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Canal + : bientôt 30 ans !
Le 4 novembre prochain, Canal+ fêtera ses 30 ans.
Trente années, un jeune âge pour une grande entreprise et pourtant un passé chargé, un présent en question et un avenir à tracer.
Inutile de revenir sur le passé : beaucoup d’ouvrages s’y attellent (le dernier en date, celui de Philippe Dana retraçant de façon presque parfaite l’histoire des débuts jusqu’à la grande crise de 2003). Ce livre comporte quelques absences et quelques ellipses mais une présentation très juste de la réalité économique et sociale de Canal+ dans ses débuts puis ses dérives…
C'est aujourd’hui et surtout demain qui nous intéressent ici. Aujourd’hui car les bouleversements nés d’une nouvelle concurrence aux poches sans fond, le Qatar, le risque sur les compétitions sportives, après le foot, maintenant le rugby, l’arrivée de ce trublion Netflix dont nous avions prédit qu’il ne bouleverserait pas rapidement le marché français (ce qui semble se vérifier), les actionnaires recentrés sur les médias donc sur Canal+ depuis le départ programmé de SFR du groupe et la vente des télécoms au Maroc et au Brésil et enfin un internet qui dépasse aujourd'hui les vieux concepts de la consommation linéaire. Tous les ingrédients sont réunis pour de profonds ajustements.
Pour l’instant, c’est encore l’attente. Vincent Bolloré n’a pas encore dévoilé ses ambitions, son calendrier, sa vision pour l’avenir. À la sortie définitive de SFR, peut-être fin octobre ? Nous verrons. Mais l’impatience est réelle pour envisager et comprendre l’avenir et faire entrer Canal+ dans un nouveau moule, une nouvelle ère.
Le contexte économique impose également une réaction rapide. Les tensions sur le marché de la « pay-TV », les bouleversements technologiques, les transformations de la chaîne commerciale : tous ces éléments concourent à l’accélération des décisions alors que le groupe subit depuis deux ans les atermoiements d’un Vivendi en longue restructuration.
Certains voient déjà plus loin et prédisent le futur proche avec l’annonce vendredi 17 octobre d’une OPE par le groupe Bolloré, une offre publique d’échange sur le groupe Havas dont il détient déjà 36,22 % du capital pour prendre plus de 50 % du contrôle de l'entreprise. D’aucuns prévoyant par anticipation un rapprochement futur entre Havas et Vivendi…
Ce serait original 30 ans après : Havas, qui n’a plus grand chose à voir avec le conglomérat de 1984, reviendrait dans le groupe. Havas, cette société alors dirigée par André Rousselet et qui a porté sur les fonts baptismaux le Canal+ historique en assurant son démarrage puis sa survie au début de l’année 1985 alors que beaucoup dans les milieux d'affaires ou des médias se satisfaisaient de voir le bateau sombrer. Il a plutôt bien résisté.
Le temps économique et le temps technologique n’épousent pas nécessairement le temps social, le temps humain.
Le contexte est aujourd’hui à la transformation rapide de l’entreprise, à son développement international, à son adaptation aux nouvelles technologies et sa capacité à surfer sur les réseaux en évitant les écueils et les icebergs qui dérivent au gré des vents et des courants et les jeunes ou vieux requins toujours prêts à fondre sur leurs proies, ceux qui n'ont jamais accepté ces succès et cette position incontournable sur le marché de la production ou de la diffusion
Une transformation profonde, radicale, rapide mais comment ? Le temps économique et le temps technologique n’épousent pas nécessairement le temps social, le temps humain. Sur ce terrain, le constat est sans appel : il nous faut prendre un nouvel élan pour une politique adaptée aux nouveaux enjeux, en capacité de traiter du passé sans violence tout en préparant l’avenir avec intelligence et discernement.
C’est dans le respect des hommes et femmes qui ont construit et fait vivre ce paquebot ces 30 dernières années (et dont certains sont encore à la manœuvre) que nous construirons un avenir serein, une nouvelle étape vers des succès partagés
Le dialogue social est au cœur du réacteur de la réussite. Il n'est pas le seul gage de réussite mais il y contribue par une politique sociale digne d’une grande entreprise, qui ne se contente pas de traduire dans les faits l’air du temps, un temps où le social deviendrait l’ennemi de l'entreprise, l’élu ou le syndicaliste, l’empêcheur de tourner en rond, le Code du travail un vieux livre aux couleurs contestables. Il n’y aura de succès rapide, durable, structurant, conquérant, triomphant qu’avec l’adhésion incontournable de toutes ceux qui fabriquent, construisent, font tourner la machine. Pour que cela fonctionne, il faut des corps intermédiaires forts, reconnus et respectés.
La CGC n’est pas un syndicat de circonstance ou de passage. Notre syndicat est à Canal+ à l’avant-garde du débat d’idées, force de propositions, engagé dans le dialogue et la négociation. C’est son rôle, il l’assume et l’assumera quoiqu’il arrive.
Le 4 novembre, Canal+ aura donc 30 ans. Nous serons heureux (comme l'ensemble des salariés) mais aussi comme élus ou représentants du personnel, de fêter cette très belle aventure, cette très belle idée qui a révolutionné en France le fameux PAF dans les années 1990-2000.
Aujourd’hui, une nouvelle révolution est en marche. Les futurs succès de Canal+ reposent, comme en 1984, sur les moyens dont l’entreprise disposera pour investir dans les programmes ou la technologie, mais aussi sur sa capacité à se dépasser dans le domaine social et construire un environnement respectueux de tous pour que le 30ème anniversaire ne soit pas seulement celui du passé et du présent mais une porte ouverte sur l'avenir. Cette ambition, nous y croyons, nous la portons, nous savons qu’elle cette idée généreuse est source de réussites et de succès. Que 2015 ouvre cette voie. Bon anniversaire Canal+ !