Les retraités à nouveau dans le collimateur
Ces derniers jours, une petite musique bien connue et régulièrement remise en avant en fonction des circonstances nous est re-servie sous diverses formes (augmentation de la CSG, suppression de l'abattement de 10% pour frais professionnels...entre autres)
Ainsi les retraités sont présentés comme "favorisés" tant par certains ministres , que différents milieux patronaux , économistes, experts ou "sachants" de tous poils estimant qu'il est tout à fait normal de le mettre à contribution.... et de leur faire les poches...comme si c'est ceux qui avaient les poches les plus pleines ?
Alors que les retraités versent déjà une contribution pour financer la perte d'autonomie, les propositions fusent pour mettre davantage à contribution les retraités "les plus aisés"... ou... " les plus favorisés" ... considérant que "le financement de la protection sociale aujourd'hui incombe trop aux entreprises et aux travailleurs"...
Certes, au sein du gouvernement de François Bayrou, tout le monde ne semble pas pressé de mettre ce sujet inflammable sur la table et renvoie la patate chaude aux parlementaires, mais on sent bien que les tentations sont grandes !!... d'autant que certains acteurs comme la Cour des Comptes n'est pas en reste tout comme certains cercles de réflexions comme la Fondation Jaurès qui vient de sortir un rapport qui en remet une couche...avec des conclusions plutôt surprenantes de leur part?
En effet...face à la situation financière dégradée et au regard des défis écologiques, Joceran Gouy-Waz, normalien et agrégé de sciences économiques et sociales, propose dans cette note (*) de l’Observatoire de l’économie de la Fondation "une mise à contribution des retraités les plus favorisés à travers plusieurs mesures qui répondraient aux enjeux de justice sociale, environnementale et d’efficacité économique."
Les auteurs de cette note, considérant que la grande majorité des retraités sont propriétaires de leur résidence principale, proposent un certain nombre de mesures qui concerneraient principalement les retraités qui bénéficient d’une pension supérieure à 2000 euros (3000 euros pour un couple). ( bruts ou nets???)
Quand on voit les rémunérations de certains grands patrons, les dividendes versées aux actionnaires, les retraités ainsi visés étaient loin de penser qu'ils figuraient parmi les plus favorisés, les plus aisés, voire privilégiés...
Concrètement, pour les auteurs de ces réflexions, cette mise à contribution des "retraités aisés" doit passer par quatre séries de mesures, à savoir :
- au niveau discrétionnaire, une sous-indexation des pensions supérieures à 2000 euros en cas de situation financière très dégradée, par exemple, tant que le déficit public est supérieur à 5% du PIB.... ce qui promet !
- au niveau de la fiscalité des revenus, un réalignement de leur fiscalité sur celle des actifs, par la suppression des avantages fiscaux non justifiés dont ils bénéficient ;
- au niveau de l’architecture du système de protection sociale, la création d’un troisième niveau de solidarité entre retraités et personnes dépendantes, pour faire supporter aux premiers une plus grande part des besoins de financement à venir liés à la dépendance ;
- au niveau de la fiscalité du patrimoine, une hausse des droits de succession par un renforcement de leur progressivité, ou à défaut la mise en œuvre de dispositifs incitatifs permettant une meilleure orientation des fonds disponibles vers le financement d’investissements d’avenir.
Chacun appréciera !!!
Mais les responsables politiques devraient prendre garde, car à l'évidence, on ne gouverne pas indéfiniment et impunément en entretenant un tel climat !
(*) Redressement des finances publiques et investissements d’avenir : comment mieux répartir l’effort entre les générations
https://www.jean-jaures.org/publication/redressement-des-finances-publiques-et-investissements-davenir-comment-mieux-repartir-leffort-entre-les-generations/
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Non à la suppression de l’abattement de 10 % pour les retraités
Les organisations de retraités CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR, Ensemble & Solidaires s’insurgent contre les propos du président du MEDEF et de celui du COR qualifiant l’abattement de 10 % dont bénéficient les retraité·es « d’aberrant » et « contre-nature » et demandant sa suppression afin de récupérer 4,5 milliards d’euros par an.
Une fois encore ces messieurs semblent confondre déduction de 10 % sur les revenus salariaux (et non pensions) pour frais professionnels (article 83, 3° du Code Général des Impôts CGI) et abattement de 10 % sur les pensions (article 158, 5-a, alinéas 2 et 3 du CGI) qui n’est pas une niche fiscale mais une mesure d’équité et de justice appliquée depuis 1978 pour tenir compte du fait que seuls les retraités étaient pénalisés par les modifications successives apportées dans le cadre du calcul de l’impôt dont les principaux bénéficiaires étaient les contribuables autres que les retraité·es…
Contrairement aux allégations du Président du MEDEF, cet abattement n’a jamais été appliqué au titre des frais professionnels pour les retraité·es.
Si cet abattement était supprimé cela se traduirait par une perte de pouvoir d’achat considérable pour les retraité·es modestes car les foyers fiscaux au revenu de 3 600 euros mensuels sont limités par le plafond de l’abattement. Cela aboutirait à ce que des dizaines de milliers d’entre eux jusque-là non-imposables, soient dans l’obligation de payer l’impôt.
En revanche, comme par hasard, ces messieurs ferment les yeux sur l’évasion fiscale qui, en France s’élève annuellement à plus de 120 milliards d’euros.
Aussi les organisations CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR, Ensemble & Solidaires ont décidé de s’adresser aux parlementaires pour leur demander de refuser de voter une telle proposition si elle leur était soumise.