C'est le sujet retenu en octobre dernier par l'Association des DRH des Grandes Collectivités Territoriales ( ADRHGCT) (*)  pour sa journée thématique de rentrée...

Malgré des enjeux de transformation à la fois sociaux, climatiques et technologiques, la Formation semble trop souvent déconnectée de la stratégie dont elle est pourtant un levier majeur. Nombre de collectivités constatent, en outre, des taux d’absentéisme importants malgré les efforts des DRH pour diversifier les formats. L’impact des démarches déployées reste incertain alors que les sommes engagées sont conséquentes.

Les collectivités sont-elles prêtes à faire face aux profonds bouleversements dans la manière d’apprendre ?

L’enjeu est central tant pour les agents envers lesquels les collectivités ont une responsabilité sociale à l’heure d’un renouvellement accéléré des compétences, que pour les employeurs en raison des transformations du service public.

L’apprentissage serait-il le nouveau défi des organisations ? Un changement de paradigme s’impose tant pour la DRH qui fonctionne encore trop souvent comme un guichet d’enregistrement de demandes sur catalogue, que pour les agents et les managers qui voient la formation comme un simple produit plutôt qu’un investissement dans leur parcours professionnel.

Les actes du colloque viennent d'être publiés et chacun pourra utilement prendre connaissance des réflexions échangées sur ce sujet d'importance...( les Actes du colloque du 04 octobre 2024.)

En déroulant l’historique de la formation, notamment depuis 1945, Denis Cristol nous engage à faire évoluer nos pratiques pour faire face aux bouleversements de notre environnement.

Développer le désir  des agents pour la formation est notre premier défi pour lutter contre le désengagement au sein de nos collectivités.

Nous devons sortir d’un modèle encore trop prescriptif pour redonner du sens à nos formations.

L’association des agents, et non plus seulement des seuls managers, nous permettra de mieux identifier les besoins des métiers afin de proposer des contenus, parfois personnalisés, adaptés aux attentes. Avec l’implication du management, accompagné par la DRH, nous gagnerons à relier formation et situation de travail en capitalisant notamment sur les expériences formatives des équipes.

Ensuite il nous faut rompre avec l’idée « d’envoyer » les agents en formation ! C’est la formation qui doit venir à eux !

Cela implique de la rendre accessible sur le lieu de travail et dans le temps du travail, en explorant toutes les potentialités des formats distanciels.

Cela suppose toutefois de relever le défi de l’illectronisme afin de permettre à tous nos agents d’acquérir les indispensables connaissances numériques. Et aussi de dépasser l’idée reçue que les métiers techniques ne se prêteraient pas à ces nouveaux formats.

Les enseignements issus de pratiques initiées dans nos campus et académies nous invitent à privilégier des formats plus courts et plus participatifs.

La «  pairagogie  » et les réseaux apprenants s’imposent aussi comme des modalités pertinentes permettant de développer efficacement les compétences.

Enfin, l’irruption de l’intelligence artificielle rebat les cartes et nous plonge dans l’inconnu. Son émergence spectaculaire nécessite de développer en un temps record certaines compétences spécifiques et absolument essentielles.

Il s’agit notamment de la capacité à développer suffisamment de sens critique pour apprécier la qualité des réponses produites par les machines, ou encore la faculté d’interagir efficacement avec elles pour lui poser les bonnes questions (« prompting »).

Développer une culture de l’apprenance dans les collectivités s’impose donc un formidable défi pour tous les DRH.

L’accompagnement de notre opérateur historique qu’est le CNFPT est très attendu.

Nos collectivités devront aussi composer avec des budgets formation de plus en plus contraints, et mener au sein des équipes RH l’accompagnement au changement nécessaire pour faire émerger une offre de formation rénovée.