« Il faut réhabiliter l'impôt progressif et le consentement à l'impôt » - Olivier Brunelle, FO Finances
Entretien avec Olivier Brunelle, nouveau secrétaire général du syndicat FO des finances publiques, élu lors du dernier congrès national qui réunissait près de 300 délégués.
Le syndicat vient de tenir son congrès national. Les sujets de préoccupations ne manquaient sûrement pas dans le contexte actuel.
Certes, et, au-delà de la mobilisation que les délégués ont tenu à exprimer sur les dossiers généraux, tels que le pouvoir d'achat, la protection sociale, les retraites, les atteintes portées au statut général de la Fonction Publique, les défis à relever sont nombreux au regard de l'ampleur des réformes qui sont mises en œuvre depuis des années et se poursuivent également à la DGFIP à marche forcée, avec une remise en cause permanente des missions de services publics et une dégradation croissante des conditions de vie au travail.
Force est de constater que notre administration vit un paradoxe : alors qu’elle finance toutes les politiques publiques du pays, ses moyens sont toujours plus réduits. Au risque de casser la colonne vertébrale de l’État. À croire que la DGFIP, pour les gouvernements successifs, est un réservoir officiel de suppressions d’emplois !
Pouvez-vous être plus précis sur les conséquences des réformes engagées ces dernières années et celles qui se profilent ?
Notre secteur, qui représente 4 % des emplois de la Fonction Publique de l'État, supporte finalement 98 % des suppressions d’emplois. Pour mémoire, en vingt ans, 40 000 postes ont disparu au fil des réformes avec , entre autres, le détricotage du réseau de proximité, le « tout Internet », les restructurations qui éloignent de plus en plus les usagers des services... et plus récemment, une réforme, par voie d'ordonnance et au pas de charge, du régime de responsabilité des gestionnaires publics qui risque d'avoir de lourdes conséquences sur la gestion des deniers publics...
Bien évidemment, tous ces "détricotages" pèsent lourdement sur les conditions de travail des agents, qui ne maintiennent la qualité de service que par un surcroît d’efforts, sans aucune reconnaissance particulière. Il faut savoir que la somme des congés non pris et des heures écrêtées équivaut au nombre de postes supprimés annuellement. C'est dire !
Alors que des officines privées se tiennent en embuscade, le combat pour les services des finances publiques, pour leurs missions et leurs emplois, est donc plus que jamais d’actualité, et à cet égard, les délégués ont unanimement affiché leur détermination en invitant tous les agents de la DGFIP à retrouver la force du collectif.
Bien évidemment, la justice fiscale , facteur essentiel de la justice sociale a été j'imagine abordée lors de vos travaux et réaffirmée ?
Effectivement, dans la mesure où toute cette déconstruction a des conséquences, entre autres sur le consentement des citoyens à l’impôt, lequel doit être réhabilité. Notre syndicat, avec la Fédération des Finances et la Confédération n'a cessé de réclamer une véritable réforme fiscale passant par, notamment, le renforcement de la progressivité de l’impôt sur le revenu par l’augmentation du nombre de tranches et le maintien de la décote, l'augmentation des aides pour accompagner la transition écologique, un taux zéro de TVA sur les produits de première nécessité et la réduction des taux normal et intermédiaire de TVA, une véritable évaluation de l’efficacité économique des niches fiscales des entreprises notamment en termes de création d’emplois (CIR, CICE...) et suppression des plus inefficaces, la limitation des niches fiscales bénéficiant aux foyers aux revenus les plus élevés comme l’investissement locatif sans impact sur la politique du logement, le maintien du système déclaratif et du quotient familial.
Par ailleurs notre syndicat réaffirme son opposition à toute idée de fusion de l'Impôt sur le revenu et de la CSG qui prolongerait le prélèvement à la source, individualiserait l’impôt et menacerait le financement de la protection sociale par les cotisations, la nécessité d'abroger la flat tax et de taxer les capitaux mobiliers au barème progressif de l’impôt sur le revenu et combattre les inégalités par une fiscalité exceptionnelle sur les plus hauts patrimoines ou un impôt de solidarité sur les ménages les plus aisés et les revenus de la spéculation des plus grandes entreprises et bien évidemment, renforcer les moyens de l’administration fiscale pour lutter efficacement contre la fraude et l’évasion fiscale.
PS : A consulter: Spécial Impôt FO 2022 - Force Ouvrière (force-ouvriere.fr)