La période de pandémie que nous avons traversée a indubitablement et profondément bouleversé les organisations de travail et la manière d'envisager le dialogue social et les relations entre les partenaires sociaux, avec la mise en place et le développement des audio- ou visio-conférences, des réunions d'instances de dialogue « en distanciel », voire d'assemblées générales selon les mêmes procédures.

Certes, on est peu à peu revenu à des réunions davantage en « présentiel » mais on a pu noter que le « distanciel »  restait encore facilement utilisé, permettant d'éviter les contacts directs, de faire quelques économies et de s'exonérer  des « contraintes » habituelles, dans le secteur public ou le privé, menant à de sérieuses interrogations sur les volontés plus ou moins grandes de pérenniser ces pratiques de temps de crise.

La Fondation Jean Jaurès s'est penchée sur le sujet et vient de publier le résultat de ses réflexions (*), lesquelles ne manqueront pas de retenir l'attention.
 

C'est l'occasion pour cette fondation :

• de revenir sur le fonctionnement du dialogue social depuis le confinement de mars 2020,
• de essayer de comprendre comment le dialogue social d’entreprise s’est adapté à ce contexte particulier,
• et d'anticiper les différents enjeux de la numérisation du dialogue social.

À cela s’ajoutent légitimement des questions sur les perceptions que se font les représentants et les directions sur le dialogue social à distance. De nombreuses questions restent en suspens et méritent de donner lieu à une réflexion car elles sont déterminantes dans ce que peut être le « dialogue social de demain ».

Les modalités que le dialogue social a pu prendre pendant la crise sanitaire lui sont spécifiques. Il sera donc nécessaire d’ouvrir une réflexion dans les entreprises pour déterminer la place que le dialogue social numérique va devoir prendre. La qualité du dialogue social numérique repose sur les relations préexistantes.

Qu’en est-il des entreprises dans lesquelles le dialogue social s'est dégradé ?

Le numérique permet plus d’horizontalité au sein de l’organisation. Le numérique et la crise vont-ils favoriser une plus grande horizontalité dans les entreprises et les organisations syndicales ? Le formalisme institutionnel va-t-il perdurer ? Quid du risque de contournement des instances représentatives du personnel et de la démocratie sociale qui peut-être favorisée par le numérique ?

Pour la Fondation Jean Jaurès, la question du collectif est centrale. Comment créer un corps social quand les interactions se font par le numérique ? Quelles formes les luttes sociales peuvent-elles prendre dans un environnement digital ? Quels effets le dialogue social numérique a-t-il sur les inégalités de genre ? Sur la mobilisation des femmes dans le dialogue social ? Quel est l'effet écologique de l’e-dialogue social ? Quel est le potentiel du numérique pour préserver l’environnement ?

(*) Détail de l'étude de la Fondation Jean Jaurès : E-dialogue social : phénomène conjoncturel ou nouvelles pratiques durables ? - Fondation Jean-Jaurès (jean-jaures.org)