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09 / 10 / 2012
Jacky Lesueur / Abonné
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SNCF: les sociétés de services informatiques passent à l'est

Pour faire des économies, la SNCF vient de transférer en Pologne et en Tchéquie une partie de ses activités informatiques. Ce phénomène, en pleine explosion, inquiète le syndicat FO de Steria, l’ancien prestataire de la SNCF.

« Ce qui nous a choqués, c'est la manière dont la SNCF a délocalisé, salement, en cachette », raconte Éric Lamarque, représentant FO chez Steria. Depuis plus de dix ans, la SNCF sous-traite à cette société de services une partie de ses activités informatiques aux sites de Lille et de Lyon. Le prestataire gère le système de billetterie, la sécurité de circulation des trains, le réseau d'information aux voyageurs...

Mais depuis le 1er septembre, le contrat avec l'agence de Lille, qui s'occupait du site internet et de l'ensemble du réseau de réservations, a été rompu. L'entreprise publique a secrètement délocalisé l'activité en Pologne et en Tchéquie, où le coût du travail est moins élevé. À Lille, une quinzaine de personnes a été touchée. Les salariés de Steria se retrouvent en intercontrat, dans l'attente d'une nouvelle mission, et les prestataires indépendants au chômage.

« La SNCF se cache derrière le nouveau contrat passé il y a huit mois avec IBM à la suite d'un appel d'offres. Mais la délocalisation était bien sa propre décision. Elle a aussi envoyé tout le service de paye en Espagne, sans rapport avec IBM. Pour l'instant, seul le premier niveau des réservations a été délocalisé mais à terme, ces délocalisations vont toucher de 200 à 300 personnes », poursuit Éric Lamarque.

Technicien polonais à 750 euros par mois


Le phénomène n'est pas isolé. « La SNCF, c'est symptomatique d'une nouvelle tendance apparue cette année. Nous avons le même problème avec la Société générale ou Bouygues, qui délocalisent aussi certaines activités informatiques en Pologne », explique Malek Ferhati, délégué FO chez Steria.

Par contagion, les sociétés de services ont toutes ouvert des filiales en Europe de l'Est. Elles ne conservent en France que les activités à haute valeur ajoutée, comme le développement. « Mais pour les infrastructures réseau ou les bases de données, ça coûte moins cher de faire travailler des techniciens polonais. Même en travaillant le dimanche et la nuit, leur salaire ne dépasse pas 750 euros par mois, contre 2 400 en France. Ça permet aux SSII de gagner de l'argent sans augmenter leurs tarifs », poursuit Malek Ferhati.

Steria aussi suit la tendance. Elle vient de signer un contrat avec Auchan qui prévoit une délocalisation vers sa filiale polonaise dans dix-huit mois. « On recrute en France des profils à haute valeur ajoutée, mais on se débarrasse des bac+2. En France, le métier de technicien réseau aura disparu dans deux ans, ils doivent se reconvertir au plus vite », explique-t-il.

À l'agence lilloise de Steria, les effectifs sont passés de 208 à 98 personnes en moins de deux ans. Ce sont essentiellement des techniciens qui sont partis. FO avait déposé un droit d'alerte il y a six mois. « Pour assurer nos arrières, on a obligé Steria à faire des bilans de compétences et à préparer de nouveaux contrats », explique Malek Ferhati. Mais dans les entreprises de services, les syndicats sont rarement au courant des licenciements. Au lieu de plans sociaux, les salariés indésirables sont incités à partir par rupture conventionnelle, avec un gros chèque.
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