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03 / 09 / 2024 | 31 vues
Valentin Rodriguez / Abonné
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Une priorité : la réindustrialisation

À l'heure où la France fait face à des défis majeurs, tant économiques que sociaux, la réindustrialisation, autrefois érigée en priorité nationale, semble reléguée au second plan. Ce besoin vital pourrait se trouver éclipsé par de nouvelles priorités politiques.

 

Dans un contexte marqué par des exigences budgétaires pressantes, l'industrie risque d'être la grande sacrifiée des prochains mois.

 

La réindustrialisation devait avoir pour objectif de garantir l'autonomie stratégique du pays face à un monde de plus en plus instable. Il s'agissait de promouvoir une base industrielle solide capable de répondre aux besoins nationaux, y compris en temps de crise. Cependant, cette ambition reste fragile en l'absence d'objectifs clairs et mesurables.

 

Ce phénomène n'est pas nouveau.

 

L'histoire récente montre que les grandes priorités économiques tendent à être éphémères, souvent supplantées par d'autres impératifs plus immédiats. L'actuelle crise politique (et peut-être institutionnelle) ne fait qu'accentuer ce risque. Des secteurs tels que la santé publique, l'éducation ou encore la gestion de la dette publique apparaissent désormais comme des domaines plus pressants, reléguant la réindustrialisation au rang de projet secondaire ou subalterne.

 

Pourtant, le besoin de réindustrialiser le pays fait l'unanimité. La montée en puissance de la Chine et le protectionnisme des États-Unis imposent à la France de renforcer sa compétitivité et son autonomie industrielle. Mais cette nécessité ne trouve pas encore sa traduction concrète dans une politique claire et ambitieuse.

 

La diversité des objectifs affichés —accroître la part de l'industrie dans le PIB, maîtriser les technologies de rupture, décarboner l'économie— révèle une vision éclatée et parfois incohérente. La réindustrialisation ne doit pas être réduite à un simple slogan sous peine d’être abandonnée. Les leçons du passé sont pourtant claires : seule une politique industrielle constante et déterminée peut garantir le développement d'une industrie nationale forte, à l'image de ce qu'a réussi la Chine au fil des décennies.

 

Aujourd'hui, de nombreux obstacles s’amoncellent : résoudre la pénurie de compétences et les besoins en formation, relancer une innovation industrielle audacieuse et capable de répondre aux enjeux climatiques sans démagogie, promouvoir un dialogue social permettant de développer l’attractivité de nos industries…


La transition énergétique, dont les effets néfastes sur le plan social commencent à se faire sentir, doit impérativement être socialement juste pour les salariés.

 

A défaut, elle ne débouchera – mais n’est-ce pas déjà le cas ? – que sur des radicalisations que tous les acteurs politiques s’évertueront à analyser, chacun à l’aune de ses propres convictions, mais rarement avec la hauteur nécessaire pour le pays.

 

Les exemples sont hélas nombreux, notamment dans l’automobile où les salariés des équipementiers paient un lourd tribut. Le logiciel habituel de délocalisation semble être toujours d’une actualité prégnante.

 

En effet, les PSE et fermetures de sites se multiplient depuis le début de l’été, notamment chez Valeo, qui projette de se séparer des sites de l’Isle-d’Abeau, La Suze et La Verrière, ou Forvia, qui prévoit une suppression de 15 000 emplois dans le monde conduisant à réduire de presque un tiers les effectifs en France…

 

En l’espèce, il ne s’agit pas de conséquences liées à la transition énergétique, présentées ainsi parfois abusivement auprès des IRP des entreprises.

 

Sinon, comment expliquer que les produits fabriqués par ces usines le seront toujours dans d’autres pays de l’UE ?

 

Ces enjeux sont cruciaux pour éviter un décrochage face aux leaders mondiaux que sont les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et la Chine.


Si ces priorités ne sont pas rapidement intégrées dans une politique industrielle cohérente, la réindustrialisation pourrait bien ne jamais voir le jour. Ce serait une erreur historique aux conséquences potentiellement désastreuses pour l'avenir économique et politique du pays. L'heure n'est plus à l'hésitation, mais à l'action déterminée.


Faute de quoi, l'ambition industrielle française risque de disparaître, emportée par les vents contraires de l'actualité politique. La Fédération poursuivra ses objectifs de défense et de développement des emplois industriels en France. Il en va de l’avenir de notre pays. Mais pour défendre ses revendications et porter les dossiers au plus haut niveau de l’État, encore faut-il pouvoir le faire auprès d’un gouvernement non démissionnaire

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