire autant que faire se peut de rentrer en contact direct avec les entreprises pour obtenir des éléments sur leur gestion du risque, et ainsi apprécier non seulement la sévérité de la controverse mais aussi la gestion dans son ensemble des risques liés à celles-ci (réputationnel, ; financier, opérationnel etc.)

 

  1. Les exclusions sectorielles et normatives. Nos exclusions sectorielles portent sur les secteurs du tabac, de l’huile de palme, des armes controversées, du charbon et du pétrole. Nous envisageons d’adopter prochainement une politique sur les biocides et produits chimiques dangereux. Nous avons également un politique d’exclusion normative pour les émetteurs impliqués dans des controverses relatives à au moins un des dix principes du Pacte mondial et qui n’apportent pas de mesures de remédiation appropriées.

 

  1. Reste ensuite le vote en Assemblée générale et l’engagement actionnarial sur différentes thématiques de durabilité. Ces engagements peuvent être menés individuellement par une société de gestion avec une entreprise en particulier, mais ils peuvent aussi être collaboratifs. En ce cas, plusieurs investisseurs désireux de se positionner sur une thématique se réunissent par le biais d’une coalition menée par l’un d’entre eux ou par des organismes externes (organismes de place, acteurs de la société civile, confédération syndicale, ONG etc.)

 

Sur la gouvernance ?

 

La gouvernance est un volet important de la notation ESG. Nous la considérons comme étant un des piliers de la durabilité pour les entreprises. En effet, d’une bonne gouvernance découle la bonne prise en compte des risques sociaux et environnementaux. Mais cette bonne gouvernance est aussi suivie via les controverses, le vote et l’engagement. Nous avons publié une politique qui détaille la façon dont nous suivons la bonne gouvernance des émetteurs.

 

S’agissant du vote en Assemblée générale, il permet aux investisseurs actionnaires d’approuver ou non la composition du Conseil d’administration ou de surveillance, la stratégie financière de l’entreprise, l’affectation du résultat, la politique de rémunération des dirigeants ou encore la prise en compte de facteur de durabilité dans la stratégie de l’entreprise.

 

Comment pouvez-vous enfin agir sur le comportement et la politique des entreprises ?

 

Le vote en Assemblée générale constitue une forme d’action. Par son vote, l’actionnaire affirme ses valeurs, ses convictions. Celles-ci sont publiques, les sociétés de gestion sont tenues de publier leur politique d’engagement actionnariale et de vote[2] et les résultats des votes par fonds.
 

En assemblée générale, nous pouvons ainsi s’opposer à certaines orientations ou décisions des entreprises en portefeuille, se prononcer sur la nomination de personnes à certains postes d’administrateurs, lors de cumuls de mandats, par exemple, ou encore contre des rémunérations de dirigeants qui paraissent excessives au regard de seuils déterminés et de codes de bonnes pratiques.
 

En tant qu’actionnaire, nous pouvons aussi agir en déposant des résolutions ou en inscrivant des points à l’ordre du jour pour faciliter le dialogue entre émetteurs investisseurs.

 

Pouvez-vous nous donner quelques exemples :

 

En 2023, Ofi Invest Asset Management a participé aux dépôts de deux résolutions climatiques, pour demander à Engie et Total Energies (TE) de publier des indicateurs, y compris sur ses émissions indirectes en ce qui concerne TE, permettant d’apprécier la stratégie climatique de ces sociétés au regard d’un scénario de réchauffement climatique limité à 1.5°C. Ces résolutions ont recueilli 23.64 % et 30.88% des votes respectivement. Cette année ces sujets ont gagné en visibilité et ont reçu un soutien plus important de la part des actionnaires.


Nous avons également soutenu un groupe d’actionnaires pour présenter un  point à l’ordre du jour lors de l’Assemblée Générale de Carrefour portant sur les clarifications liées au calcul des émissions indirectes de gaz à effet de serre du groupe. L’entreprise a d’ailleurs fait un effort de transparence et de dialogue en amont et au cours de l’assemblée générale sur ces sujets.

 

A noter que depuis le début de l'année et la création d'Ofi Invest Asset Management, nous avons reçu :
 

Aux Trophées de la Finance Responsable 2023 – Investissement Conseils : Le 1er prix/ dans la catégorie Actions à impact social pour le fonds Ofi Invest Act4 Social Impact
 

Et aux Prix de la Finance Verte Décideurs Patrimoine 2023 : le Trophée d’Argent pour Ofi Invest Asset Management

 

[1]Le règlement SFDR de l'UE qui vise à donner une meilleure lisibilité des caractéristiques extra-financières des fonds d'investissements, en particulier leurs impacts environnementaux. Il oblige les gestionnaires d'actifs et les conseillers en investissement à publier des informations spécifiques quant à la manière dont ils prennent en compte deux considérations essentielles : les risques en matière de durabilité et les principales incidences négatives.

 

[2] Cette obligation est réglementaire au sens des articles L.533-22 et R.533-16 du Code monétaire et financier transposant la directive UE 2017/828 du Parlement européen et du Conseil (« SRD2), et conforme à l’Article 321-132 du règlement de l’Autorité des marchés financiers (AMF), ainsi qu’aux positions-recommandations de l’AMF DOC-2005-19 et DOC-2020-03

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Groupe VYV / Partenariat avec Ofi Invest dans la gestion d'actifs

 

Le Groupe VYV et Ofi Invest Asset Management ont conclu un partenariat de long terme dans le domaine de la gestion d’actifs. Afin de faire bénéficier aux adhérents et aux organismes du groupe de l’effet de taille d’un gestionnaire d’actifs français compétitif, le Groupe VYV a interrogé les acteurs du marché sur la base d’un cahier des charges exigeant. A l’issue de cette consultation, le Groupe VYV a choisi Ofi Invest Asset Management comme délégataire unique de gestion de ses valeurs mobilières.