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18 / 08 / 2022 | 184 vues
Jean Claude Mailly / Abonné
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Surtaxation exceptionnelle des « super profits » : Cap' ou pas CAC ?

60 milliards d’euros : c’est le montant record des profits des entreprises du CAC 40 en 2021. Un chiffre historique pour plus de la moitié d’entre elles. Certaines, dont Total Énergies, Arcelor Mittal, Stellantis ou LVMH, ont dépassé les 12 milliards. Pour les banques et assurances, c’est entre 5 et 10 milliards. Et au premier semestre 2022, encore un record, les bénéfices montent à 73 milliards, soit une hausse de 24 %.

 

Face à l’augmentation de l’inflation, sur les ressources en hydrocarbures notamment, la Commission européenne, suivie par le secrétaire général de l’ONU, a suggéré aux états membres une panoplie de mesures, dont une surtaxation exceptionnelle de ces « super profits ». Des pays l’ont mise en œuvre, généralement pour les fournisseurs de gaz et d’électricité : l’Italie, la Roumanie, le Royaume-Uni et l’Espagne.

 

En France, le gouvernement et la majorité du Parlement s’y opposent et préfèrent demander aux entreprises concernées un « effort » sur leurs tarifs, tout en menaçant d’avoir recours à la taxe en fin d’année si les efforts sont insuffisants. C’est aussi le cas en Allemagne, même si d’ores et déjà le chancelier Olaf Scholz évolue vers une taxe.

 

Plusieurs entreprises françaises ont annoncé des ristournes. La compagnie maritime d’affrètement CMA-CGM, sur le prix des conteneurs. Total Energies, sur les prix des carburants. Pour la compagnie pétrolière, le coût estimé des réductions est de 500 millions d’euros, un montant à relativiser, aux vues des bénéfices colossaux enregistrés et de l’augmentation annoncée de 15% des dividendes.

 

Afin de justifier sa position, le ministre de l’économie, Bruno Lemaire, rappelle son allergie à une augmentation des taxes : « En France, on n’a pas de pétrole, mais on a la fiscalité » a-t-il déclaré, considérant qu’un rabais profite au consommateur, quand une taxe va dans les caisses de l’Etat.

 

Un bien curieux raisonnement : le gouvernement oublie l’équité ! 

 

Non seulement le gouvernement a déjà engagé 25 milliards d’euros pour soutenir la consommation, montant qui vient évidemment du budget de l’État, donc du portefeuille des contribuables. A l’heure où il veut aller vers 3% de déficit public, des recettes nouvelles seraient les bienvenues, sauf à vouloir accroître les réductions de droits en matière de retraite ou de chômage…

 

Alors que le pouvoir d’achat stagne, mettre exceptionnellement à contribution ces géants du Cac 40, dont certains ont bénéficié d’aides de l’État, serait un signal de justice. Indispensable !

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