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02 / 03 / 2023 | 81 vues
Fabien Brisard / Abonné
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Le sort de la réforme des retraites n’épuisera pas le sujet

Quelle que soit l’issue du débat au Parlement et des manifestations dans la rue sur la réforme des retraites, Régis de Laroullière, Membre du CRAPS – co-animateur des Forums Mac Mahon et Didier Bazzocchi, Vice-Président du CRAPS – Ancien Directeur général de MMA  ont souhaité nous faire partager  dès à présent quelques convictions et interrogations pour la suite.

 

Ils partent de deux constats :

 

Constat démographique :

 

– de 2021 à 2030, le nombre des 20-64 ans, en âge de produire, baissera de 500 000. Celui des plus de 64 ans augmentera de 2,5 millions ;

– de 2030 à 2040, le nombre des 20-64 ans baissera de nouveau de 500 000. Celui des plus de 64 ans augmentera encore de 2 millions.

 

Constat économique :
 

– d’où que viennent les revenus de ces 2,5 millions de plus de 64 ans additionnels à horizon 2030 et 4,5 millions à horizon 2040, nous aurons à nous partager à plus nombreux les biens et services produits par un moins grand nombre de personnes en âge de travailler, en dépit des gains attendus de productivité des facteurs de production ;

– le retour en activité des chômeurs pourra compenser globalement la diminution du nombre de personnes en âge de travailler ;

– mais l’augmentation du nombre des plus de 64 ans demeure. Ces 4,5 millions se comparent à 14 millions de plus de 64 ans en 2021 (1/3 en plus). Nous aurons inexorablement soit à travailler et produire davantage pour faire face à ces besoins additionnels, soit à nous partager, au moins mal, une moindre consommation par tête, en d’autres termes accepter une baisse du niveau de vie : celle-ci atteindrait 9% en moyenne en répartissant ces besoins additionnels sur l’ensemble de la population de 20 ans et plus.

 

Face à ce double constat, le projet de réforme concentre son horizon sur 2030. Il retient l’hypothèse du COR ( conseil d'orientation des retraites)  d’un taux de chômage réduit à 4,5% à cet horizon. Il vise en complément une augmentation du taux d’activité des 55-64 ans suffisante pour rééquilibrer les régimes de retraite : 300 000 personnes de plus en emploi en 2030.

 

Cette réforme laisserait le niveau d’activité des seniors dans notre pays très en dessous de ce qu’il est chez nos voisins, et le sujet de l’après 2030 ouvert. Mais l’opinion en grande majorité ne souhaite pas travailler plus longtemps, et l’opposition au Parlement et dans la rue est déterminée.

 

Le sort de la réforme des retraites n’épuisera pas le sujet, et qu’elle soit adoptée ou non, il faudra bien continuer de vivre ensemble et de nous partager au moins mal ce que nous produirons par notre travail réel.

 

C’est dans cette perspective que s’inscrit la présente interpellation :

 

Chers employeurs,

 

Dans la vraie vie, il n’y aura pas de travail additionnel des seniors si vous ne les employez pas, ou si les conditions de travail que vous leur offrez sont dissuasives.

 

Dès à présent, certains d’entre vous s’engagent, par exemple les signataires de l’appel de L’Oréal et du Club Landoy en faveur de l’emploi des seniors.

 

Pour les autres, nous comprenons mal vos réticences. Certes, vos situations sont variées. Mais dès aujourd’hui, un grand nombre d’entre vous peine à recruter. Les évolutions démographiques rappelées en introduction sont déjà à l’œuvre, et le marché de l’emploi va continuer de se tendre. Les observateurs notent que le rapport de forces en faveur des employeurs qui a prévalu avec le passage des générations nombreuses du babby-boom à l’âge de l’activité s’inverse, ces générations nombreuses passant à présent à la retraite.

 

Il nous semble de votre intérêt, quel que soit le sort de la réforme, de vous préparer individuellement et collectivement à recruter davantage et à conserver plus longtemps les seniors. Dès à présent, certains le font. Pourquoi ne pas vous donner le beau rôle en faisant preuve de davantage d’empathie à leur égard, et en indiquant que, dans la mesure de vos situations respectives, vous accompagnerez la montée en puissance de leur travail ?

 

Pour ce qui concerne la réforme elle-même, pourquoi la soutenir dans son principe, tout en confortant par une attitude plus que réservée à l’égard de l’emploi des seniors les inquiétudes de vos collaborateurs, et de nos concitoyens ?

 

Est-il optimal de vous arcbouter contre la perspective de contraintes réelles et administratives nouvelles, articulées autour d’un « index senior », certes technocratique et critiquable, plutôt que de proposer des alternatives, de type charte ou code de bonne conduite, voire « say on seniors ». Au titre de votre responsabilité Environnementale, SOCIALE et de Gouvernance, le développement de telles obligations de communication non financière n’est-il pas inéluctable ?

 

Parmi vous, nous pensons notamment aux employeurs de l’économie sociale : verriez-vous plutôt des inconvénients ou des avantages à avoir, en fonction de vos situations respectives, un rôle moteur dans l’évolution de l’attitude à l’égard de l’emploi des seniors ?

 

Chers salariés

 

Pour les raisons démographiques exposées en introduction, notre économie va avoir de plus en plus besoin de vous, quelles que soient vos domaines de compétence.

 

Certains d’entre vous souhaitent travailler plus longtemps, et ont la perception qu’ils sont exclus du marché du travail en raison de leur âge.

 

D’autres souhaiteraient travailler plus longtemps, mais constatent que les conditions de travail le rendent en pratique difficile.

 

Pour vous, convient-il de maintenir la situation actuelle en matière d’âge de la cessation d’activité ? Comment améliorer alors rapidement les conditions d’emploi des seniors et faire évoluer le regard porté sur eux ? Serait-ce plus facile et efficace si la réforme entrait en vigueur ?

 

D’autres parmi vous préfèrent avant tout maintenir l’âge actuel de cessation d’activité, voire le réduire, quitte pour certains à accepter une baisse de leur niveau de vie. En soi, c’est légitime. Mais est-ce si simple ?

 

En pratique, cela signifie que nous ne produirons pas à hauteur de la demande globale de biens et de services. Déjà, de nombreux secteurs peinent à recruter. Comment l’insuffisance de travail va-t-elle se répartir ?

 

Prenons par exemple le cas du système de santé. Nous n’arrivons déjà pas à résorber déserts médicaux et pénuries dans de nombreux services hospitaliers. Prendrons-nous alors les effectifs manquants sur l’éducation nationale, la police, la justice, la défense, les transports, la restauration, le logement, l’artisanat, les services à la personne, etc. ? Ces transferts semblent peu réalistes. Sommes-nous alors réellement prêts à ce qu’en pratique et malgré les efforts affichés par les pouvoirs publics, se développent les déserts médicaux et le tri dans l’accès à l’hôpital pour ne pas travailler un peu plus, pour ceux qui le peuvent ?

 

Plus largement, la justice sociale ne voudrait-elle pas que ceux qui sont en capacité de travailler plus longtemps soient fortement incités à le faire, pour conforter à son niveau, voire augmenter la redistribution en direction de ceux qui ne le peuvent pas ?

 

Petite remarque incidente : convenait-il d’appeler progrès social ce qui était un ajustement aux équilibres démographiques lorsque nous avons décidé d’abaisser l’âge de la retraite ? Ne nous sommes-nous pas piégés dans le vocabulaire retenu ? L’ajustement démographique inverse appelé par la situation démographique actuelle apparaîtrait alors pour ce qu’il est, plutôt que comme le retour en arrière sur une avancée sociale…

 

Chers dirigeants élus,

 

Que vous soyez responsables de syndicats patronaux ou de salariés, ou engagés dans la vie politique du côté de la majorité ou dans l’opposition, vous vous devez naturellement de vous conformer aux attentes de votre base électorale, et de respecter le mandat qui vous a été donné.

 

Vous n’avez pas d’autre position possible que celle que vous tenez.

 

De plus, votre position correspond généralement sur le fond à vos convictions et à votre sensibilité. Vous êtes sincères.

 

Le point délicat réside dans le fait que vos adversaires du moment sont tout autant convaincus qu’ils n’ont pas le choix.

 

Le heurt est inévitable. Chacun est sincèrement convaincu qu’il n’a pas d’autre comportement possible. Au demeurant, conflits et guerres ne sont-ils pas aussi bien souvent issus de conflits de sincérités, en témoignent par exemple de guerres de religion ?

 

Il serait pourtant de notre point de vue très dommageable que les débats en cours contribuent à affaiblir notre système de protection sociale. C’est à nos yeux un élément essentiel du ciment qui fait la cohésion nationale, plus encore que les impôts depuis que les prélèvements obligatoires sociaux dépassent les prélèvements obligatoires fiscaux.

 

Quelle que soit l’issue de la réforme, il faudra rebâtir le vivre ensemble, dans l’intérêt de notre pays et de nos concitoyens. Et sans doute préparer la poursuite de notre adaptation aux évolutions démographiques soulignées en introduction. Nous espérons que les conflits actuels ne rendront pas la phase suivante encore plus difficile. Vous aurez à y prendre toute votre part. Etant au contact et dans l’intérêt collectif, aurez-vous alors plus largement à contribuer à la pédagogie de votre base électorale ?

 

Vous tous, chers concitoyens,

 

La confrontation sur la réforme des retraites était inéluctable. Elle est engagée.

 

Quelle que soit l’issue, il faudra rebâtir le vivre ensemble endommagé par la confrontation, en commençant par reconstruire le dialogue à présent éclipsé par le rapport de forces.

 

Sans doute notre culture et le jeu institutionnel rendent-ils ces affrontements à répétition inévitables, suivis de périodes qui ne sont guère mises à profit pour anticiper la suite. Mais c’est à nos yeux un jeu perdant-perdant.

 

Nous faisons dès à présent appel à toutes les femmes et tous les hommes de bonne volonté, pour essayer de minimiser les dégâts à court terme, et sans attendre l’issue de la confrontation, pour commencer à préparer « l’après conflit des retraites » pour les 20 ans qui viennent : le travail effectif, dont celui des seniors, l’emploi, la production et le niveau de vie, et plus largement l’équilibre de la vie.

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Il faut investir davantage dans les systèmes de santé pour se préparer aux chocs futurs, selon l’OCDE

 

Au vu des répercussions considérables de la pandémie de COVID-19 sur les populations et l’économie mondiale, les pays doivent adapter de toute urgence leurs systèmes de santé afin de mieux faire face aux chocs futurs.

 

Dans un rapport, l’OCDE pointe trois grandes failles dans les systèmes de santé :

-manque de préparation, manque de personnel et manque de financements.

Pour renforcer la résilience des systèmes de santé, les auteurs recommandent une meilleure coordination et une coopération mondiale renforcée en matière de santé couplées à des investissements dans les infrastructures de données de santé, dans la prévention et les soins primaires, dans l’élaboration des technologies de santé nécessaires pour faire face aux menaces futures, et dans la capacité à veiller à ce que ces technologies puissent être déployées de manière efficace et équitable.

Ils préconisent six grands axes pour investir massivement dans les systèmes de santé et permettre ainsi une réponse plus efficace en cas de nouvelle crise sanitaire majeure.

Sur le plan économique, le rapport souligne que ces efforts nécessitent pour les pays de l’OCDE, en moyenne globale, d’investir 1,4% point de PIB supplémentaire dans les dépenses de santé.

 

source : veille FNMF