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18 / 11 / 2019 | 237 vues
Steve CURIER / Abonné
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La Confédération autonome du travail a 66 ans

Fondée le 12 novembre 1953, la Confédération autonome du travail (CAT) vient d'avoir 66 ans. Un document d'époque nous rappelle dans quel contexte historique et syndical la création de cette confédération a eu lieu. Il s'agit d'un article paru dans le journal Le Monde le 21 novembre 1953, que nous reproduisons intégralement.
 

La charte de la nouvelle Confédération autonome du travail veut renouveler les traditions d'indépendance du syndicalisme.
 

Lorsque, à la fin de 1947, la rupture entre la C.G.T. et les syndicats regroupés autour de Force ouvrière a été consommée, il s'est trouvé un certain nombre d'organisations, notamment dans les services publics, qui ont refusé de choisir entre les deux centrales et se sont constitué en fédérations ou en syndicats autonomes. Ainsi, elles entendaient pour la plupart réserver l'avenir ; en s'abstenant d'aggraver les divergences, elles manifestaient leur espoir en une future réunification du mouvement syndical. Dans le même souci de ne pas « cristalliser » cette situation, les syndicats autonomes ne cherchaient pas à se regrouper entre eux, se privant ainsi des moyens d'action qu'apporte une organisation confédérale.

 

Six ans après, l'unification syndicale est plus incertaine que jamais ; il est donc normal que ces positions soient révisées. C'est ce qu'a décidé un certain nombre d'organisations autonomes qui se sont rencontrées il y a quelques mois afin de constituer une confédération autonome du travail; il s'agit de la Fédération autonome des fonctionnaires, de la Fédération autonome des P.T.T., de la Fédération autonome des services de santé, du Syndicat autonome de la R.A.T.P. (réseau ferré), de la Fédération des agents de conduite de la S.N.C.F. et de la Fédération des syndicats autonomes, qui regroupe des organisations de métallurgistes, des travailleurs des compagnies de navigation, des banques, des tabacs et des produits chimiques. Ces pourparlers ont donné à chaque organisation l'occasion de réviser ses propres objectifs et, pour ainsi dire, de définir sa « personnalité » syndicale. Les pourparlers ont duré plusieurs mois car les délégués ne voulaient pas s'engager dans une aventure sans lendemain. Ils sont aujourd'hui pratiquement terminés ; une « charte » commune a été rédigée sous la forme de préambule à des statuts qui seront eux-mêmes soumis à un congrès constitutif avant la fin de l'année.

 

La nouvelle confédération ne renonce pas aux espoirs d'unité syndicale des organisations constituantes. Son but n'est pas de créer une nouvelle centrale concurrente, mais de travailler « au regroupement des forces syndicales de notre pays ». Pour cela, elle estime nécessaire de retrouver les anciens principes d'indépendance du syndicalisme, qu'elle estime méconnus par les formations existantes, qui, dit-elle, « loin de défendre les intérêts des travailleurs, sont uniquement préoccupées par le souci de suivre les directives de l'un ou de l'autre des blocs politiques en présence dans notre pays et dans le monde entier ». Au contraire, la Confédération autonome veut rester ouverte à tous les salariés, quelles que soient leurs opinions « et sans qu'un grief quelconque puisse leur être fait de ces opinions ». « Au sein de la C.A.T., aucun parti ou groupement d'affinité quelconque ne pourra s'exprimer officiellement et spécifiquement dans les assises et les manifestations de celle-ci », déclare le préambule aux statuts.

 

Enfin, toujours dans le même souci de retrouver les règles ayant guidé le syndicalisme à son origine, la nouvelle confédération entend lutter non seulement pour les revendications immédiates mais pour l'accession des travailleurs au pouvoir économique. En effet, la classe ouvrière doit « s'acheminer vers une transformation de la société où les travailleurs organisés dans leurs syndicats participeront effectivement à la gestion de l'économie tout entière (production et répartition), conditions d'une véritable démocratie économique, en rejetant toutes formes d'économies à caractère technocratique, bureaucratique et étatique », déclare-t-elle.

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