Des précaires pour assurer des remplacements à moindres frais à l'école : un pas de plus dans la déréglementation
À la faveur de la crise sanitaire, le ministre Jean-Michel Blanquer a développé une grossière mystification appelée « continuité pédagogique » : cours à distance, suppressions de milliers d’heures de cours, enseignants non remplacés, fermetures de classes, renvoi des élèves chez eux, animateurs sollicités pour remplacer les enseignants etc. Le ministre a lui-même annoncé la fermeture de plus de 8 000 classes cette semaine ! Dans le Val-de-Marne, la DSDEN fait appel à des professeurs retraités pour prendre les classes en charge plutôt que de faire appel aux candidats sur liste complémentaire.
Dans le second degré, après les 1 800 suppressions de postes pour la rentrée 2021, 500 nouvelles suppressions sont annoncées. Dans les services déconcentrés, la situation de pénurie est telle que même le service des paies est touché. Dans l’académie de Paris, certains collègues attendent toujours leur traitement de septembre.
C’est le rôle de l’État que de garantir « l’égal accès de l’enfant et de l’adulte à l’instruction, à la formation professionnelle et à la culture ». Le ministre n’en a cure et son objectif est d'annuellement rendre des dizaines voire des centaines de millions d’euros à Bercy. Il profite donc de la pandémie pour multiplier les dispositifs qui remettent le droit à l’instruction en cause.
Les AED (*) comme moyens de remplacement ?
C’est une mesure du « Grenelle ». En instaurant les heures supplémentaires pour les AED, ces agents pourraient, selon la volonté du ministre, « occuper » les élèves lors des absences de professeurs ou assurer leur surveillance durant une projection vidéo, par exemple, pour la modique somme de 13,11 € de l’heure. Sans le dire, c’est leur donner la responsabilité d’une classe et d’un contenu pédagogique sans la rémunération qui va avec, bien entendu. Une autre façon pour le ministre de faire des économies de masse salariale.
Personne n’est dupe. L’ensemble des organisations syndicales (FO, FSU, UNSA, CFDT, CGT et SNALC) ont voté contre cette mesure au CTM du 9 novembre 2021. Les AED, que leur précarité fragilise, subissent déjà une pression quotidienne pour pallier les manques à tous les niveaux. Ainsi, alternativement et en fonction des moyens du bord, ils sont déjà secrétaires de direction, agents d’accueil, agents d’entretien, CPE etc.
Les AED étaient en grève le 2 décembre pour faire entendre leurs revendications et notre fédération les soutient totalement. Ils réclament l’augmentation des recrutements parce qu’ils ne sont pas assez nombreux pour assurer leurs missions. Ils demandent que l’augmentation des salaires et un vrai statut pour que ces missions soient respectés. Qui le ministre prétend-il tromper ?
Notre organisation syndicale revendique le rétablissement des postes et des classes supprimés, la création de postes à la hauteur des besoins, la revalorisation du point d’indice à hauteur de 21 %, l’abandon de toutes les mesures du Grenelle qui sont autant de remises en cause des garanties statutaires du personnel. Elle exige un vrai statut et un vrai salaire pour les AED et pour les AESH.
(*) Les assistants d’éducation (AED) des lycées et collèges sont l’une des fonctions les plus précaires de l’Éducation nationale. Actuellement, les AED ont des contrats courts, à durée déterminée et renouvelables chaque année dans la limite de six ans et sont payés au SMIC. Les AED peuvent travailler à temps complet et à temps incomplet, en internat ou en externat, parfois les deux à la fois.
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