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03 / 06 / 2021 | 177 vues
Nora Ansell-Salles / Membre
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MFP Services et prévention : une « mue » plutôt bien réussie

Bruno Caron (président de la MGEFI et président de la Mutualité Fonction Publique MFP Services) a bien voulu répondre à nos questions dans un contexte aux évolutions complexes, diversifiées et imprécises, avec toutes ses conséquences, y compris en termes organisationnel.


Compte tenu des évolutions de ces dernières années et du contexte actuel, pouvez-vous nous dire où en est MFP Services aujourd'hui ? Quels sont ses principaux champs d'intervention ?


La « mue » de MFP Services est plutôt bien réussie. L’union est devenue une structure dont l’activité est exclusivement consacrée à la prévention à la destination des assurés sociaux des périmètres ministériels couverts par MFP Services. Des accords-cadres sont signés avec la plupart desdits ministères ; au sein des services de l'administration, ils visent à organiser des actions de prévention de proximité ciblées pour les populations concernées, avec la mise en œuvre partagée entre les administrations et notre union, avec la collaboration des mutuelles.
 

Les actions de prévention sont élaborées avec l’aide d’un comité scientifique propre à MFP Services, pluridisciplinaire et composée de personnalités scientifiques de haut niveau. Nos accès aux données de santé, en tant que délégataire de l’assurance-maladie, permettent de déterminer les besoins en accompagnement de nos usagers et de créer certaines actions spécifiques.


Quels en sont les principaux acteurs ?
 

Comme indiqué, les professionnels de santé du comité scientifique sont les acteurs « pivots » et « sources » de notre activité. Ils permettent de réfléchir et de projeter nos actions de prévention en analysant leur pertinence sur des temps déterminés. Les services médicaux de l’assurance-maladie sont des interlocuteurs de premier niveau sans lesquels nous ne mettrions aucune action en œuvre. Leurs remarques et accords sont des préalables incontournables à toute nouvelle mise en œuvre d’action de prévention. Bien entendu, les secrétariats généraux des ministères sont les structures avec lesquelles nous œuvrons pour atteindre la meilleure couverture possible des agents en activité par un phénomène de proximité, au sein des services. Au-delà du personnel de MFP Services (chefs de projets, analystes, responsables de communication etc.), il convient de souligner l’implication des militants de nos mutuelles membres à nos côtés.


Comment envisagez-vous l'avenir de cette structure ?
 

L’horizon pour notre union est l’année 2022, lors de laquelle nous échangerons avec le directeur général de l’assurance-maladie pour arrêter notre prochaine convention pluriannuelle de gestion (CPG). Ce sera l’occasion de faire un point exhaustif sur le CPG en cours et encore mieux positionner l’acteur de prévention de l’assurance-maladie que nous sommes comme étant l’interlocuteur des ministères et des assurés sociaux fonctionnaires pour le compte et au nom de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM).


Comment est la santé des fonctionnaires ? À quand le prochain baromètre santé des fonctionnaires ?


Avec MFP Services, nous travaillons sur l’étude des consommations de la population que nous gérons pour bien appréhender les besoins en prévention, en cas de spécificités des assurés sociaux du régime général. Par exemple, nous avon  constaté que les fonctionnaires consommaient plus de benzodiazépines que la moyenne nationale. Le recours plus importants aux anxiolytiques et aux somnifères sur des durées parfois longues (voire très longues) est un sujet dont nous nous sommes emparés pour mieux prévenir ce phénomène.
 

Mais nous ne voulons pas nous arrêter à la simple étude de nos données de consommation médicales. Tous les deux ans, nous établissons un baromètre de la santé des fonctionnaires, la notion de « ressenti » vis-à-vis de la santé est également importante et peut apporter des éclairages sur lesdites consommations médicales. Nous verrons comment la santé est ressentie par les fonctionnaires l'automne prochain, lorsque les résultats de ce baromètre « post-covid » paraîtra.



Vous êtes également président de la MGEFI depuis la dernière assemblée générale ; quelle est votre ambition pour cette mutuelle de fonctionnaires ?


Le conseil d’administration de la MGEFI a souhaité me porter à la présidence de la mutuelle en octobre 2020. Par cette investiture une grande responsabilité m’incombe dans un contexte d’évolution importante sur l'environnement immédiat du groupe VYV et de celui de notre champ d’action historique qu’est la fonction publique d’État, avec des perspectives nouvelles pour la protection de la santé complémentaire (PSC) des fonctionnaires.
 

L’ambition d’un président dans ce champ est d’affirmer la légitimité de la MGEFI comme étant encore davantage un acteur complémentaire de santé d’importance dans la fonction publique d’État, historique et référencé sans faille sur son Ministère affinitaire de l’Économie et des Finances. La position de la mutuelle au sein du groupe VY sera réaffirmée comme telle, avec une perspective de champs de développement en accord avec les autres mutuelles du groupe. La recherche constante de la MGEFI est de faire vivre et de sécuriser l’accompagnement et la protection de ses adhérents dans un esprit solidaire et social.


La crise sanitaire a-t-elle affecté les dernières campagnes de mutualisation ?


La crise sanitaire que nous traversons a de multiples effets sur l’organisation des soins et sur la structure de la consommation. Le gouvernement a décidé la prise en charge des soins relatifs au covid à 100 % par l’assurance-maladie. Des prises en charge de certains soins n’ont pu être effectuées et ont été reportées. Aussi, la sous-consommation en régime complémentaire du fait de ces éléments conjugués fait que des effets de rattrapage de soins seront inéluctables. Posséder une complémentaire santé est donc primordial.
 

Or, des actions de confinement et de télétravail ont altéré les contacts entre collègues et ont immanquablement eu des effets délétères en mutualisation. Les chiffres de la campagne 2020 régressent comparés aux années précédentes, des actions « distancielles » sont opérées pour tenter d’atténuer cet effet négatif.


Comment assurer la pérennité de la MGEFI face à la baisse annoncée des recrutements au sein l'administration dans les années à venir ?


Comme précisé ci-avant, cela passe par une confirmation de la MGEFI comme étant un acteur de la complémentaire de santé reconnu par la fonction publique d’État, particulièrement sur son périmètre historique de l’économie, des finances et de l’industrie. Au-delà de ça, de nouvelles orientations de développement devront être prises pour combler les absences de recrutement des fonctionnaires et ainsi équilibrer la population actifs/retraités. C’est le sens du plan stratégique « Magellan » voté par les délégués de la mutuelle lors de l’assemblée générale de mon élection à la présidence.


Dans le contexte de réforme de la protection sociale complémentaire (PSC) des fonctionnaires et les vives interrogations que celle-ci suscite, quels sont vos rapports avec l'administration et les syndicats ?


La réforme PSC des fonctionnaires est un sujet de très grande importance pour les mutuelles de fonctionnaires. Elle déterminera le cadre des futurs appels d’offre de la fonction publique pour proposer des couvertures de santé obligatoires ou optionnelles aux fonctionnaires, selon des schémas restant à définir à l’heure à laquelle je réponds à vos questions. Si le premier réflexe communément partagé a été celui d’apprécier l’aide pécuniaire accordée aux fonctionnaires par l'État, il n’en demeure pas moins que de très nombreuses inconnues existent et pourraient mettre à mal les systèmes solidaires et mutualisés aujourd’hui portés par les mutuelles de fonctionnaires. Pour éviter que cela ne se produise, autant que cela puisse se faire, nous échangeons avec les syndicats de notre ministère et avec les mutuelles membres de la Mutualité Fonction Publique pour parfaire l’encadrement de ce que la PSC serait en préservant les solidarités inter-générationnelles (entre actifs et retraités) et familiales, tout en assurant une couverture de santé et de prévoyance minimale d’un niveau suffisamment correct. Les interlocuteurs naturels des pouvoirs publics sont les syndicats. Nous travaillons ensemble et nous nourrissons l’espoir que le gouvernement entendra les principes solidaires et de couverture de bons niveaux que nous portons depuis toujours.


Quel regard portez-vous sur la gestion de la crise sanitaire ?


Cette crise sanitaire est exceptionnelle dans sa soudaineté, sa portée et sa durée. Son amplitude est énorme, avec plus de 3,5 millions de morts dans le monde à ce jour et un diagnostic encore difficile à poser sur le nombre et la nature des covids longs. Il était difficile d’anticiper une telle pandémie et de déterminer les bons plans médicaux et de sécurisation de la population. Il suffit de regarder les solutions et les divers accompagnements que les pays ont plus ou moins pu mettre en œuvre. Entre ceux qui plaidaient pour l’atteinte naturelle de l’immunité collective et les adeptes du confinement total, les réactions ont été différentes et plus ou moins adaptées aux cultures et autres forces politiques et scientifiques de chaque nation. Il ne s’agit donc pas de qualifier la ou les gestions de tel ou tel pays mais de participer à l’éradication de ce virus en se vaccinant et en facilitant les actions de vaccination, ce que fait MFP Services avec ses administrations.


Vous avez la double casquette de président de MFP Services et de la MGEFI. Quelles sont les mesures prises au sein de ces deux structures pour préserver la santé des collaborateurs et des visiteurs ? Le covid-19 a-t-il touché des élus et des collaborateurs ?


Pour chaque structure et de façon identique, nous avons rapidement instauré le télétravail et tous nos collaborateurs ont été équipés en conséquence. Les consignes sanitaires de distanciation et de comportement ont été appliquées dans les locaux pour ceux qui devaient se rendre sur leur lieu de travail. Aucune atteinte significative de collaborateurs au covid n'a été à déplorer.


Quelles répercussions la crise sanitaire a-t-elle sur l'équilibre nécessaire prestations / cotisations ?


La prise en charge des dépenses de santé relatives au covid par l'État, les effets des confinements et des reports de soins font que les complémentaires de santé ont versé moins de prestations de santé par rapport aux années « normales ». Ceci étant, l’État a décidé de demander aux complémentaires de santé de participer à l’effort sanitaire national en versant 1,5 milliard à l’État par l’instauration d’une taxe covid en 2020 et 2021. Celle-ci pourra éventuellement être révisée (à la hausse) en 2021. L’équilibre P/C est donc affecté à la baisse avec toutefois la compensation de la taxe covid et les effets de rattrapage de consommation médicale envisageable.


Une hausse des cotisations est-elle inévitable ?


Pour les raisons évoquées ci-avant, le covid ne justifie pas de prévoir une augmentation particulière, sauf peut-être pour certains cas particuliers, notamment pour les contrats collectifs qui connaîtraient des difficultés de recouvrement des cotisations dues aux difficultés économiques rencontrées par certaines entreprises. Ceci étant, des augmentations de cotisations raisonnables couvrant la dérive naturelle des dépenses de santé par l’accroissement de la consommation médicale peut être envisageable à hauteur estimée de celle-ci.

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