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06 / 05 / 2011
Didier Cozin / Membre
Articles : 59
Inscrit(e) le 05 / 08 / 2010

Le DIF a 7 ans

Sept ans, ce devrait être l'âge de raison et pourtant quand les partenaires sociaux en septembre 2003 (puis le législateur en mai 2004) ont inventé ce droit universel à la formation ils n'imaginaient sans doute pas l'indifférence et la mauvaise volonté que tout le corps social opposerait au droit individuel à la formation.

On peut être né sous de bons auspices : unanimité des partenaires sociaux, large consensus politique, accompagnements divers et variés mais avoir toutes les difficultés du monde à se faire une place au soleil, c'est le cas du DIF.

Celui-ci avait un triple objectif :

  1. développer l'effort de formation de beaucoup d'entreprises (grandes et petites) qui considéraient toujours la formation comme un luxe ou au mieux un coût sans réel importance pour l'activité future ;
  2. mieux répartir l'effort de formation (car la formation est toujours un effort, pour le salarié comme pour son entreprise) en offrant aussi des formations aux membres du personnel les moins qualifiés (ceux qui semblent rivés à leur poste de travail et licenciables dès que la conjoncture économique est mauvaise) ;
  3. responsabiliser les salariés et leurs employeurs sur le développement de leurs compétences en sortant des habituels travers de travailleurs peu investis et d'entreprises indifférentes au sort des moins qualifiés.


Mais on ne change pas un pays en si peu d'années et les mauvaises habitudes aidant, les responsables de RH et de la formation de l'immense majorité des entreprises n'ont pas déployé le droit individuel à la formation depuis 7 ans.

Désormais, la dette formation des entreprises (mais aussi des administrations) est béante : des millions d'heures de formation non réalisées, un chaos probable à terme et une économie de la connaissance qui aura le plus grand mal à se mettre en place si le pays reste immobile et figé dans des modèles éducatifs des siècles passés (on se forme une fois pour toute durant l'enfance).

  • Un responsable formation d'une chaîne de grandes surfaces nous déclarait un jour qu'en France il faudrait 20 ans pour changer la donne en formation. Vingt ans si l'on démarre le processus formation tout au long de la vie en 2000 (mars 2000, le sommet de Lisbonne) cela nous donne un DIF généralisé en 2020.

Les salariés et notre économie pourront-ils encore attendre 9 ans pour leur entrée dans la société de la connaissance et de l'information ?

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Bonjour,

 

Ce n'est pas aux entreprises de "déployer" le DIF. Tout au plus, leur rôle doit se borner à prévoir les financements et anticiper les problèmes organisationnels que cela suppose.

Pour le reste, il faut insister sur le fait que l'une des particularités du DIF (qu'il partage avec le CIF) est qu'il résulte de l'initiative du salarié. 

Il s'agit d'un droit portant sur un volume d'heures assorti d'un droit de proposition sur le choix de l'action de formation

 Ce droit de proposition est à mon sens essentiel et concrétise la volonté de responsabilisation du salarié dans la gestion de sa propre employabilité. Cela étant, il faut préciser que le DIF est un droit dont le salarié a la libre disposition non pas, bien sûr, parce qu'il pourrait y renoncer par avance mais parce qu'il lui est loisible de ne jamais l'utiliser. 

 Le problème, c'est le manque d'information et de promotion du dispositif aussi bien de la part des syndicats, des organismes de formation (et oui...) que des pouvoirs publics.

 Pour que le DIF démarre enfin (il est temps !), il faut d'abord que les salariés déposent des demandes...

 

Bruno Callens

 Docteur en Droit

Un forum de discussion sur le DIF : http://www.le-dif-en-questions.fr