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26 / 06 / 2014 | 1 vue
Sylvain Thibon / Membre
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Canal+ : la machine à licencier semble s'emballer…

Depuis des mois, les départs et les licenciements se succèdent à un rythme qui tend à s’accélérer à mesure que l'année 2014 avance...

Le début de l’année avait donné le départ d’une course contre la montre. « Combien chez toi, et chez toi », semblent se demander les DRH de pôle.

La période des congés est toujours propice aux licenciements. Le préavis effectué pendant les mois de juillet ou d’août passera d’autant plus inaperçu que de nombreux salariés seront en congés, découvrant à leur retour la place laissée vacante par leurs collègues remerciés et souvent non remplacés.

Comment justifier cette accélération sensible des départs contraints ? Une conjoncture difficile certes, et comme toujours dans ce cas, l’emploi comme facteur d’adaptation. Une volonté toujours affirmé de faire partir les plus anciens, les seniors qui n’auraient plus leur place dans notre entreprise où le geek deviendrait l’alpha et l’oméga d’un avenir incertain. Une réorganisation en profondeur du management opérationnel. L’assemblée générale de Vivendi est maintenant derrière nous et de nouveaux dirigeants prennent les rênes du groupe, il faudrait pour le management encore aux commandes en profiter pour faire place nette, leur laisser la possibilité de combler les vides à leur guise. Ces raisons ne sauraient tout expliquer.

Côté méthodes, elles sont chaque jour toujours plus cavalières. Le mot est faible, tant certaines situations sont proches de l’absurde et de l’inacceptable.

Citons pêle-mêle une demande de bilan de carrière qui peut se clore par une remise en cause globale de sa position professionnelle, de son engagement et de son professionnalisme. « Vous voulez bouger ? Et bien dansez maintenant ». Une demande de mobilité ? Voilà la porte montrée du doigt. Un renseignement à obtenir et hop, par ici la sortie... 

Toutes les catégories de personnel, toutes les entreprises, tous les âges sont aujourd’hui concernés par cette politique du chiffre qui semble avoir pris le pas sur la raison sociale.

Une politique absurde et destructrice de valeurs économiques et sociales. Nous la dénoncerons toujours car elle est contre-productive. Elle contrevient également aux textes sociaux signés avec les syndicats et qui encadrent la gestion de carrière ou l'évolution professionnelle. Elle accroît l’angoisse de centaines de salariés qui n’ont pas besoin de cela aujourd’hui pour se questionner sur leur avenir à Canal+. Elle déstabilise un peu plus des organisations et des entreprises déjà parfois bousculées bouleversés par des mois d’incertitude, de questionnement, d’attente, de nécessaires clarifications qui tardent à venir….

Dans cette période de grand trouble, une forme d’apathie règne et inonde les couloirs des vastes immeubles du groupe. AÀquand mon tour, quand serai-je contacté par les RH ? Car les rendez-vous se succèdent, convoqués souvent sans raison particulière, de façon anodine. Il n’est plus rare pour beaucoup de salariés de se retrouver face à leurs managers et des RH qui tendent le papier destructeur : « Signez ici » la convocation à l’entretien préalable. Nous ne sommes plus à une irrégularité près dans la procédure, tout semble permis. Les digues légales sautent les unes après les autres et les salariés restent médusés de tant de dédain. Car cette remise de lettre en mains propres précède une procédure très encadrée par le Code du travail.

 

Entretiens à la chaîne

Rappelons que la convocation à l'entretien préalable à licenciement doit faire l’objet d’un envoi de courrier en recommandé, que ce courrier peut être remis en mains propres mais exclusivement par la DRH et en aucun cas en présence du manager. L’entretien préalable, un travail à la chaîne qui génère parfois quelques incohérences dans les courriers remis aux salariés. Du copier-coller qui transforme le masculin en féminin, la raison du licenciement de l’un en justification pour l’autre !

Mais que deviennent ces postes de salariés partis vers d’autres horizons ? Qu’il soit licencié, qu’il  démissionne, qu’il parte en mobilité ou qu’il accepte une rupture conventionnelle, le poste du salarié en question doit faire l’objet d’un remplacement. Dans le cas contraire le non-remplacement peut être requalifié en licenciement économique et permettre l'obtention de dédommagements autrement plus importants que ceux acquis dans le cadre d’une procédure plus « classique ». 

C’est pourquoi la vigilance s’impose. Quand un salarié s’en va, son poste doit être remplacé. Ce n’est pas le cas ? Alertez vos représentants du personnel qui sauront deviner s’il s’agit d’une action liée à la réorganisation d’un service ou d’un acte délibéré pour réduire le nombre de postes et par ricochet, la masse salariale !

Dans tous les cas, nous vous conseillons de prendre contact avec vos représentants du personnel qui sauront vous accompagner dans vos démarches administratives et juridiques. Mais avant tout dans la période trouble actuelle, avant d’engager une action personnelle, réfléchissez, venez en discuter, ne partez pas à l'aventure, ou alors en connaissance de cause.

À bon entendeur...

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