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09 / 12 / 2021 | 45 vues
Valentin Rodriguez / Abonné
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L'usine Benteler de Migennes ne doit pas être une nouvelle victime de la course à la délocalisation

Le 23 novembre, à l’appel de notre organisation, les 400 salariés du sous-traitant automobile de l’Yonne Benteler ont manifesté avec le soutien de notre Fédération et de l’UD89 pour défendre leur site, dont la fermeture a été annoncée quelques jours plus tôt.

 

Pour Benteler, qui fabrique des structures de voiture et des châssis pour Stellantis, Renault et Volvo, la priorité est clairement à la finance. Le groupe vient de confirmer la fermeture de son site de Migennes, qu’il ne juge pas assez compétitif, et de laisser ses 400 salariés sur le carreau d’ici la fin de l’année 2022. Inacceptable pour les salariés et pour notre organisation, qui ont décidé de se battre pour leur site et leurs emplois.

 

Pour le délégué syndical FO Abderrahmane Nassour, les arguments avancés par la direction ne correspondent pas à la réalité de l’entreprise, qui tourne à plein régime : « on continue de travailler le samedi et le dimanche. Il y a trois entrepôts à Sens qui débordent de près d’un mois de stock, ce qui n'est jamais arrivé chez Benteler. Pourquoi faire autant de stocks ? interroge le métallo FO.Parce qu’il y a certainement un grand PSE qui se prépare, que la direction craint une grève et que ces stocks-là pourraient aider à la neutraliser. »

 

Le rejet de l’offre déposée par Mutares, un potentiel repreneur allemand pourrait d’ailleurs être un signe supplémentaire du désastre imminent. Car si le profil de ce candidat spécialisé dans la reprise de PME industrielles en difficultés (il vient de racheter Lapeyre, spécialiste de l'aménagement, avec la perspective prochaine de suppression d'emplois) inquiétait les salariés, écarter son offre sous prétexte qu’elle manque de garanties au-delà de 2023 n’est pas sérieux : qui croira que Benteler se soucie de l’avenir d’une entité dont elle veut se séparer ? Avec ses 25 000 salariés à travers le monde pour un chiffre d'affaires de 6,3 milliards d'euros en 2020, Benteler ne cache pas qu’il « connaît une restructuration au niveau mondial » et affirme qu’il « n'a pas les moyens de réinvestir dans le site de Migennes ».

 

Il ne fait pas de doute que « le groupe est dans une logique de délocalisation que rien ne justifie sinon des raisons financières ». Il a rappelé que pour notre organisation, qui est intervenue auprès de Bercy sur ce dossier, il fallait au contraire donner la priorité à la localisation et la relocalisation de l’industrie et des emplois sur le territoire français. « Pour parvenir à ce résultat, l’action des pouvoirs publics ne saurait suffire, a-t-il ajouté. Il faut aussi que les donneurs d’ordre de la filière automobile prennent leurs responsabilités pour pérenniser leurs sous-traitants en France. »

 

Benteler risque d'être la nouvelle victime de la course à la délocalisation à laquelle se livre trop d'entreprises en France. Notre organisation syndicale s'élève contre une opération qui ne se justifie pas et fait payer le prix de la crise aux salariés. Pour notre organisation, il est clair que tous les prétextes sont bons pour tenter de justifier ce qui n’est rien d’une autre qu’une délocalisation pour raisons financières, alors pourtant que le site tourne à plein régime, les salariés travaillant même les samedis et dimanches. Face à cette situation, notre organisation rappelle sa revendication de voir maintenus le site et les emplois , son refus de voir une usine viable et rentable être sacrifiée sur l’autel du profit. Pour nous, des solutions doivent être trouvées pour pérenniser la localisation en France de l’activité industrielle, et elle demande à ce que les pouvoirs publics et les donneurs d’ordre industriels prennent leurs responsabilités en ce sens.

 

 

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