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14 / 02 / 2023 | 108 vues
Sébastien Crozier / Abonné
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Le référendum : nouvel outil du « dialogue » social ?

Ou, comment des dispositions de mobilité professionnelle chez Orange ont été obtenues sous la menace d'un référendum ?

 

A la demande de la CFE-CGC Orange, la Direction avait accepté d’ouvrir une négociation visant à l’amélioration des conditions de mobilité professionnelle.

 

Alors que toutes les organisations avaient participé aux négociations et que l’accord ne comportait que des avancées pour les personnels, la majorité des organisations syndicales a pour d’obscures raisons, finalement refusé de signer le texte élaboré au fil des séances.

 

La CFE-CGC Orange, signataire de l’accord, a menacé la Direction de le faire valider par référendum pour l’ensemble des 70 000 personnels du Groupe Orange travaillant en France

 

Redoutant probablement la coquette somme que cela aurait représenté, la Direction a préféré émettre une « décision unilatérale » (DU) qui entérine la quasi-totalité des dispositions de l’accord négocié.

 

Si la CFE-CGC Orange se félicite de cette avancée pour les personnels, elle reste inquiète de la piètre qualité du dialogue social et du peu de considération pour les personnels.

 

Il est en effet regrettable,

 

  • que la Direction n'ait émis une DU que sous la menace d’un recours au suffrage populaire.
  • que Le nouveau DRH a imposé une durée d’application frileuse, réduite à un an seulement au lieu de trois comme le prévoyait l’accord.

 

Il ne s’agissait pourtant que de faciliter les passages d’un métier à l’autre, d’une entité à l’autre, d’une géographie à l’autre, d’une ouverture à l’international, et d’ouvrir des perspectives d’évolution, aux personnels enfermés dans les carcans « silotés » que sont les périmètres verrouillés du groupe. La mobilité professionnelle à l’initiative du salarié dans le Groupe Orange, en France et à l’étranger, constitue un enjeu essentiel pour permettre aux personnels, en particulier ceux des filiales, d'y poursuivre leur carrière.

 

Ce n’est pas la première fois malheureusement que la CFE-CGC doit avoir recours à cette pratique pour débloquer une situation.


En effet, chez Orange Business Service où les organisations syndicales s’opposaient majoritairement à la mise en place d’un accord d’intéressement, la CFE-CGC a imposé un référendum et l'a remporté : les personnels d’OBS SA, d’OCD et d’Enovacom ont tous perçu un intéressement en 2022.
 

La CFE-CGC Orange entend à ce qu'un dialogue social constructif permette que l’efficacité opérationnelle prime sur la "logique" de réduction des coûts.
 

L’entreprise est un bien commun qui sans l’engagement de ses personnels n’a que peu de valeur, et dont la performance économique passe par sa performance sociale. Or, les nouveaux dirigeants d’Orange sont totalement insensibles aux difficultés vécues par les personnels, et usent d’arguments fallacieux pour expliquer, par exemple, qu’il leur est impossible de donner davantage aux personnels. Dans le même temps, la rétribution des dirigeants atteint des niveaux indécents révélant une fracture de plus en plus nette et alarmante entre ceux qui travaillent et ceux qui décident sans écouter ni entendre.

 

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