Organisations
La CG Scop déplore le rejet du projet de reprise de l’entreprise industrielle Sitek
Après 20 mois de redressement judiciaire, le tribunal de commerce du Grand Est a prononcé lundi 24 février la liquidation de l’entreprise Sitek Insulation basée à Wissembourg en Alsace, spécialiste des panneaux isolants depuis 1965.
Parmi les 107 salariés, 65 salariés étaient engagés à la reprise de leur entreprise depuis plus de trois mois. Derrière ces chiffres, autant de familles dont cette nouvelle viendra bouleverser le quotidien, au sein de cette entreprise où la moyenne d’ancienneté se situe autour de 20 ans, dans une région du Grand-Est qui accuse déjà de fortes tensions sur l’emploi.
L’exemple de Sitek est emblématique de l’urgence à sortir de l’impuissance collective pour sauvegarder les emplois et les savoir-faire collectifs, a fortiori industriels. Les chiffres de la désindustrialisation sont au rouge : en 2024, la France a perdu plus d’usines qu’elle n’en a ouvert, phénomène inédit depuis 2015, et cette tendance se poursuit en 2025, avec 20 fermetures d’usines déjà enregistrées en janvier. Sitek sera l’une d’entre elles : des histoires comme celle de cette entreprise, il en existe tous les ans, tout comme des histoires de reprise réussies grâce au modèle coopératif.
Le Mouvement des Scop et des Scic en tire plusieurs enseignements :
- La nécessité d’un véritable portage politique et opérationnel des reprises d’entreprises par les salariés, dont la performance est trop peu reconnue, malgré un taux de survie à 5 ans de 20 points supérieurs à la moyenne de l’ensemble des entreprises
- La nécessité d’instaurer des dispositifs publics adaptés aux délais de ce type d’opérations, dont la réactivité est une clé de succès
- La nécessité d’expérimenter de nouveaux dispositifs audacieux dédiés au financement de la reprise d’entreprises par les salariés.
« La réindustrialisation nécessite une mobilisation générale, et appelle à encourager l’élan des salariés qui veulent entreprendre pour conserver leurs emplois. Le Mouvement coopératif y prendra toute sa part. », explique Fatima Bellaredj, déléguée générale de la CG Scop.
Le Mouvement des Scop et des Scic, aux côtés des salariés depuis l’été dernier, regrette ce dénouement. Le projet de reprise, accompagné par l’Union régionale du Grand Est, reconnue pour son expertise dans la reprise d’entreprises en difficulté, a permis de bâtir un modèle économique viable, de construire un collectif et une équipe dirigeante à même de poursuivre l’activité de l’entreprise. Les salariés ont décidé d’investir leurs droits aux allocations chômage, et ont recueilli le soutien unanime des acteurs locaux : préfet de département, commissaire régionale au redressement productif, DREETS, Région Grand Est, Agence de l’eau, Sodiv... Malgré la mobilisation continue des salariés, l’offre de reprise en Scop n’a pas pu aboutir.
En effet, malgré leur détermination pour boucler le plan de financement, les salariés de Sitek se sont heurtés à plusieurs obstacles : frilosité des banques et accord tardif des partenaires financiers, refus de l’Unédic d’autoriser exceptionnellement le cumul de deux allocations versées par France Travail, difficulté à mobiliser dans des délais contraints les dispositifs publics de financement comme le Fonds de développement économique et social (FDES)... Ces atermoiements ont conduit au découragement du principal client de Sitek, qui s’était pourtant engagé à soutenir l’activité de l’entreprise, actant le déclin du projet de reprise.