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06 / 11 / 2024 | 46 vues
Jacky Lesueur / Abonné
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C’est la douche froide pour les 1 254 salariés des sites de Cholet (49) et de Vannes (56)

Le 15 octobre, la colère des syndicats est montée d’un cran à l’occasion d’un CSE-C (comité social et économique central), quand la direction avait  refusé de s’exprimer sur le rapport d’expertise commandité par les représentants du personnel dans le cadre du droit d’alerte déclenché, en juin, sur la situation des trois usines en sous-activité. Celles de Cholet (Maine-et-Loire, 960 salariés), Vannes (Morbihan, 299 salariés) et Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire, 155 salariés), qui fabriquent des produits semi-finis et des pneus.

 

Dans ce contexte,  toutes les organisations participant à l’intersyndicale avaient aussitôt suspendu toute participation à des réunions officielles et non officielles et avaient  saisi directement la présidence du groupe.

 

Ce jour 5 novembre , lors de leurs CSE respectifs, la Direction Michelin des sites de Cholet (49) et de Vannes (56) a effectivement annoncé aux élus que ces deux sites allaient fermer d’ici 2026.

 

C’est la douche froide pour les 1 254 salariés de ces deux sites qui ont appris ce matin la fermeture enfin avouée de leurs deux sites, qu’ils craignaient depuis plusieurs semaines.

 

Les chiffres annoncés par la direction du groupe pour justifier ces fermetures ne laissent présager rien de bon, puisque si la « logique » du groupe est respectée, ce sera d’autres sites qui auront cette épée de Damoclès au-dessus de la tête dans un moyen voire cours terme.

 

Malgré de très bons résultats pour 2023, 3,6 milliards d’euros de résultat opérationnel contre 3,4 milliards en 2022, une année record, les actionnaires de la firme clermontoise n’ont pas d’état d’âme et ont décidé de retirer de leur « tableau de jeu » ces deux pions que sont ces deux sites, laissant ainsi sur le carreau toutes ces travailleurs, ainsi que leur famille, malgré toutes les richesses produites par ceux-ci pendant tant d’années.

 

La Fédéchimie FO, dans un communiqué du jour, apporte tout son soutien aux salariés et leur famille qui vont subir, encore une fois, les choix du capitalisme

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Fermeture de deux usines Michelin : FO craint un bilan pour l’emploi plus lourd qu’affiché officiellement

 

Au motif d’un effondrement des marchés du pneumatique, l’équipementier automobile a annoncé, le 5 novembre, la fermeture au plus tard en 2026 de ses deux usines de Cholet (Maine-et-Loire) et de Vannes (Morbihan), qui emploient au total 1.254 salariés. FO dénonce aussi des choix stratégiques d’entreprise privilégiant les délocalisations vers des pays à bas coût de main d’œuvre, en Europe de l’Est notamment. Le syndicat anticipe un bilan pour l’emploi plus lourd qu’affiché, du fait des conséquences des fermetures annoncées sur l’usine de Joué-lès-Tours (Indre-et-Loire).

 

Grève, blocage et pneus brûlés à l’usine de Cholet (955 salariés, Maine-et-Loire), manifestations devant celle de Vannes (299 salariés, Morbihan) et devant le siège social de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) … Les salariés de l’équipementier automobile Michelin multiplient les actions depuis que celui-ci a annoncé, le 5 novembre, la fermeture totale au plus tard en 2026 de ses deux usines de l’Ouest de la France. Au total, elles emploient 1.254 personnes hors sous-traitance, dans le nettoyage, le gardiennage…, précise Gérald Giraud, coordinateur FO Michelin.

 

Des fermetures enfin avouées, souligne la Fédéchimie FO qui, dans un communiqué, apporte tout son soutien au personnel et aux représentants FO. De fait, dès avril, les représentants du personnel, dont ceux de FO, ont déclenché un droit d’alerte, inquiets de la situation de ces deux usines, ainsi que de celle de Joué-lès-Tours (155 salariés, Indre-et-Loire), qui toutes tournent à 50% de leurs capacités. Mi-octobre, ils ont suspendu toute participation aux réunions officielles et non-officielles avec la DRH, exigeant une réponse motivée de la présidence du groupe sur le rapport d’expertise remis au CSE-C dans le cadre de ce droit d’alerte. Un rapport plus qu’alarmant : il précise que l’usine de Vannes a perdu 40% de sa production entre 2021 et 2025, que celle de Cholet connaîtra la même situation entre 2019 et 2025, que celle de Joué-lès-Tours a vu sa production chuter de plus de moitié depuis 2017. Mais, jusqu’à ce 5 novembre, la direction est restée mutique.

 

Résultats records en 2023

 

Si le site de Joué-lès-Tours a été épargné, ce 5 novembre, il risque pourtant d’être sévèrement impacté. Il travaille à 50% pour l’usine de Cholet. Le bilan pour l’emploi risque d’être plus lourd qu’affiché officiellement par Michelin, estime le coordinateur FO Michelin. Si la logique du groupe est respectée, (…) d’autres sites auront cette épée de Damoclès (de la fermeture totale, ndlr) au-dessus de la tête dans un moyen voire court terme, souligne dans son communiqué la Fédéchimie FO. L’inquiétude est grande notamment sur les sites du Puy-en-Velay (Haute-Loire) et de Troyes (Aube), également touchés par une baisse de production.

 

Car, si l’équipementier motive sa décision par la transformation structurelle des marchés des pneumatiques tourisme-camionnette et poids lourds, ainsi que par la dégradation de la compétitivité de l’Europe, du fait de l’inflation et de la hausse des prix de l’énergie, FO pointe aussi des choix stratégiques d’entreprise qui privilégient les délocalisations vers des pays à bas coût salariaux, en Europe de l’Est notamment. En clair, la surcapacité structurelle des usines de Cholet et de Vannes, mise en avant par l’équipementier pour justifier leur fermeture, résulte aussi d’orientation délibérée.

 

Les résultats de Michelin sont loin d’être en berne : en 2023, le groupe a enregistré 3,6 milliards d’euros de résultat opérationnel, contre 3,4 milliards en 2022. Un record. Son bénéfice net 2023 (1,98 milliard d’euros) était en très léger repli (- 1,3%). Le groupe bénéficie d’aides publiques depuis de nombreuses années – en 2023, il dit avoir perçu 42 millions d’euros au titre du crédit d’impôt-recherche (CIR).

 

Lancement de la procédure PSE le 12 novembre

 

Pour tenter de déminer la colère des salariés face à la radicalité de sa décision, unilatérale et non-concertée, Michelin a déjà dégainé une floppée de mesures et d’engagements : promesse de créer au moins autant d’emplois que ceux supprimés, provisionnement de 330 millions d’euros dans les comptes 2024 au titre du plan social, assurance de solutions-sur-mesure pour accompagner chacun des salariés concernés, dispositifs de pré-retraite, de mobilités interne et externe… Sans succès. L’expérience des revitalisations précédentes montre que les emplois créés n’ont pas profité, forcément, aux anciens salariés Michelin, commente Gérald Giraud, coordinateur FO Michelin, rappelant que l’équipementier a fermé six usines en France en vingt ans.

 

Dans ce contexte, le lancement de la procédure PSE en CSE- central extraordinaire, à partir du 12 novembre prochain, s’annonce particulièrement tendue. Michelin a décidé seul d’une solution extrême pour les usines de Cholet et de Vannes, alors que d’autres possibilités auraient pu exister, appuie Gérald Giraud, coordinateur FO Michelin.