Participatif
ACCÈS PUBLIC
21 / 03 / 2025 | 46 vues
Frédéric Neau / Membre
Articles : 8
Inscrit(e) le 09 / 08 / 2023

Une offensive préoccupante contre les centres de santé

La politique de destruction du système d’accès aux soins et de la Sécurité sociale prend notamment l’aspect de l’offensive menée aujourd’hui contre les centres de santé, éléments essentiels d’accès aux soins et de prévention pour un grand nombre d’assurés et usagers parmi les plus vulnérables.

 

Le transfert programmé des centres de santé aux UGECAM (1)  porte en germe leur disparition car il implique en particulier de soumettre ces derniers aux règles comptables de l’Agence régionale de santé (ARS). Mais avant même que ces dispositions ne prennent effet, la Caisse nationale d’Assurance Maladie (CNAM) engage un « grand ménage » pour des motifs d’« équilibre budgétaire ».

 

Fermetures et licenciements

 

C’est ainsi qu’ont été annoncées la fermeture prochaine du centre de Réaumur dépendant de la CPAM de Paris, et celle de nombreux services du centre de Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris, dépendant de la Caisse régionale d’Ile-de-France (CRAMIF) : radiologie, ophtalmologie, kinésithérapie, dermatologie, endocrinologie, gastro-entérologie… Tout cela devrait disparaître au nom d’impératifs économiques, alors même que le Gouvernement et la CNAM refusent de donner aux centres de santé les moyens nécessaires afin d’assurer leur pérennité !

 

A chaque fois, l’annonce de ces fermetures s’accompagne de plans de licenciements, en particulier de personnels soignants, mais aussi administratifs (PSE(2) à la CRAMIF, plan de licenciement collectif à la CPAM de Paris).

 

Une offensive majeure contre les patients

 

L’attaque est d’autant plus profonde qu’elle cible des structures nécessaires aux populations les plus précaires, celles qui leur permettent d’accéder financièrement aux soins.

 

Ainsi, le centre de santé de Stalingrad dispense des soins en secteur 1, c’est-à-dire sans dépassement d’honoraires et avec la possibilité du tiers payant.

Chaque année, il accueille 30 000 patients pour, au total, 100 000 passages. La fermeture des centres de santé et de leurs services constitue clairement une menace directe pour l’accès aux soins de proximité, notamment dans les zones urbaines assimilables à des déserts médicaux comme c’est le cas pour Paris.

 

Fermer un centre de santé, c’est allonger les distances pour consulter un médecin, c’est les rendre plus difficiles d’accès, d’autant plus pour les personnes âgées, les patients atteints de maladies chroniques et les populations appauvries. C’est accentuer les inégalités en matière de santé dans un contexte où, par ailleurs, ne pas prendre les dispositions nécessaires pour prévenir et soigner signifie aggraver la santé des patients, les contraindre possiblement plus tard à de lourdes interventions, y compris les mettre en danger de mort.

 

La résistance à l’œuvre

 

Cette politique meurtrière forme un tout avec les mesures prises pour détruire l’hôpital et la Sécurité sociale. Face à cela, la résistance s’organise.

Dans un courrier adressé à Thomas Fatome (3) , les Fédérations FO, CGT et CFDT ont ainsi exigé, dès le 12 décembre, « l’abandon de ce projet et le maintien de tous les services des centres de soins de la CPAM de Paris et de la CRAMIF par l’attribution des moyens budgétaires assurant l’équilibre des comptes et par la réalisation d’investissements essentiels et indispensables ».

 

Les actes doivent suivre les propos du ministre !

 

Mais ce combat unitaire pour le maintien des centres de santé parisiens et contre les licenciements va au-delà des organisations syndicales. Il est en cela exemplaire de ce que pourrait être le combat pour la défense de la Sécurité sociale tout entière et des services publics.

Des élus politiques sollicités s’en sont pleinement emparés et c’est aujourd’hui une véritable organisation de défense qui a vu le jour, associant nombre d’usagers, de patients, de professionnels de santé, de citoyens… à travers une pétition qui avait recueilli environ 2 000 signatures fin janvier, de rassemblements importants comme cela a été le cas le 28 janvier devant la CRAMIF, et de réunions publiques comme celle qui a eu lieu le 30 janvier à la mairie du XIXe arrondissement.

 

C’est dans ce contexte que, le 21 janvier, le ministre de la Santé, Yannick Neuder, était interrogé à l’occasion des questions posées au Gouvernement sur ces plans de fermeture et de licenciement collectif.


Sa réponse, aussi surprenante qu’elle ait pu paraître, est claire puisqu’elle indique que, selon lui, l’argument budgétaire ne saurait justifier la fermeture de structures de santé. Il déclarait notamment : « Je peux déjà affirmer qu’on ne ferme pas un centre de soins pour des raisons financières. Il convient plutôt d’accompagner ces centres, en mobilisant éventuellement les collectivités, pour envisager un retour à l’équilibre […].


Comme à l’hôpital, seule l’absence de professionnels peut conduire à fermer un tel centre ». Si cette déclaration a permis, dans un premier temps, de différer la présentation du plan au CSE de la CPAM 75, cela n’a pas été le cas à la CRAMIF et toute la bataille engagée doit encore être gagnée. En écho aux aspirations de tous ceux qui combattent les plans de la CNAM, Force Ouvrière l’affirme : les actes doivent suivre les propos du ministre.


C’est pourquoi il doit annoncer immédiatement le retrait du PSE à la CRAMIF et du plan de licenciement collectif à la CPAM de Pari


Plus que jamais, maintien des centres de santé Stalingrad et Réaumur avec toutes leurs spécialités et leurs personnels ! Maintien et financement de tous les centres de santé !

 

1.) Union pour la gestion des établissements des caisses de l’Assurance Maladie

2.) Plan de sauvegarde de l’emploi

3.) Directeur général de la Caisse nationale de l’Assurance Maladie

---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Extraits de l’intervention du ministre de la Santé, Yannick Neuder, le 21 janvier 2025

 

 « Une de mes priorités en tant que ministre de la Santé et de l’accès aux soins, c’est justement que nous ne fassions plus d’économies sur le dos de la santé des Français […]. Je partage votre analyse sur les acquis du Conseil national de la Résistance, qui ont permis à notre pays de sortir de situations complexes à la fin de la guerre, dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité – nous devrions tous nous en souvenir. Les centres de santé jouent un rôle important en France, et particulièrement en Île-de-France, les déserts médicaux se situant parfois en zone urbaine ou métropolitaine. […]
 

S’agissant des centres que vous citez, je vais analyser les points que vous soulevez avec précision, car les éléments qu’on m’a fournis ne sont pas suffisants pour vous répondre. Je peux déjà affirmer qu’on ne ferme pas un centre de soins pour des raisons financières.

Il convient plutôt d’accompagner ces centres, en mobilisant éventuellement les collectivités, pour envisager un retour à l’équilibre.

Comme à l’hôpital, seule l’absence de professionnels peut conduire à fermer un tel centre ; à l’hôpital, on ne ferme jamais de lits pour des raisons financières, mais parce qu’on manque de professionnels de santé.

C’est pourquoi je souhaite qu’on forme plus de professionnels médicaux et paramédicaux.

Je vais analyser ce dossier en détail afin de vérifier qu’il ne s’agit pas de fermetures liées à un déficit de professionnels de santé. J’ai bien conscience que, quand on ferme un centre de santé de proximité, on éloigne les patients des soins ; c’est pourquoi je souhaiterais une expertise des structures financières. Je reviendrai ensuite vers vous. »

Pas encore de commentaires