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Projet intersyndical pour une autre Banque de France à l'horizon 2020...
Dès le CCE de décembre 2011, le gouverneur Noyer nous a annoncé qu’il allait saisir l’opportunité démographique qui se présentait à lui (5 000 départs à l’horizon 2020) pour ne remplacer qu’un départ sur 2 et en corollaire, fermeture des structures infra-départementales et de certaines caisses institutionnelles.
Concrètement, les effectifs, qui se montaient à 13 017 emplois équivalents temps plein fin 2011, passeraient à environ 10 500 d’ici 2020. Début décembre, la présentation de ce plan aux instances représentatives du personnel a provoqué l’ire des syndicats.
Par ailleurs, ce projet de coupe drastique dans les effectifs publics va entraîner un recours plus important à du personnel précaire. Comme le faisait observer le syndicat FO BdF dès le début janvier :
- fin décembre 2011, on recensait ainsi plus de 1 650 emplois contractuels, soit près de 13 % de l’effectif. Leur proportion va forcément augmenter lorsque l’on sait qu’il y a moins de dix ans, ces emplois non-statutaires se comptaient en dizaines sur un total de 17 000 salariés ;
- pour arriver à ses fins, le gouverneur pourrait aussi décider que la Banque de France n’assume plus certaines de ses activités. Celles-ci seraient alors dématérialisées (numérisation des dossiers, des échanges avec les créanciers, les tribunaux...) ou transférées vers des prestataires extérieurs (logistique, courrier...).
De même, pour réduire les coûts de fonctionnement, elle compte mutualiser un peu plus les moyens et les prestations en centralisant la gestion administrative des effectifs ainsi que des horaires de travail et externaliser la gestion informatique, financière et immobilière. « L’externalisation pourrait bien à l’avenir toucher également des missions de service public aussi essentielles que le traitement des dossiers de surendettement des usagers des banques », redoute FO.
La gestion du surendettement pourrait dès lors connaître le sort de l’activité de tri et d'authentification des billets qui est aujourd’hui sous-traitée en partie par des sociétés privées de transport de fonds.
Fort « opportunément » dans son rapport public annuel 2012 de février, la Cour des Comptes préconise la possibilité de ne pas remplacer 2 départs sur 3. Notre gouverneur apparaît donc comme notre « sauveur » !
L’intersyndicale de la Banque et le CGRP (conseiller général représentant le personnel) ont tenu une conférence de presse le 16 février pour répondre au rapport publié par la Cour des Comptes.
Il s’agissait notamment :
- de dénoncer la démarche adoptée par la Cour des Comptes consistant à tailler a priori dans les dépenses (principalement de personnel), au lieu d’examiner d’abord les missions, puis d’en déduire les effectifs nécessaires ;
- de présenter ensuite les activités de la Banque, trop souvent méconnues ;
- de rappeler les efforts constants du personnel depuis de longues années pour continuer à assumer correctement ses missions, dans un contexte de pression pour accroître la productivité et alors qu’interviennent continument des réorganisations ;
- de relever à titre d’exemple des incohérences, des approximations, voire des contre-vérités contenues dans ce rapport ;
- enfin, de resituer celui-ci dans son contexte, suite aux annonces faites par le gouverneur d’engager une restructuration drastique du réseau et de supprimer 2 500 emplois.
Depuis, nous avons rencontré en intersyndicale les associations d’élus pour les sensibiliser au problème suivant : le non-remplacement d'un sur deux induira obligatoirement l’abandon du traitement de certaines activités et leur rappeler nos missions et notre rôle de Banque Centrale dans le réseau
- Enfin, nous avons rédigé le document « projet intersyndical pour une Banque de France à l’horizon 2020 », véritable projet alternatif qui vise à renforcer le rôle de la Banque de France en lui assignant d'autres missions d'importance dans le contexte et l'environnement actuels.
Et fait majeur : l'intersyndicale a pu obtenir de présenter ce projet à l'occasion d'un CCE le 20 avril...