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27 / 03 / 2023 | 68 vues
Fabien Brisard / Abonné
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Les nouveaux chemins de la performance en santé

Avec la crise sanitaire, la notion de performance du système de santé a été remise au cœur du débat. Auprès des décideurs, des collectivités, des professionnels de santé, mais aussi des citoyens.


Cette pandémie a, s’il en était encore besoin, mis en lumière la solidarité, l’agilité et la réactivité qui caractérisent notre système de santé. Elle nous a montré que le système français par son universalité, son reste à charge, sa couverture territoriale et son degré technologique, offrait à la population une prise en charge de grande qualité.


Cette crise nous invite toutefois à repenser et élargir les enjeux de performance afin d’en offrir une approche plus globale, dans laquelle la performance économique n’est qu’un point d’entrée parmi l’ensemble des leviers de performance, voire la conséquence d’une performance globale.
 

Alors, plutôt que de considérer que notre système ne serait pas performant, que tout serait à changer, le CRAPS 'Cercle de Recherche et d'Analyse sur la Protection Sociale )  (*) et l’ANAP(**) proposent , dans ce nouvel ouvrage de plus de 300 pages  , à une quarantaine d’acteurs de partager leurs idées innovantes pour améliorer notre système et in fine le rendre encore plus universel, efficace et humain ! (***)

 

Pour Stéphane Pardoux, directeur général de l’ANAP, président du comité d’experts de l’ouvrage :
 

"Le terme de « performance » est aujourd’hui plein de nitroglycérine lorsqu’il est associé à la santé : souvent sensible, toujours embarrassant, voire explosif. Et ce, parce qu’il a longtemps été rapporté aux résultats financiers, à la productivité économique ou à l’équilibre budgétaire.


Durant plusieurs décennies, l’efficience économique a, en effet, été l’une des finalités du système de santé en lien avec l’objectif louable – et ô combien nécessaire – de maîtrise des dépenses publiques. Cette recherche de la productivité a été identifiée comme la cause de bien des difficultés contemporaines du système de santé et, par conséquent, cette notion de performance est aujourd’hui abordée avec beaucoup de réserve et de gravité par les acteurs.

 

Si l’efficience économique est bel et bien une condition sine qua none pour bâtir un système de santé performant à visée universaliste, elle ne peut définitivement plus en être le noyau dur autour duquel s’arriment toutes les autres politiques sanitaires.
 

La stratégie d’attractivité des professionnels, l’usage des technologies numériques, les démarches de développement durable, la qualité des soins, l’optimisation des chaînes logistiques, la modernisation des parcours…

 

Il existe de nouveaux et nombreux leviers d’amélioration pour les établissements de santé qui doivent être intégrés plus massivement et plus intensément à nos actions afin d’amplifier la transformation des organisations qui, seule, garantit l’adéquation du modèle à une demande de soins en explosion.

 

La « performance » est ainsi avant tout un polymère dont l’ensemble des composants tendent vers l’excellence de la prise en charge et des parcours de soins pour un coût maîtrisé.
 


La performance en santé recouvre bien des visages : sanitaire, social, humain, organisationnel, technologique, territorial, environnemental, logistique, immobilier, mais également – et, il ne faut jamais l’oublier dans un système puissamment socialisé et qui doit le rester – économique.

 

Ces facteurs sont alors indissociables et interdépendants  : la stabilité économique ne pourra être atteinte qu’en combinant tous les autres leviers de performance tandis que la pertinence des soins administrés ne peut être évaluée qu’en associant le quantitatif et le qualitatif. 


L’ambition de cet ouvrage est de mettre autour de la table toutes les parties prenantes du système de santé pour nous inviter à repenser cette notion de performance en santé.


Médecins, dirigeants d’établissements, chercheurs, mutualistes, élus, industriels, syndicalistes, institutionnels et associations de patients : 40 acteurs du système de santé ont pris leur plume pour partager leur vision et transcrire leurs recommandations.


La performance en santé n’est ni un gros mot, ni une grossièreté, ni une insulte au système solidaire.
C’est un objectif, une finalité, un idéal vers lequel tendre.
C’est une dynamique d’ensemble qu’il faut insuffler auprès de tous les acteurs d’un système colossal.
C’est une philosophie d’amélioration globale et constante qui tient compte de la complexité des facteurs et des leviers à notre disposition.
 

Le système de santé tout entier doit renouer avec cette idée de performance globale  : c’est le seul moyen de surmonter les transitions auxquelles nous sommes confrontés et de faire converger nos efforts et nos moyens.
 

Face à un système presque centenaire, qui a été pensé et conçu bien avant les récentes transitions démographiques, technologiques et épidémiologiques.
 

Face au vieillissement de la population, à la demande grandissante de soins et à l’explosion des pathologies chroniques.
 

Face à l’évolution des métiers du soin, aux technologies d’IA et à la transformation des pratiques.
 

Face aux virages domiciliaire, inclusif, ambulatoire, numérique, préventif, humain… Nous avons besoin de tous les acteurs alignés vers l’objectif de performance pour arriver au bout d’un chemin qui s’annonce.


A partir des  diverses contributions développées dans cette  publication  il importait d'en tirer tous les enseignements et de dégager  des propositions concrètes...

 

Ainsi, à horizon 2030,  10 chemins de la performance sont mises en avant:

- Simplifier et faire confiance. Notre système de santé est d’une complexité abyssale, à rebours de toute fluidité de parcours. La simplification à tous les échelons et l’allègement des pesanteurs technocratiques, au bénéfice des acteurs de santé comme des patients, sont des préalables à toute recherche de performance, pour renouer avec le sens de l’action. Plus largement, nous ne pouvons pas restreindre la performance à une profusion d’indicateurs en nous cantonnant à une grille de lecture statistique de la santé.

À une approche par le contrôle doit se substituer une approche fondée sur la  confiance a priori et sur les bonnes pratiques de terrain des professionnels et des établissements.

 

-Remettre la prévention au centre des choix stratégiques en proposant des messages personnalisés selon les caractéristiques des populations cibles puisque nous savons que la réception des messages de prévention est bien plus efficace que tout traitement lorsque la pathologie est déjà présente.

 

- Offrir aux professionnels de véritables perspectives d’évolution et de carrière au sein du système de santé en proposant, comme facteur d’attractivité et de fidélisation, des évolutions de carrières basées sur le mérite, l’engagement, les pratiques et la qualification, notamment à travers le recours à la VAE pour les aides-soignantes souhaitant devenir infirmières et l’implantation de la pratique avancée pour les professionnels paramédicaux.

 

-Moderniser la culture managériale à l’hôpital au profit d’un management de la confiance, de la liberté, de l’innovation et de la collaboration. Favoriser les initiatives des équipes sur le terrain et encourager les prises de décisions en circuit court sont des critères clés pour attirer les futures générations et de nouveaux profils.

 

-Réviser la formation des professionnels et rééquilibrer le parcours en créant de véritables écoles supérieures de santé, non seulement dans les métropoles, mais aussi dans des villes moyennes, dans les quartiers et en ruralité. Rééquilibrer le parcours de formation nécessiterait par ailleurs que la durée des formations médicales initiales soit réduite au profit d’une augmentation massive du temps consacré à la formation continue, pour tenir compte de l’accélération du rythme d’évolution des connaissances et des techs.

 

- Mesurer et comparer la qualité des pratiques grâce à une évaluation systématique des actes prodigués aux patients en commençant par les disciplines « dures » : chirurgie, cancérologie, certaines spécialités médicales… là où les résultats peuvent être mesurés et comparés au sein d’un service d’hospitalisation, d’un établissement, d’une région, avec des PROMs et PREMs simples.

 

- Recentrer le soin autour du patient en reconnaissant qu’il est un acteur central à toutes les étapes de sa prise en charge dans un système de soins qui est aujourd’hui largement multi-institutionnel. C’est permettre que le patient apporte et contribue activement à l’amélioration de toute la chaîne du soin. Pour ce faire, des espaces de rencontres où professionnels du soin et patients travaillent ensemble doivent être mis en place. C’est un véritable partenariat qu’il s’agit de créer, autour de l’idée que le patient devient un acteur du service et pas seulement une ressource que l’on mobilise pour tester une idée, un produit, un support…

 

- Repenser le financement du système de santé pour tenir compte de la qualité du soin délivré en passant par un financement mixte, basé sur l’activité mais aussi sur l’analyse du service rendu à la population et aux patients. Cela ne sera pas possible par un forfait global de prise en charge, sous peine de voir la qualité globale délivrée se fondre dans un financement général sans responsabiliser et redonner du sens à chaque acteur.

 

- Renforcer et développer les centres de santé polyvalents notamment dans les zones sous-dotées en professionnels de santé, qu’elles soient urbaines, périurbaines, avec une attention particulière pour les quartiers populaires. Ce modèle présente, en effet, des avantages pour le patient, les praticiens et sur le plan de la maîtrise des dépenses de santé (polyvalence de l’offre de soins, plateau technique d’imagerie, équipes pluridisciplinaires, pratiques collaboratives, partage des tâches, optimisation du temps médical, accessibilité au même endroit des compétences médicales et paramédicales complémentaires…).

 

-Prendre le virage numérique et se saisir de toutes les opportunités offertes par l’IA pour une médecine personnalisée et prédictive avec une adaptation en temps réel des choix stratégiques et thérapeutiques. Le numérique, au-delà d’un outil, est devenu une promesse : gain de temps médical, réduction des irritants du quotidien, amélioration du suivi des patients… Il faut lever les barrières de prise en main et de méfiance et investir massivement dans les outils et technologies d’ores et déjà proposés sur le marché. Se saisir du potentiel du numérique, c’est offrir un système de santé plus performant aux patients, comme aux professionnels

 

....Un ouvrage à lire et faire lire plus que jamais dans le contexte actuel !

 

(*) https://www.thinktankcraps.fr/qui-sommes-nous/

(**) https://anap.fr/s/qui-sommes-nous

(***) Les nouveaux chemins de la performance en santé (thinktankcraps.fr)

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