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Avant d’entrer à Matignon, Véronique Bédague Hamilius avait été épinglée par les syndicats parisiens
Il est vrai que la nouvelle directrice de cabinet de Manuel Valls avait dirigé d'une main de fer l'administration de l'Hôtel de Ville de Paris.
C'est la directrice de cabinet de Manuel Valls, le nouveau Premier Ministre. Mais avant d'intégrer Matignon, Véronique Bédague-Hamilius a été la femme clef de l'administration de la capitale durant des années. Secrétaire générale de la ville et du département de Paris depuis 2008 (une administration de 50 000 fonctionnaires), elle occupait le poste de directrice des finances entre 2002 et 2008. Elle a donc suivi les deux mandats du maire PS sortant, Bertrand Delanoë.
Véronique Bédague Hamilius avait ensuite quitté la Ville de Paris il y a quelques semaines, remplacée par Philippe Chotard, pour fusionner Ubifrance et l'Agence française pour les investissements internationaux. Un départ salué alors comme il se doit par les syndicats parisiens qui, visiblement, ne la regretteront pas.
Il faut dire que certains n’y sont pas allés de main morte, notamment le syndicat UNSA des attachés d’administrations qui dénonce « une vision technocratique du monde ». Pour ce syndicat, « la SG de la Mairie de Paris est surtout renommée pour avoir introduit dans l’ensemble de l’administration parisienne les indicateurs, tableaux de bord et autres mesures de reporting à haute dose ». Manuel Valls n’a qu’à bien se tenir.
Autre reproche fait à Véronique Bédague Hamilius, son jeunisme à tout va car, selon le syndicat, « elle avait la réputation de considérer que toute personne née avant 1964 n’était plus bonne à grand-chose au niveau des postes de responsabilités ». Une démarche qui, il est vrai, collait à merveille avec la politique municipale parisienne qui dessine de même le profil du « nouveau parisien » (lire ici).
Mais c’est surtout « une conception féodale du pouvoir » que dénonce ce syndicat représentant un certain nombre de cadres des administrations parisiennes. Une pratique qui consisterait à « rejeter un certain nombre de collaborateurs qui pourraient être utilement retenus du strict point de vue des compétences » mais plus encore à « constituer une garde rapprochée qui se transforme rapidement en un cercle de courtisans ». Bigre...
Mais le syndicat n’en reste pas là car il rajoute : « À cette vision des choses assimilables à une forme de monarchie absolue (« On ne dit pas « non » à la secrétaire générale » s’est vu encore dernièrement répondre un collègue attaché) s’est ajoutée une brutalité affirmée dans la façon de traiter plusieurs directeurs de la Ville ». Voilà la nouvelle « dircab » de Matignon habillée pour le printemps (lire ici).
En tout cas, la charge de l’UNSA n’a pas vraiment plu à la Mairie de Paris. L’article a provoqué de tels remous que l’administration, comme souvent en pareil cas, s’est empressée d’aller engueuler quelques représentants du syndicat.
De son côté, le syndicat CGT n’avait pas aussi hésité à épingler Véronique Bédague Hamilius, en profitant de sa remise de la légion d’honneur par un Lionel Jospin sorti de sa retraite politique.
« Nous ne savons pas vraiment en quel honneur cette décoration prestigieuse a été accordée car cette distinction récompense normalement « une conduite civile irréprochable et méritante ou des faits de guerre exceptionnels ». Pas vraiment le cas de notre secrétaire générale dont le seul exploit, en plus d’être grassement payée (l'un des plus hauts salaires municipaux), est d’être gratifiée, chaque année, de la célèbre prime départementale à quarante mille euros ! », raille le syndicat.
La CGT rajoute toutefois que « pour les grands projets, il y bien eu « la création de valeurs municipales », un épisode où la haute administration parisienne s’est surpassée dans la flagornerie (lire ici), sinon, la seule grande réforme qu’aura mené à bien la secrétaire générale est l’application « avec ténacité » de la révision générale des politiques publiques, cette pratique aveugle de réduction des effectifs ». Un programme qui ne devrait pas déparer à Matignon.