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02 / 05 / 2012 | 91 vues
Roman Bernier / Membre
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ADERA, la petite association qui lutte vaillamment contre l'expansion de l'aéroport de Beauvais

Récemment, l'aéroport de Beauvais a pu s'enorgueillir de son succès dans les médias français. Non sans raison, l'aéroport régional est passé en moins d'une décennie de moins d'un million de passagers à 3,677 millions en 2011. Affichant une hausse de trafic de 25,5 % pour l'année, Beauvais est maintenant le troisième aéroport parisien en termes de passagers. Le pari était loin d'être réussi pour ce qui n'était, il y a encore quelques années, qu'un petit aéroport picard a plus d'une heure de route de Paris.

L'aéroport n'a toujours pas changé d'emplacement, mais sa politique active de séduction des compagnies à bas prix a réussi à en faire la première destination des touristes « low-cost ». L'aéroport, situé sur la commune de Tillé, en est même à s'afficher sous le nom de « Paris Beauvais Tillé ». Pourtant, ce succès est loin de réjouir tout le monde dans la région. Plus particulièrement, ce sont les riverains qui s'inquiètent de la croissance effrénée du trafic aérien au-dessus de leurs têtes.

En chef de file de file de ces riverains inquiets : l'ADERA (Association de Défense de l'Environnement des Riverains de l'Aéroport de Beauvais-Tillé), une petite association qui se bat depuis des années contre les nuisances liées au trafic aérien. Hélas, le président de l'association, Jean-Baptiste Cervera, a récemment démissionné du poste qu'il occupait depuis plus de six ans. Celui-ci s'avoue à bout, exténué par un combat qu'il mène contre des compagnies qui n'ont que faire de ses protestations et des élus qui font la sourde oreille, obnubilés par la croissance de l'aéroport.

Pourtant le combat de l'ADERA n'a pas été totalement vain, l'association a déjà réussi à faire annuler une campagne de publicité qui assimilait les gros transporteurs d'acier à de légères feuilles d'arbre et sa nouvelle présidente, Dominique Lazarski, se bat pour un plafonnement du nombre de mouvements sur l'aéroport. Des mouvements qui sont passés de 20 500 à 25 384 décollages et atterrissages en 2011. Le chiffre est précis, mais les riverains comptent chacun de ces mouvements et avec une inquiétude d'autant plus grande que le plan actuel prévoit un plafonnement à 32 000 mouvements, à partir de 2015.

Une croissance financée par les contribuables locaux

Si la croissance de l'aéroport a un goût amer pour les habitants des communes avoisinantes, ils supportent encore moins la manière dont elle est financée. En effet, le plus gros client de l'aéroport de Beauvais est avant tout Ryanair, responsable de 84 % du trafic de l'aéroport. Or, c'est connu, la compagnie se pose rarement gratuitement. Dans le cas de Beauvais, la compagnie a perçu 28,6 millions d'euros entre 2001 et 2006 (depuis 2006 les chiffres ne sont pas connus mais les estimations avancées sont égales ou supérieures). Ajoutons à cela les quelques 40 millions d'euros qui ont été engagés pour aménager et accroître la capacité d'accueil de l'aéroport. Toutes ces dépenses, engagées par la Chambre de Commerce et d'Industrie de l'Oise, sont financées par les contribuables locaux, à qui l'ironie est loin d'échapper.

D'autant qu'au bout du compte, les touristes débarqués à Beauvais filent bien vite sur Paris et dépensent très peu dans la région. L'investissement semble difficilement rentable. Pour ce qui est des pouvoirs publics, Beauvais a beau être assis sur deux circonscriptions, ses députés, Jean-François Mancel ou Olivier Dassault (sic), restent cois. Le seul à avoir répondu aux questions de l'ADERA, Charles de Courson, renvoie la question de la légalité des subventions à la Cour européenne, même s'il a lui-même l'aéroport de Vatry (autre grand client de Ryanair) dans sa circonscription. Gageons que les riverains de Beauvais doivent se sentir bien seul. Enfin, ils ont tout de même les avions pour leur tenir compagnie.

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